La France vit-elle une crise de défiance ?

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Depuis quatorze mois, la France vit au ralenti en raison de la crise sanitaire. Sous confinement total ou partiel, la population est empêchée de sortir, de travailler, d’étudier, de se distraire normalement. Le calme règne dans les rues des villes et des villages.

Pourtant, cette « assignation à résidence » n’a pas calmé les esprits. Au contraire. Les violences qui ont éclaté, cette année, à l’occasion du traditionnel défilé du 1er mai montrent qu’une tension certaine existe dans la société. 

A l’arrivée de la manifestation parisienne, place de la Nation, en fin de journée, des militants CGT ont été victimes d’agressions commises par un groupe d’individus dont certains se revendiquaient du mouvement des Gilets jaunes. 21 personnes ont été blessées dont quatre gravement.

« En 20 ans de syndicalisme, je n’ai jamais connu une situation pareille », témoignait un syndicaliste. Il n’est pas si fréquent qu’un syndicat soit visé ! Sans doute-est-ce là le signe que les institutions traditionnelles de la société, autour desquelles s’organisait naguère le débat, ne représentent plus grand-chose aux yeux de beaucoup. Ni les partis politiques ni les syndicats n’arrivent à mobiliser et à être entendus.

Comme le souligne le politologue Jérôme Fourquet, il y a une « archipélisation » de la France : les fractures sont de plus en plus béantes, les jalousies de plus en plus profondes entre communautés et entre individus qu’aucune digue n’arrive à contenir la violence des propos ou des actes.

Résultat : les syndicats, déjà peu représentatifs en effectifs dans notre pays, sont de plus en plus faibles ; quant aux partis politiques, ils ont bien du mal à survivre électoralement, à droite comme à gauche.

L’irruption du mouvement des Gilets jaunes, à la fin de l’année 2019, est sans doute la manifestation la plus sérieuse de cette « décomposition française ». Un mouvement qui, lui-même, n’est jamais parvenu à se structurer tant les causes défendues par ses protagonistes étaient et restent diffuses et qui s’est prolongé avec une virulence parfois extrême.

L’époque vit une crise d’autorité, de défiance, qui affecte tous les étages de la société. A l’école, les enseignants ne sont plus respectés ; sur la voie publique, tous ceux qui portent un uniforme – policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, agents des services publics – sont quotidiennement pris à partie ; dans les urnes, l’abstention, qui fait jeu égal avec la participation, est l’expression d’un rejet de ceux qui souhaitent organiser la vie de la cité

Bref, les symboles de l’Etat républicain sont malmenés. Et la France n’est pas une exception dans cette remise en question. La libération de la parole, via le développement des réseaux sociaux, qui sont aussi des outils de ralliement, n’est pas étrangère à ce phénomène aussi dangereux qu’inquiétant pour l’équilibre des démocraties

L’équipe de l’ASFE

3 commentaires

  1. Vous faites partie de ce qui a installé la défiance citoyenne à l’égard des institutions. Des institutions dévoyées au service exclusif d’une clique dirigeante qui depuis trois décennies s’est vendue à la finance et aux prétendues lois du marché. Je ne veux plus recevoir votre bulletin.

  2. Cet expatrie depuis 1964 pense qu’un probleme fondamental provient de l’education qui a elimine l’education civique. et morale et du culte de la personnalite de nos politiques. On constate des progres dans la bonne direction, mais remonter la pente va prendre beaucoup de temps

  3. Nombreux sont les citoyens partageant le diagnostic décrit dans votre article. Faire un inventaire, un état des lieux est une chose ; trouver les bons remèdes et pouvoir les administrer en est une autre. Un des problèmes de notre pays tient au fait que chacun a son idée sur « comment résoudre » une difficulté mais que ce même chacun s’empresse de vouloir déléguer la réalisation de la solution sur tous les autres, sur l’état, sur un nous collectif anonyme lointain. Or l’état, à la fin, c’est chacun de nous. Nos plaintes, demandes et revendications finissent toutes par une augmentation des prélèvements sociaux, fiscaux et autres. Quand le taux global des prélèvements dépasse le supportable et que la population est trop apprauvi, les digues sautent. Il ne faut donc pas nécessairement plus d’état, mais il faut des citoyens plus décidés à prendre leur destin en main, à relever les manches et les défis économiques ou sociaux. Il faut des citoyens qui n’attendent pas tout de l’état et il faut enfin un état stratège mieux organisé.
    Je rajouterai que la politique de l’autruche consistant à mettre la tête dans le sable pour ne pas voir les dangers qui la menace mène à une catastrophe certaine.
    La fuite n’est pas non plus une solution.

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