Projet de loi de financement de la Sécurité sociale : le passage en force du Gouvernement

médecin soin

Fin de navette pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Après l’usage à sept reprises de l’article 49.3 de la Constitution – permettant l’adoption du texte sans vote -, le PLFSS pour 2023 devrait être prochainement adopté, à moins que la motion de censure déposée par la NUPES soit votée.

Retour sur les mesures phares (et les absences) de ce texte établissant les dépenses du budget budget de la sécurité sociale au cours de l’année 2023 et de ses six branches (assurance maladie, famille, accidents du travail et maladies professionnelles, retraite, autonomie, cotisations et recouvrement).

Soutien à l’hôpital public

Pour soutenir l’hôpital public au bord de l’effondrement, le Gouvernement a annoncé une enveloppe supplémentaire de 543 millions d’euros pour pallier les « surcoûts liés au Covid » et « s’inscrit dans [l’]effort sans précédent pour soutenir l’hôpital et tous les personnels qui le font fonctionner » a déclaré le ministre de la Santé. Cette rallonge, s’ajoute à celle, de 570 millions d’euros, déjà actée au Sénat pour amortir les difficultés créées par l’épidémie de bronchiolite dans les hôpitaux.

Consultations à 3 âges clés

Le texte prévoit la mise en place de consultations médicales gratuites à trois âges clés de la vie : 25 ans, 45 ans et 65 ans  afin de faire le point sur sa santé physique et mentale et mettre en place les soins appropriés pour chacun.

  • Pour les adultes de 20-25 ans : afin de « renforcer la prévention primaire en élargissant à tous la consultation de santé sexuelle, ainsi que de favoriser un comportement favorable à la santé (lutte contre les addictions, alimentation saine …) » ;
  • Pour les adultes de 40-45 ans, pour « prévenir l’apparition de maladies chroniques telles que le cancer, le diabète ou les maladies cardio-vasculaires » ;
  • Pour les adultes de 60-65 ans, afin de « repérer l’apparition des premières fragilités ou de la perte d’autonomie ».

Désert médicaux

Pour lutter contre les déserts médicaux, le Gouvernement souhaite inciter les médecins retraités à reprendre du service. Ainsi les praticiens en cumul emploi-retraite seront exonérés de cotisations pour l’année 2023 et pour un montant de revenus plafonné fixé par décret.

Toujours pour résoudre la fracture sanitaire, le PLFSS prévoit l’allongement de l’internat de médecine générale à quatre ans, exercée en priorité dans les déserts médicaux. Au cours de cette année supplémentaire, les internes un stage de « pratique ambulatoire », c’est-à-dire en médecine non hospitalière même si certains stages pourront se faire à l’hôpital.
Ces stages devront s’effectuer « en priorité » dans les territoires où l’offre de soins est insuffisante ou difficilement accessible

Lutte contre la fraude sociale

Parmi les mesures proposées pour renforcer cette lutte, figure le contrôle des arrêts de travail.

Pour « limiter les abus », les arrêts de travail prescrits en téléconsultation par un autre médecin que son médecin traitant ou un médecin vu au cours des 12 derniers mois ne seront plus remboursés, sauf dans « certaines conditions limitatives »

Santé sexuelle

Depuis 2022, le dépistage du test du VIH est gratuit sans ordonnance et sans avance de frais. Le PLFSS 2023 prévoit d’élargir ce dépistage sans ordonnance à d’autres infections sexuellement transmissibles, dont la liste sera déterminée par arrêté. Pour les moins de 26 ans, « ces dépistages seront remboursés intégralement par l’Assurance maladie »

Le PLFSS prévoit également l’accès gratuitement à la pilule du lendemain en pharmacie, sans ordonnance, et pour toutes les femmes. Jusqu’à aujourd’hui, elle est gratuite et sans ordonnance seulement pour les jeunes femmes mineures, et gratuite avec ordonnance pour les moins de 26 ans.

Favoriser le maintien à domicile

Le Gouvernement souhaite favoriser le maintien à domicile des personnes âgées en situation de handicap avec la création de 4 000 places supplémentaires dans les services d’aide à domicile en 2023.

Pour permettre aux « personnes âgées en perte progressive d’autonomie » de rester chez elles, des adaptations du logement de ces personnes sont nécessaires. Sur le modèle de MaPrimeRénov pour la rénovation énergétique, le gouvernement déploiera le dispositif MaPrimeAdapt pour faire évoluer les logements, et notamment prévenir les risques de chute.

Toujours pas d’exemption de CSG-CRDS pour les non-résidents

Le sujet de l’exonération des CSG- CRDS sur les revenus du patrimoine des non-résidents habitant un Etat tiers est l’Arlésienne des débats du PLFSS. Présentée chaque année – et chaque année adoptée au Sénat – cette exonération est systématiquement supprimée par le Gouvernement (ou les députés) lors du retour du texte à l’Assemblée nationale. Le PLFSS 2023 n’a pas dérogé à cette règle. Les ministres changent mais les argumentaires – et les éléments de langage – restent les mêmes.

