Comment articuler la fin du monde et la fin du mois ?

Comment une société peut-elle démocratiquement définir ses priorités ? Comment articuler le court et le long terme ? Comment articuler la fin du monde et la fin du mois ? Comment respecter les limites budgétaires de déficit et avoir des services de santé, de justice ou d’éducation corrects ? Comment assurer la rentabilité des entreprises et permettre aux salariés de donner du sens à leur activité ? De nombreuses autres questions de cette nature pourraient être posées.

Nos générations sont confrontées à des enjeux et des défis tout à fait nouveaux. Certes, nous n’avons pas à supporter une occupation ou une guerre comme les générations de la première moitié du XXe siècle, même si la guerre est aujourd’hui aux frontières de l’Europe. Mais, la question climatique prend une telle ampleur que tous les sujets, qu’ils soient économiques, sociaux, de pouvoir d’achat, de géopolitique, de santé publique, d’aménagement du territoire sont touchés et, les solutions qui peuvent ou non être proposées sont autant d’orientations qui permettent ou non de tenter de traiter simultanément les différents sujets.

L’exemple de l’énergie est très instructif. La crise de l’énergie qui trouve sa source à la fois dans la guerre en Ukraine, dans la politique de l’OPEP n’a jusqu’à présent pas comme conséquence la montée en puissance des énergies renouvelables ou la mise en place d’une politique de sobriété qui serait indispensable. Pourtant, le meilleur moyen de réduire la facture d’électricité de nos concitoyens est de leur permettre d’abord d’économiser dans leur consommation, ensuite de devenir des autoproducteurs et/ou des autoconsommateurs d’énergies renouvelables.

Il n’en demeure pas moins que si l’importation de gaz de schiste, avec ses conséquences environnementales redoutables, est aujourd’hui favorisée pour compenser la réduction d’achat de pétrole et de gaz russe, dans le même temps l’interdiction des moteurs thermiques pour 2035 a été votée au Parlement européen et un certain nombre de constructeurs automobiles ont déjà annoncé l’abandon de ces moteurs pour 2030.

De plus, à la fin du mois de juin, devraient être votées les dispositions du paquet climat énergie repoussées par le Parlement européen comme n’étant pas suffisamment ambitieuses. La création d’un fonds carbone, alimenté par une taxe carbone aux frontières devrait également permettre d’assurer une certaine redistribution de moyens aux populations les plus fragiles pour qu’elles puissent changer leur véhicule automobile, leur mode d’alimentation, leur habitat et ainsi bénéficier de la transition comme un outil de redistribution.

La mise au point de la taxonomie européenne va permettre de mobiliser des fonds considérables pour la quasi-totalité des activités économiques dès lors que celles-ci sont durables, c’est-à-dire s’intègrent à un des six objectifs environnementaux (lutte contre le dérèglement climatique, adaptation au dérèglement climatique, économie circulaire, préservation de la biodiversité, préservation des ressources hydriques et marines, lutte et prévention contre les pollutions et nuisances) et qu’elles ne portent pas atteinte à un des cinq autres.

Cela signifie très clairement qu’il est possible et même souhaitable de concevoir des nouvelles technologies ou des nouvelles activités qui sont rentables et répondent à une demande de sens de plus en plus affirmée, notamment chez les plus jeunes d’entre nous.

Enfin, la baisse des émissions de gaz à effet de serre et de méthane, notamment dans le domaine des transports devraient conduire à une baisse de la pollution atmosphérique et réduire d’autant le nombre de morts par an, soit près de 50 000 seulement pour la France.

La réponse aux défis plus qu’historiques que sont les nôtres n’est pas dans la régression ou dans l’opposition stérile entre croissance ou décroissance. Elle est dans une nouvelle manière d’aborder toutes nos activités pour faire coïncider les différentes préoccupations en ayant soin de ne plus donner la priorité absolue au court terme mais au contraire de privilégier le long terme en intégrant au choix des modalités qui permettent de répondre à d’autres considérations.

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Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement.

16 commentaires

  1. A la veille d’une 3eme guerre mondiale , vous vous préoccupez d’écologie en autres stupidités, vous ne manquez pas d’air…Continuez votre cirque avant tout il faut bien vivre et chacun pour soi,non ?

    1. Si seulement l’écologie pouvait correspondre à un intérêt politique dépassant l’économie de ce qui se passera demain. Dit-on : « Gouverner c’est prévoir ».

      Le monde de demain est déjà écrit aujourd’hui… A-t-on besoin de politique pour cela ? C’est avant-hier que cela a été ébauché… mais les « grandes femmes et hommes » des pays dits industrialisés pourraient s’intéresser à après-demain pour les générations à venir

  2. Cher monsieur
    Je vis en Afrique
    Le changement climatique est déjà en train de faire des ravages
    La sécheresse a fait son apparition en Europe tout comme les inondations causant des glissements de terrain et des centaines de morts
    Une immigration sans précédent est déjà en cours
    Le monde est en train de mourir par la bêtise humaine et vous êtes fier du chacun pour soi.
    A chacun son égoïsme

  3. Malheureusement, je vois que tous les politiques sont à genoux devant les diktats des lobbies du NOM (Nouvel Ordre Mondial) !!.
    Toutes ces “solutions” énergétiques et lutte contre le réchauffement ne sont que des alarmes pour terroriser les populations et pour les soumettre et, ÉVIDEMMENT, POUR ENRICHIR TOUS CES LOBBIES (Soros, Bezos, Gates, Rockefeller, etc, etc, etc.).

