Un lien politique entre la France et ses citoyens du monde
Les Français établis hors de France forment aujourd’hui une communauté estimée à plus de deux millions et demi de personnes, réparties sur les cinq continents. Qu’ils soient expatriés pour des raisons professionnelles, étudiants, retraités ou binationaux, ces citoyens continuent d’entretenir un lien fort avec leur pays d’origine. Afin que leurs préoccupations soient entendues dans la vie politique nationale, la Constitution de la Vᵉ République a prévu qu’ils soient représentés au Parlement – et notamment au Sénat.
C’est ainsi qu’ont été institués les sénateurs des Français établis hors de France, un corps d’élus chargé de faire vivre la voix des expatriés dans les institutions françaises.
L’article 24 de la Constitution du 4 octobre 1958 précise clairement : « Les Français établis hors de France sont représentés au Sénat ». Cette disposition est l’héritière d’une tradition ancienne de représentation politique des Français de l’étranger, amorcée dès la IVᵉ République. Elle a été confortée par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, qui a reconnu aux Français de l’étranger une double représentation parlementaire : à l’Assemblée nationale, avec onze députés, et au Sénat, avec douze sénateurs. Le dernier alinéa de l’article 24 est ainsi devenu : « Les Français établis hors de France sont représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat ».
Douze sénateurs pour représenter les Français de l’étranger
Depuis 1983, le Sénat compte douze membres élus pour représenter les Français établis hors de France. Leur nombre a évolué au fil des décennies : six au départ, ils sont aujourd’hui douze, reflétant la croissance continue du nombre de compatriotes vivant à l’étranger. Ces sénateurs exercent un mandat de six ans, comme leurs collègues élus en métropole, et sont renouvelés par moitié tous les trois ans.
Ils ne représentent pas un pays ou une région précise du globe, mais bien l’ensemble des Français expatriés. Leurs profils sont souvent marqués par une grande expérience internationale. Leur diversité reflète celle de la communauté française à l’étranger – une communauté plurielle par ses origines, ses activités et ses attentes.
Un mode d’élection indirect
Les sénateurs des Français de l’étranger ne sont pas élus directement par les citoyens expatriés, mais par un collège électoral spécifique. Ce système de suffrage indirect, semblable à celui des autres sénateurs, repose sur la représentation locale et consulaire. Depuis la réforme du 22 juillet 2013, ce collège est composé des 11 députés représentant les Français établis hors de France, des 12 sénateurs sortants, des 442 conseillers des Français de l’étranger et de 68 délégués consulaires, soit un total de 534 grands électeurs.
Ces conseillers et délégués sont eux-mêmes élus au suffrage universel par les Français inscrits sur les listes consulaires. Le système vise donc à garantir une représentation équilibrée : les sénateurs sont élus par des représentants issus du terrain, proches des communautés françaises locales, et donc au fait des réalités de la vie à l’étranger. L’élection se fait au scrutin proportionnel de liste, sans panachage ni vote préférentiel, et dans le respect de la parité hommes-femmes. De la même façon qu’en France, les partis et groupements politiques jouent leur rôle de présentation et de soutien de candidats à ces élections.
Un rôle identique à celui des autres sénateurs, mais une mission particulière
Comme tous les membres du Sénat, les sénateurs des Français de l’étranger participent à l’élaboration et au vote des lois, contrôlent l’action du gouvernement et évaluent les politiques publiques. Mais leur mission revêt une dimension singulière : celle d’être les porte-parole d’une population souvent éloignée du territoire national, confrontée à des réalités administratives, fiscales, éducatives ou sociales spécifiques.
Ils jouent ainsi un rôle essentiel de relais et d’écoute. Leurs interventions concernent notamment l’enseignement français à l’étranger, le réseau consulaire, la sécurité, la mobilité internationale, la fiscalité des non-résidents ou encore la francophonie. Dans le cadre de leurs fonctions, ils participent également à diverses instances consultatives et missions internationales, contribuant au rayonnement de la France et à la défense des intérêts de ses ressortissants à l’extérieur du territoire national.
Leur rôle dépasse d’ailleurs le cadre institutionnel : beaucoup entretiennent un lien direct avec les communautés locales, visitent les établissements scolaires français, rencontrent les associations ou les entreprises implantées à l’étranger, et travaillent avec les ambassades et consulats pour résoudre les difficultés rencontrées par leurs compatriotes.
Une représentation au cœur du dispositif institutionnel
La loi du 22 juillet 2013 a profondément réorganisé la représentation des Français de l’étranger. Elle a créé la fonction de conseillers des Français de l’étranger, élus pour six ans et siégeant dans les conseils consulaires de 130 circonscriptions à travers le monde. Ces conseils sont les interlocuteurs privilégiés des ambassades et consulats sur des sujets tels que la scolarité, la sécurité, la vie associative ou l’action sociale. Les sénateurs des Français de l’étranger travaillent étroitement avec ces élus locaux, formant un maillage représentatif cohérent.
Cette architecture institutionnelle fait de la représentation des Français de l’étranger un véritable prolongement de la citoyenneté française au-delà des frontières. Elle garantit que chaque Français, où qu’il vive, garde un lien démocratique avec la République.
Un enjeu de citoyenneté mondiale
Les sénateurs des Français de l’étranger incarnent la volonté de la France de maintenir une communauté politique mondiale fondée sur la solidarité et la continuité du lien civique. À travers eux, les Français de l’étranger disposent d’un relais institutionnel pour défendre leurs droits, faire évoluer la législation qui les concerne et participer à la vie démocratique de leur pays d’origine.
Leur existence rappelle enfin que la citoyenneté française ne s’arrête pas aux frontières géographiques : elle se vit, s’exerce et s’enrichit aussi à l’international.
Pour en savoir plus sur vos douze Sénateurs, suivez ce lien. Trois d’entre eux sont des élus de l’ASFE : Sophie Briante Guillemont, Evelyne Renaud Garabedian et Jean-Luc Ruelle.



2 réponses
Messieurs et mes Dames les Députés et Sénateurs pour les Français et Françaises installés à l’étranger surtout à l’extérieur de l’EU. Pourquoi les soins reçus à l’étranger ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale Française??? Alors que nous cotisations toujours. Pourriez-vous faire en sortes que nos droits aux soins soient rétabli. Merci d’avance pour votre réponse ?.
Bonjour,
La Sécurité sociale française ne rembourse pas automatiquement les soins reçus à l’étranger, même si vous continuez à cotiser, car la prise en charge dépend du régime d’affiliation et des accords bilatéraux avec le pays de résidence. Pour les Français établis hors UE, les soins à l’étranger ne sont pas systématiquement couverts par la Caisse des Français de l’Étranger (CFE).
Bien cordialement,
L’équipe de l’ASFE – http://www.alliancesolidaire.org