Le Covid-19 continue de sévir sur la scène internationale. Des milliards de personnes sont maintenant confinées chez elles afin d’endiguer au maximum l’épidémie.
L’ASFE a souhaité interroger un dirigeant opérationnel, retraité de la plus grande entreprise pharmaceutique française et conseil dans le secteur de la santé, sur différentes questions quant aux vaccins et à leur fabrication.
Il n’existe à ce jour aucun traitement pour soigner la maladie Covid-19 provoquée par le virus Sars-Cov-2. Comment l’expliquer ?
On ne peut pas dire qu’il n’existe aucun traitement, il y a, dans différents laboratoires pharmaceutiques, des antiviraux, en particulier ceux utilisés pour le HIV, exploités ou en R&D : Remdesivir, Kalitra, Favipiravir et le désormais fameux Plaquenil ( Hydroxychloroquine ). Ce sont des pistes et potentiellement des traitements contre le Covid19 .
Ils font l’objet d’une large étude clinique multicentrique en cours (dont 800 patients en France) afin d’identifier le ou les plus efficaces avec la meilleure « safety ». Les résultats intermédiaires seront annoncés rapidement, on croise les doigts. Il est difficile d’avoir un médicament spécifique pour cette pathologie, ce virus étant diffèrent des épidémies précédentes (même si c’est souvent la même famille des coronavirus) : H1N1 , grippe aviaire ou la grippe classique (qui change de souche tous les ans) , ils pourront s’associer entre eux ou avec un antibiotique comme c’est déjà le cas aujourd’hui pour HXC et macrolide (antibio).
Combien de temps faut-il entre la découverte d’un vaccin et la possibilité de le mettre massivement en circulation ?
Autour de 18 mois de la recherche à la mise au marché, avec des étapes difficilement compressibles (R&D, études cliniques, autorisation de mise sur le marché, production – 6mois -, logistique et distribution). La capacité de production n’est pas à l’infini (environ 1/3 de la population mondiale). Le choix des premiers patients et pays posera des problèmes éthiques pour ne pas dire politiques.
Existe-t-il des particularités dans la production d’un vaccin par rapport à un médicament lambda ? Quelles sont les étapes de production pour un laboratoire pharmaceutique ?
Totalement diffèrent, sachant que cela l’est déjà au sein même des produits pharmaceutiques entre les différents formes : solides, biotech, injectables… Pour un vaccin, il faut d’abord développer un antigène (à partir du virus lui même) pour renforcer le système immunitaire. Cela est complexe, même si les précédents vaccins font gagner du temps. Pour la production, il faut créer une banque de germes puis des millions d’oeufs pour faire « germer ». Une nouvelle technique dite de culture cellulaire via des bioréacteurs permettant de gagner un peu de temps et surtout en efficacité du vaccin. Pour information une usine de vaccins représente un investissement compris entre 250 et 500M€.
Dans ce contexte de crise, de nombreuses rumeurs et théories circulent sur le rôle de l’industrie pharmaceutique. Que pensez-vous de celle consistant à dire que la chloroquine n’est pas acceptée comme traitement car c’est un médicament peu cher à produire, qui rapporteraient bien moins à l’industrie pharmaceutique que la découverte d’un vaccin ?
Cela relève du lieu commun digne du café du commerce par des personnes qui ne connaissent pas cette industrie… Tout d abord la HXC est un traitement pour soigner, le vaccin est pour prévenir. L’un est disponible, génériqué , facile à fabriquer ( il l’est déjà par d’autres laboratoires diffèrent de l’ordinateur ) avec un prix bas. L’autre le sera à moyen-terme, très complexe à fabriquer et à produire.
Les indications enregistrées et approuvées de HCX ne sont pas celles d’un antiviral, c’est un antipaludique et un traitement pour le lupus et l’arthrite rhumatoidale. La chloroquine est d’ores et déjà utilisée et autorisée même si c’est hors indication de base en raison de l’urgence et de l’expérience existante de la molécule (faite par le Pr Raoult) mais c’est assorti de conditions strictes d’usage (électrocardiogramme, spécialistes ,etc.).
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Les moyens mis en œuvre aujourd’hui par les scientifiques, virologues, infectiologues, centres de R&D privés et publics sont énormes. Je suis personnellement confiant, quelqu’un ou quelques uns vont trouver mais c’est une course contre la montre pour limiter les « dégâts ». La discipline, la patience et l optimisme des personnes confinées sont indispensables ainsi que le dévouement absolu et actuel des personnels soignants.
Pourquoi le traitement préconisé par le professeur Raoult et qui est appliqué dès les premiers symptômes de l’infection, n’est pas mis en pratique alors qu’il a eu des résultats probants puisque sur 1000 patients traités, un seul est décédé.