Législatives anticipées : la rupture

Le premier tour des élections législatives vient d’avoir lieu en France. Les instituts de sondages ne s’étaient pas trompés : le Rassemblement national a largement dominé ce scrutin, devant le Nouveau Front populaire, le camp présidentiel arrivant loin derrière. Quoi qu’il arrive dimanche prochain, la physionomie de la future Assemblée nationale sera profondément modifiée.

De deux choses l’une. Ou le parti de Marine Le Pen avec ses alliés LR de la mouvance d’Eric Ciotti obtiennent la majorité absolue, ou bien ils ne parviennent qu’à gagner une majorité relative. Dans la première hypothèse – qui semble s’écarter au fur et à mesure que la semaine avance, sans qu’elle ne puisse être éliminée – la France entrerait dans une nouvelle phase de cohabitation avec, à la tête du gouvernement, Jordan Bardella, un jeune premier ministre de 28 ans. Cette cohabitation serait sans doute très différente des trois précédentes : le rapport de forces entre l’Elysée et Matignon a toutes les chances d’être plus âpre, d’autant que les fameux « domaines réservés » du Président de la République, non-inscrits dans la Constitution, risqueraient d’être rognés.

La seconde hypothèse, celle d’une majorité relative, ouvre la voie à une alternative : s’il ne manque que quelques sièges, le RN n’aura pas grand mal à attirer vers lui quelques députés pour atteindre la majorité absolue, fixée à 289 ; si, en revanche, le delta est important, le RN a déjà annoncé qu’il refuserait d’aller à Matignon. Dans ce cas, Emmanuel Macron laisse entendre qu’il tenterait de trouver une majorité de coalition avec toutes les bonnes volontés. La possibilité que cette perspective se réalise paraît très mince et il est probable que le pays vive alors un cycle de fortes incertitudes… Il est prudent d’attendre le second tour avant d’échafauder des schémas fantaisistes.

Une chose est sûre, en revanche : la poussée populiste continue son œuvre dans le monde occidental. Après l’Italie de Mme Georgia Meloni, c’est l’un des principaux fondateurs de l’Union européenne qui pourrait très bientôt être dirigé par un courant nationaliste. Hasard du calendrier, depuis le 1er juillet,  la Hongrie de Viktor Orban, premier ministre très national-conservateur, proche de Vladimir Poutine, occupe la présidence de l’Europe pour six mois. La Hongrie n’est pas le meilleur élève de l’Union. Elle a été mise à l’amende pour ses manquements répétés à l’État de droit : atteinte aux droits des personnes LGBT et des demandeurs d’asile, insuffisances dans la lutte contre la corruption… Dix-neuf milliards d’euros de fonds européens sont gelés par la Commission. Viktor Orban, quant à lui, multiplie les provocations contre « l’ Europe mainstream  ». Le slogan de cette présidence – « Make Europe great again  » – est une référence explicite à Donald Trump, que l’homme fort de Budapest veut voir revenir à la Maison-Blanche. Ambiance…

L’équipe de l’ASFE

5 commentaires

  1. Si M. Donald Trump est élus de nouveau Président, la guerre en Ukraine sera terminée avant la fin 2024 (engagement électoral) .
    Donc il n’y a rien à craindre, ni de M. Victor Orban, ni du RN, les domaines régaliens (défense, diplomatie) pourront être gérés à la guise du Président français.
    Salutations.

    1. Le seul et unique responsable de la montée de l’extrême droite ou du populisme dans le monde c’est le fanatisme idéologique de l’ultra libéralisme.
      Injustice sociale, méritocratie hypocrite, destruction de l’environnement sans limites, abandon des services publiques, le grand capital mondialisé au pouvoir, propriétaire des grands médias… Et le tout sans même obtenir de véritable succès économique.
      L’autoritarisme, les solutions radicales sont des réactions à un état de crise, celui d’un système à l’agonie et dont on paye les conséquences chaque jour un peu plus, sans aucun espoir qu’il puisse se relever malgré l’austérité qu’il impose.
      La seule solution c’est un changement de philosophie radical que seule la vraie gauche est capable de défendre. Ou ça passera inévitablement par un bain de sang hélas…

  2. Toutes les tendances sont les bienvenues dans tous les votes des français. Cela fait des siècles que le même manège se joue des votes des français de France ou d’ailleurs..Il est rappelé que tous les partis ont droit aux votes de français et qu’importe les tendances des candidats.

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