Martine Schoeppner

Conseiller consulaire de la 3eme circonscription d’Allemagne
( Munich Stuttgart), Conseiller AFE, Vice-présidente de l’Assemblée des Français de l’Etranger.

C’est fin 1971 que Martine Schoeppner quitte son Auvergne natale

pour l’Allemagne suite à l’expatriation de son père. A peine arrivée, elle rencontre celui qui deviendra son mari et s’installe, d’abord en Sarre puis dans le Palatinat,

avant d’arriver dans le Bade Wurtemberg, à Karlsruhe, en 1985. Elle vit depuis 2008 dans le nord de la Forêt Noire.

Parallèlement, au gré des déménagements, elle s’investit dans de nombreuses associations : sociétés d’histoire (parfois inattendues comme celle de recherche en fortifications), associations franco-allemandes, etc. Depuis 1990, elle préside la plus ancienne représentation UFE d’Allemagne, a fondé une bibliothèque française à Karlsruhe et son annexe (devenue indépendante) à Speyer.

Martine a également participé à la mise en place de plusieurs groupes FLAM depuis 2003.

Docteur ès lettres, elle a tout d’abord fait des études d’histoire, de sociologie mais aussi de psychologie. Son doctorat en poche, elle se lance dans des études de droit, en particulier franco-allemand.

Européenne convaincue, elle devient membre de l’Europa Union dès le début des années 80. Elle est membre du CA de la Maison de l’Europe du Bade Wurtemberg et membre du Centre européen des consommateurs. Sur le plan politique, elle intègre d’abord le parti républicain (UDF) qui devient ensuite Démocratie libérale, où elle entre au Bureau politique. En 2002, c’est tout naturellement qu’elle passe à ce qui deviendra ensuite l’UMP (membre du conseil national), avant de rejoindre l’UDI en 2014. En Allemagne, Martine s’engage au début des années 80 à la CDU, au sein de laquelle elle sera déléguée au Bundesparteitag, puis candidate aux Européennes en 1999.

Son engagement auprès des Français de l’étranger remonte à 1988, lorsque le sénateur Jean Barras lui propose de figurer sur une liste UFE. En 1991, suite à un nouveau découpage des circonscriptions en Allemagne, elle figure sur la liste des Forces Françaises. En 1994, à l’initiative du sénateur Xavier de Villepin, elle est seconde sur la liste UFE qui fait trois sièges. Elle sera réélue en 2000 et en 2006 sur sa propre liste, sans étiquette politique, comme en 2014 lors des élections consulaires.
Au sein du CSFE puis de l’AFE, elle a tenu successivement divers rôles. Vice-présidente (2000- 2006) puis rapporteur général de la commission des lois et règlements (2006-2014), elle a siégé dans diverses commissions temporaires (femmes à l’étranger, formation professionnelle, anciens combattants, Europe, etc.) ainsi qu’au sein du comité de suivi du vote internet.

Elle a également assuré le mandat de membre du conseil départemental de l’accès au droit (2006-2014).

Martine siège donc depuis 23 ans sans discontinuer au CSFE et à l’AFE, dont elle est aujourd’hui vice-présidente. Elle siège toujours à la commission des lois et est membre du Conseil National de l’Aide juridique ainsi que du Bureau de vote éléctronique.

Pourquoi vous êtes-vous engagée dans les élections consulaires?

C’est après une longue réflexion que je me suis présentée à nouveau, après la réforme, aux élections consulaires, avec bien entendu les mêmes motivations que lors de mes mandats précédents : faire entendre la voix de mes compatriotes, leur servir de relais et contribuer – avec nos faibles moyens – à faire avancer les dossiers. Pour ce quatrième mandat, j’ai aussi souhaité transmettre à mes nouveaux collègues, en particulier au sein de l’AFE nouvelle formule, l’expérience acquise au cours de mes mandats précédents.

Quel regard portez-vous sur la réforme de la représentation des français de l’étranger de 2013?

Elle a répondu à toutes nos attentes… malheureusement ! La précédente commission des lois avait pourtant souligné les problèmes que ne manquerait pas de soulever une telle réforme.

