Le jeudi 4 avril 2019, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a officiellement fêté ses 70 ans. La discrète célébration sur deux jours a réuni des représentants de ses 29 Etats membres à Washington. En outre, un an plus tôt, l’organisation inaugurait son siège flambant neuf à Bruxelles. Si elle continue d’attirer, l’OTAN est également décriée, suscitant des doutes quant à son avenir.
L’OTAN attire toujours à l’Est et dans les Balkans
L’organisation a connu 4 vagues d’élargissement ces vingt dernières années, incluant d’abord les pays d’Europe centrale et orientale (Pologne, Hongrie, Estonie, Bulgarie, …) entre 1999 et 2004 puis 3 pays des Balkans, l’Albanie et la Croatie en 2009 et le Montenegro en 2017. D’autres pays de la zone sont officiellement candidats : Macédoine du Nord, Géorgie, Bosnie Herzégovine et Ukraine. Cette attractivité conservée peut s’expliquer par la nécessité de ces pays de trouver des alliances fortes face à la pression russe et à leurs faibles capacités de défense individuelles.
Des divergences entre Etats membres
Malgré un nombre d’Etats membres croissant, l’alliance est remise en question par des tensions entre ses Etats membres, marquant des divergences de point de vue qui ont empoisonné les relations.
D’une part, le président états-unien Donald Trump a décrit l’OTAN comme un frein à la politique des Etats-Unis et accusé ses états membres de se reposer sur les capacités de défense américaines. Il demande ainsi un effort plus conséquent aux alliés européens : porter leur dépense en matière de défense à 2% du PIB.
D’autre part, Emmanuel Macron a énoncé son souhait d’avancer sur la création d’une vraie défense et armée européenne « pour ne plus dépendre des Etats-Unis », tandis que l’Allemagne d’Angela Merkel a exprimé de vives critiques à l’égard de la politique des Etats Unis sous Donald Trump.
Enfin, la Turquie, membre de l’Alliance atlantique depuis 1952, entretient une relation particulièrement tendue avec les Etats-Unis et a acquis un système de défense russe, entraînant ainsi la suspension de la livraison des avions de chasse F-35 américains. En outre, les tensions entre les deux pays se poursuivent depuis deux ans sur plusieurs fronts.
La persistance de la menace russe
Si l’OTAN avait perdu de son attrait après la fin de la guerre froide et la dissolution de l’URSS, le regain de la pression et de l’influence du Kremlin ces dernières, avec le conflit en Géorgie ou encore le soutien aux séparatistes en Ukraine et l’annexion de la Crimée, a conduit à une forte dépendance des pays de l’est européen (pays baltes, Finlande, Pologne) des capacités défensives de l’OTAN et des Etats-Unis. L’alliance reste néanmoins en retrait par rapport à son activité des années 90, où elle était très présente dans le contexte de la guerre en Yougoslavie. Ainsi, l’OTAN n’a pas été le cadre retenu pour l’intervention au Syrie et est restée globalement très discrète dans le contexte des Printemps arabes.
Quid du rôle de la France dans l’OTAN?
Si la France est un des pays fondateurs de l’OTAN, elle s’était retirée de son commandement armé en 1966, sous l’impulsion du Général de Gaulle. Ce dernier contestait le mode de fonctionnement de l’alliance et la prépondérance des Etats-Unis au sein de celle-ci. Avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, les positions se rapprochent et la France réintègre le commandement armé de l’alliance en 2009.
Si l’OTAN est contestée de l’intérieur, son rôle reste d’actualité face à la persistance de la pression russe et à l’émergence de nouvelles menaces comme le terrorisme, ouvrant d’autres perspectives de collaboration entre ses Etats membres.
Le discours d’Emmanuel Macron sur la défense européenne laisse planer le doute sur les intentions française à l’égard de l’OTAN. Se dirige-t-on vers une Alliance atlantique plus équilibrée, avec une Europe au poids grandissant ou vers la fin de l’OTAN, remplacée à long terme par une défense européenne intégrée?