Deux événements de résonnance internationale ont marqué l’actualité, cette semaine. D’une part, au Brésil, l’élection présidentielle de Jair Bolsonaro : cet ancien militaire, nostalgique de la dictature, a le verbe aussi coupant que provocant. D’autre part, en Allemagne, le départ annoncé d’Angela Merkel pour 2021, après quelques revers électoraux pour son parti : la Chancelière, qui fut la figure de proue de l’Europe pendant quinze ans, réputée pour sa rigueur économique, n’aura pas résisté à la crise migratoire dont elle est tenue pour responsable depuis 2015. Comparaison n’est pas raison, mais je vois dans ces deux événements des explications proches, qui renvoient à la vague populiste qui touche tous les continents de la planète ces dernières années.
Des Philippines au Brésil, des États-Unis à l’Europe, partout – ou presque – les peuples sont en quête d’autorité, de personnalités au profil « musclé » pour les gouverner. Les causes ne sont pas toujours les mêmes, mais elles trouvent souvent leur explication dans un sentiment de perte d’identité nationale, un rejet d’une classe dirigeante jugée défaillante, un refus d’une mondialisation débridée. Immigration incontrôlée, corruption à grande échelle, insécurité physique, économique et culturelle : telles sont les raisons de la colère de ce début de XXIème siècle.
Partout les élites sont sur la sellette et ce sont des figures atypiques qui surgissent, en rupture avec les codes politiques habituels, épousant des postures anti-système qui font mouche. Ainsi de Donald Trump à Washington, de Matteo Salvini à Romme, de Viktor Orban à Budapest ou de Jair Bolsonaro au Brasilia, surnommé le « Trump tropical ».
Sont-ils tous des dangers pour la démocratie ? Je me garderai bien de raccourcis faciles, mais leur propension à remettre en question l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, la légitimité des corps intermédiaires et, plus généralement, tout ce qui dérange leur action doit être observée avec vigilance. Deux nouveaux mots sont apparus pour qualifier leur pratique du pouvoir – illibéralisme et démocrature – dont il faut espérer qu’ils n’auront pas un bel avenir.
Inutile de se lamenter, c’est à tous ceux qui croient encore aux vertus de la raison, du dialogue et de la tolérance qu’il revient de réagir et de s’engager inlassablement contre les voix de la démagogie. Vous pouvez compter sur moi, j’en serai…
Jean – Pierre Bansard