L’augmentation du collège électoral des sénateurs établis hors de France était une nécessité. Mais nous avions proposé des solutions beaucoup plus simples d’y parvenir. Au bout
du compte, à peine élus, les nouveaux conseillers et délégués doivent participer aux sénatoriales, pour beaucoup d’entre eux sans avoir eu de réel contact avec les sénateurs et candidats. Ce schéma se reproduira tous les 6 ans, et touchera, d’ailleurs, toujours les mêmes renouvellements, aboutissant à une situation où l’on aura des candidats en perpétuelle campagne.

Le but annoncé de cette réforme était la « proximité », mais cela peut vouloir tout ou
rien dire. Si l’évolution des communautés rendait nécessaire une adaptation de certaines circonscriptions, cela aurait pu se faire facilement. On a préferé procéder à des découpages et instituer une clé de répartition arbitraires. Au final, cette proximité se limite dans la plupart des circonscriptions à la proximité géographique des élus avec le poste (la grande majorité d’entre eux résident effectivement dans la ville du poste, y compris là où le nombre d’élus a doublé ou triplé). Là où ce n’est pas le cas, les élus sont en difficulté car ils n’ont pas les moyens de se rendre au poste, hormis pour les réunions programmées dont ils ont rarement la maitrise de l’ordre du jour.

Dans ma circonscription (inchangée au niveau du nombre d’élus ou de géographie ; la représentation géographique de la communauté est inversée). Là où nous avions 4 élus pour la communauté la plus importante (Bade Wurtemberg) et 2 en Bavière, c’est aujourd’hui le contraire.

La représentativité est totalement déséquilibrée et va d’un élu pour 14.000 électeurs á 1 élu pour 900 (Londres et Croatie par exemple !), voire de 1/14.000 à 1/1.800 dans un même pays (les 2 circonscriptions de Grande-Bretagne). Cela en dit long sur les calculs politiques qui ont présidé à cette réforme. En tout cas, l’objectif affiché de proximité n’est souvent pas au rendez- vous.

De plus, les élus éloignés des postes n’ont plus les moyens d’exercer leur mandat. Je suis moi-même à 300 km du poste compétent et à 800 km de l’Ambassade. Ainsi, les élus de nombreuses circonscriptions n’ont plus de contacts ni avec l’ambassade ni avec Paris et le ministère, puisqu’ils ne sont plus à l’AFE.

La nature même des conseillers a profondément changé, en particulier au sein de l’AFE. Avant la réforme, la quasi-totalité des élus étaient de longue date des élus de terrain, résidant et investis dans le monde associatif de leur pays depuis de longues années. Aujourd’hui, la politisation à outrance de ces élections, en particulier à l’AFE, font que nombre d’élus sont issus des partis. Les motivations ont changé.

Nous avions dénoncées toutes les conséquences négatives de la réforme. La façon dont les conseillers consulaires sont traités dans certaines circonscriptions l’illustre tout à fait. Les termes même de conseiller et délégué consulaire prêtent à confusion. Il faudrait revoir le découpage, la répartition et repenser le scrutin indirect pour l’AFE.

Et plus spécifiquement, que pensez-vous de l’AFE « nouvelle formule »?

Un renouvellement doit apporter de nouveaux visages, de nouvelles personnalités et de nouvelles idées. C’est donc en principe une évolution. En principe… Malgré beaucoup d’engagement, beaucoup de travail, je constate que l’on reprend souvent ce qui a déjà été fait, on ignore les acquis, pourtant nombreux. La réduction à deux sessions plus courtes ne contribue pas non plus à une véritable efficacité, d’autant que le bureau est empêché par les choix du règlement intérieur d’agir efficacement en intersession bien que la loi ait prévu cette possibilité. Mais soyons optimistes, sans doute est-ce dû à une mise en place nécessaire… Les parlementaires ont été exclus de la nouvelle AFE pour réduire la politisation or, on remarque que celle-ci est beaucoup plus forte qu’autrefois et est constante. Le poids des groupes est beaucoup plus important et cela freine l’expression des élus. La parole ne me semble plus aussi libre qu’avant.

Une assemblée souveraine : certes beaucoup souhaitaient un président élu en son sein et la suppression des parlementaires, je n’en faisais pas partie. Vice-présidente depuis la réforme, je crois pouvoir dire que cette « souveraineté » ne nous a rien apporté. Le bureau exécutif