Afin de répondre à la problématique du réchauffement climatique mondial, une décarbonation du mix énergétique paraît être la solution. Cette décarbonation, à travers l’essor des énergies renouvelables (EnR) mènerait alors à un nouvel équilibre géopolitique sur la scène internationale.
L’importance des hydrocarbures dans le paysage énergétique mondial
Les énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole, occupent une place majeure dans le mix énergétique mondial. En 2017, elles représentent plus de 82,5% de la consommation mondiale d’énergie primaire. Par ailleurs, les enjeux concernant l’accessibilité au pétrole et à la maîtrise du prix du baril ont dicté la géopolitique mondiale ces dernières décennies. Ce contexte continue de profiter aux Etats pétroliers et gaziers (comme l’Iran, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis et la Russie). Cependant, l’évolution de la demande et l’émergence des énergies renouvelables remet en question ces positions sur la scène mondiale – voir ici.
Evolution de la demande énergétique
Selon le rapport annuel de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), le World Energy Outlook 2017, la demande des pays développés devrait nettement diminuer à l’inverse des pays émergents. En 1990, 57% de la demande mondiale d’énergie primaire provenait des pays développés (les Etats de l’OCDE) et 20% provenait des pays asiatiques et du Moyen-Orient. Selon les prévisions, à l’horizon 2050, la demande des pays de l’OCDE pourrait atteindre 30%. Tandis que les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc) verraient une croissance de la demande en raison de leur croissance démographique et du développement de leur capacité technique et industrielle. Ainsi, d’ici 2035, alors que la Chine devrait consommer près de 28% d’énergie, la consommation des Etats-Unis pourrait avoisiner les 12%.
Les énergies renouvelables, un bouleversement de la géopolitique mondiale
Les EnR sont des énergies à bas carbone comme le solaire, l’éolien, la biomasse. En 2017, les EnR représentent 10,3% du mix énergétique mondial. Selon les scénarios de l’AIE, elles sont susceptibles de bouleverser la scène géopolitique mondiale à travers la création de nouveaux rapports de force entre les pays développés et les pays émergents. Et ceci en raison du lien de dépendance aux nouveaux matériaux et aux capacités de recherche et d’innovation. Ainsi, certains pays comme la Chine, l’Inde (avec sa croissance démographique et ses besoins) et le Japon (avec ses capacités technologiques avancées) pourront profiter de ce contexte afin de favoriser leur position.
La Chine s’est lancée dans une révolution énergétique à travers ses projets en énergies renouvelables. Avec un mix énergétique initialement dominé par le charbon, le pays se détache progressivement de sa dépendance aux hydrocarbures facteur de la pollution atmosphérique. Dès lors, ce pays est devenu un majeur acteur au sein du marché mondial des EnR : panneaux solaires (1er exportateur), éoliennes et les centrales utilisant la bioénergie et production de voitures électriques (avec 40% de part de marché). Ainsi, elle investit près de 100 milliards de dollars par an dans ce secteur. Il faut également souligner sa position de quasi-monopole concernant la production mondiale de terres rares qui sont nécessaires pour les EnR. A noter que ces réserves de terres rares sont en grande partie localisées dans les « Etats faible à gouvernance fragile ». Par exemple, la République démocratique du Congo qui a plus de 60% de l’offre mondiale de cobalt.
L’Afrique sub-saharienne possède d’importantes ressources énergétiques (fossiles et renouvelables). Cependant, cette partie du continent ne parvient pas à construire des projets énergétiques viables afin de fournir de l’électricité à l’ensemble de sa population. L’un des obstacles est une incapacité à mobiliser les capitaux nécessaires.
Pour plus d’informations, l’Etude sur les nouvelles politiques énergétiques et des investissements dans les énergies renouvelables.