Un des arguments avancés les années précédentes étaient que la suppression de prélèvements sociaux pour l’ensemble des non-résidents bénéficierait à des personnes de nationalité étrangère possédant un bien immobilier en France, exemple étant pris d’investisseurs étrangers fortunés qui en seraient également dispensés lors de la revente de leur bien. 

Pour répondre à cette critique, Evelyne Reanaud-Garabedian a présenté un amendement exonérant de CSG et de CRDS l’ensemble des non-résidents à condition qu’ils aient été affiliés à un régime obligatoire français d’assurance-maladie pendant au moins cinq ans. Cette condition d’affiliation antérieure permettait d’exclure des profils de propriétaires comme des investisseurs immobiliers étrangers et de garantir l’exonération de CSG-CRDS aux Français de l’étranger qui ont – pour beaucoup – déjà vécu en France avant leur départ.

Mauvaise foi ou entêtement, cette « nouvelle version » serait, selon les mots de la ministre qui était alors présente en Hémicycle, « inconstitutionnelle ».

Jusqu’à quand le Gouvernement laissera-t-il cette injustice fiscale perdurer?

5 commentaires

  1. Nos deux premières semaines furent très agréables avec un climat merveilleux, mais depuis 8 jours la saison chaude s’est installée avec des températures oscillantes entre +18° et +28°et de fréquents orages en soirée.
    Heureusement les pluies nocturnes neutralisent les fumées et les poussières émises par les 3 millions d’habitants.
    L’après Covid fait place à une paupérisation d’une grande partie de la population et un trafic automobile plus fluide. En effet les carburants ont augmenté de 44% (environ 1 €/L), alors tous les coûts de transport se répercutent sur tous les produits de premières nécessité, et l’augmentation considérable du frêt maritime entraine également des prix éxagérés sur toutes les importations.
    Ce weekend nous avons fait notre première sortie à Antsirabe pour une action rotarienne dans un village particulièrement isolé. Les paysans souffrent de plus en plus du déficit de pluies ce qui impacte les rendements des récoltes et leurs ressources.
    Alors on se pose des questions sur l’utilité de la COP 27, les pays riches polluent davantage et en compensation ils donnent des aides financières aux pays pauvres pour enrichir les politiciens en place ? Mais il faut dire que sur place on coupe tous les arbres pour faire du charbon de bois nécessaire à la cuisson quotidienne du riz et par ailleurs pour enrichir les sols on cultive sur brulis ce qui entraine l’érosion des terres végétales avec des ruissellements de plus en plus importants. Dans quel monde vivons nous ?

  2. Bonjour,
    Résidant à Madagascar depuis 1974, retraité d’une société minière française depuis 2019, marié avec une malgache depuis 1978, j’ai toujours cotisé auprès des caisses françaises. Et nous sommes assurés auprès de la CFE qui couvrait une partie de nos frais médicaux dispensés en France et à Madagascar. Or cette année mon épouse a perdu ses droits auprès de la CPAM 77 et CFE nous a confirmé que cette radiation correspondait à son statut de non retraitée et de non cotisante durant 15 ans à une assurance vieillesse française. De ce fait notre contrat « Expatrié Retraite Famille » ne permettent plus la prise en charge des soins prescrits et dispensés durant nos séjours en France.
    Pourriez vous me confirmer mon obligation de modifier mon contrat avec CFE avec pour moi un contrat RetraitExpat Santé Solo, et pour mon épouse un contrat MondExpat Santé Solo.
    Avec mes emerciements anticipés.
    Bien cordialement.
    CF

    1. Bonjour Christian,

      En effet, le produit RetraitExpat Santé ne prévoit que la couverture des ayants droit mineurs et non du conjoint. Il faudra donc bien deux contrats distincts pour votre épouse et vous.

  3. Je vis a Maurice depuis 8 ans, Je n’y perçois aucun revenu, Je vis des mes économies placées sur un compte bancaire en France et du revenu professionnel de mon épouse qui est Mauricienne, J’ai demande cette année l’obtention de ma retraite, En retour la CNAV m’a notamment adressé un formulaire pour être exempté des cotisations CSG/CRDS. L’administration fiscale mauricienne a refuse de me signer et tamponner ce formulaire sous prétexte que je n’avais aucun revenu de source mauricienne. Je pensais que l’exemption de la CSG/CRDS sur la retraite perçue en France était liée au fait de vivre a l’étranger (Maurice dans mon cas) que l’on perçoive ou non, des revenus dans ce pays, Ai je tort ? Pouvez m’éclairer sur ce point ? Merci

    1. Bonjour,

      La question de la CSG-CRDS pour les non-résidents est un casus belli depuis de nombreuses années entre les parlementaires des Français de l’étranger et le Gouvernement. En 2019, contraint par le droit communautaire, le Gouvernement a dû s’aligner et a exonéré les non-résidents relevant d’un régime sociale de l’UE, de l’EEE et de la Suisse de CSG-CRDS sur leurs revenus fonciers et leurs plus-values immobilières. Les non-résidents français qui n’appartiennent pas à cet espace géographique ne sont pas exonérés de ce prélèvement. Plus d’informations ici : https://alliancesolidaire.org/2020/11/12/csg-crds-le-bout-du-tunnel/

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