La question du pouvoir d’achat a surgi au cœur de la campagne électorale française. Alors que les débats ont été longtemps consacrés à l’identité de notre pays, aux problèmes de sécurité et d’immigration clandestine, c’est un sujet économique, très terre à terre, qui est la première préoccupation des Français. Il y a une certaine logique à cela.
D’abord, comme à chaque fois en sortie de crise, la fin annoncée de la pandémie dans sa phase la plus dure conduit nombre de Français, notamment ceux qui ont travaillé en première ligne dans les services, à demander une compensation de leurs efforts. Les revendications pour des augmentations de salaires pleuvent. Elles sont d’ailleurs comprises par tous les responsables politiques, y compris à droite – c’est assez rare pour être souligné.
Ensuite, la flambée des prix de l’énergie fait croître considérablement les dépenses contraintes des ménages les plus modestes : chauffage des logements, carburants des automobiles. Cette flambée est due à la très forte reprise de l’activité en Asie, où la demande en pétrole et gaz a désorganisé les marchés.
Enfin, le retour d’un risque d’inflation, déjà perceptible en Europe, inquiète. Les dirigeants des banques centrales se veulent rassurants. A la tête de la BCE, Christine Lagarde affirme : « Si on agit brutalement maintenant face à une inflation qui sera passagère, on fera beaucoup plus de mal à l’économie qu’on ne fera de bien ». Tous les candidats, déclarés ou présumés, à la présidentielle observent ce débat sur le pouvoir d’achat avec grande attention. Tous ont en tête le mouvement des Gilets jaunes, né d’une augmentation des taxes sur les carburants par souci écologique. On connaît la suite et le caractère irrationnel qu’a pris cette explosion de colère.
Sans surprise, à gauche, le sujet est mis en avant sous des formes différentes. Chacun veut s’attaquer au smic : 125 € d’augmentation pour Yannick Jadot, 15 % supplémentaires pour Anne Hidalgo, un seuil fixé à 1 400 euros nets par mois du côté de Jean-Luc Mélenchon, un accès à l’emploi et à la formation pour tous selon le communiste Fabien Roussel.
A droite, Valérie Pécresse a plaidé en faveur d’une augmentation des salaires de 10 % jusqu’à 3000 euros, d’une défiscalisation des heures supplémentaires et d’une conversion des RTT en salaire. Elle défend un « choc de pouvoir d’achat ». Si Éric Zemmour n’en a pas fait une priorité jusqu’à présent, Marine Le Pen souhaite baisser la TVA sur l’énergie et faciliter l’augmentation des salaires dans les entreprises…Sans trop tarder, Emmanuel Macron devrait, lui aussi, faire connaître ses intentions, une fois rendue publique la candidature à sa réélection.
L’équipe de l’ASFE