  4. Ce genre de commentaire est tellement pathétique… ca donne peu d espoir pour arriver à trouver et implémenter des mesures efficaces de façon démocratique 🙁
    Il faut voir un peu plus loin que le bout de son nez!! On est tellement loin d´être à la hauteur des enjeux climatiques….

  5. Je comprends les enjeux d’une politique de lutte contre le réchauffement climatique. Pour autant, l’Europe n’a pas encore démontré qu’elle avait une approche très cohérente des éléments. Le nucléaire, qui est de loin la source d’énergie la plus propre, devrait être intégré dans la politique énergétique et de lourds investissements devraient être apportés à cette énergie afin de finaliser le projet d’énergie nucléaire de fusion, nucléaire propre.
    Pour cela, l’Europe devrait être forte, libre et claire. Elle prend le chemin inverse, en mettant à sa tête des personnalités aux objectifs douteux (cf. gestion de la pandémie), en prenant une posture pro US qui met en danger notre autonomie de décision (cf. conflit ukrainien).
    Allons plus loin …… le grand pollueur, la Chine, produit pour nous, occidentaux fournisseurs de services uniquement …. de piètres services. Voyons plus large ! Travaillons à une autonomie industrielle propre de l’Europe. Parlons en et arrêtons de nous vendre des éoliennes pour répondre aux enjeux climatiques. ça fait rire la galerie mondiale.

  6. L’écologie n’est pas une question de second ordre. Dans un futur proche c’est pour l’eau qu’ il y aura des guerres. Et par voie de conséquence pour la nourriture. Il faut voir les choses en face….notre survie est en jeu ….la planète est en surchauffe …de plus en plus de monde et de moins en moins de ressources….alors non l’écologie n’est pas une question de second ordre.

  7. Merci pour cet article qui focusse sur le point essentiel de retrouver une notion de symbiose avec la nature à travers un respect écologique tout en gardant un espoir d’évolution positive au niveau de l’humain.

  8. Eric de Bayser dit :

    1. Robinson, nous ne sommes pas « à la veille d’une troisième guerre mondiale » car elle serait nucléaire et exterminerait l’ESPÈCE HUMAINE.
    2. Le souci écologique doit être LA PRIORITÉ N0 1 des préoccupations de notre espèce si elle veut survivre.
    3. La stupidité est l’apanage des individus de cette espèce qui ne comprennent pas cela.
    4. Couchez-vous plus tôt car la fatigue rend les veilleurs confus et agressifs

  9. Madame,écrivez votre texte en un français simple et clair pour beaucoup de personnes qui ne pourront pas comprendre votre message.
    Je crois que nous devons nous inquiéter sur beaucoup de choses,mais les plus importantes ne sont guère présentes dans vos écrits…

  10. Un nombre de plus en plus important de scientifiques prévoit un effondrement total ou partiel de notre civilisation à cause du changement climatique (et de ces conséquences indirectes, famines, crises migratoires, catastrophes climatiques quasi quotidiennes), et cela dans un avenir très proche pour certaines prédictions (certains parlent même de 10-15 ans), donc cela me semble être une préoccupation relativement importante…

  11. On est envahi de messages crétins sur l’écologie et le changement climatique lesquels sont générés par ces gouvernements successifs. Une fois de plus la population française a le cerveau lavé pour lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Pauvre France !

  12. Chere Madame, Vos reflexions sont pertinentes, on peut y ajouter comment prendre des decisions a long terme dans un systeme democratique qui ne recueille plus que l’avis de moins de la moitier des francais?

  13. Merci Mme Lepage encore une fois, vous prouvez votre engagement visionnaire, Effectivement ce que vous décrivez est réelle et où certains niais pensent qu’à leur sacro-pouvoir d’achat, d’autres comme vous se battent depuis des années pour éveiller les consciences. Une planète fiable pour les générations futures ne survivra que si d’autres personnalité comme vous nous élèvent, merci encore.

  14. Madame,
    Merci pour ce texte qui fait écho à un très bon papier dans Time Magazine du 25 mai (« The Cold Truth » issue) concluant que la crise climatique, plus que la crise politique ou la guerre en Ukraine, est probablement celle qui porte en elle le plus d’espoir pour un nouvelle collaboration entre les nations et le peuples. La question écologique est l’enjeu primordial du 21ème siècle. Elle transcende les frontières de la même manière que la fonte des glaces en arctique et antarctique va complètement restructurer le climat mondial. Votre difficulté (et la nôtre, par extension) est de traduire l’imminence et la portée du danger dans le quotidien des gens qui ne comprennent pas la portée d’un geste en apparence anodin, et encore moins les compromis qu’un parti ou un OMG sont obligés de concédés pour ne pas se heurter aux habitudes des gens. Dans ce même article, l’auteur (Ian Bremmer) explique comment l’Europe est devenu le leader et le moteur en la matière.
    Dans ce combat tout autant structurel que générationnel, il est bon de se rappeler que ce sont les pionniers et les progressistes qui font avancer le monde.

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