Ukraine : une guerre encore très loin d’être terminée

La guerre entre la Russie et l’Ukraine est entrée dans une nouvelle dimension ces derniers jours. Deux événements ont servi d’indices à un changement de donne, guère en faveur de Moscou. D’abord l’attaque conduite par des rebelles russes anti Poutine en territoire ennemi, dans la région de Belgorod.

Quelle surprise que cette incursion quinze mois après le début du conflit ! Elle apparaît comme une inversion du rapport de force : c’est l’agresseur qui est à présent agressé. Ensuite est arrivée l’explosion du barrage de Kakhovka, sur le fleuve Dniepr, en amont de la ville de Kherson. Le choc fut considérable, noyant des milliers d’habitations, faisant des dizaines de victimes et suscitant une vive inquiétude sur la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Lequel des deux pays est à l’origine de cette catastrophe, qui est aussi écologique ? Les regards se tournent plus volontiers vers le Kremlin qui souhaitait sans doute ainsi compliquer la contre-offensive ukrainienne annoncée de longue date sur la rive gauche du Dniepr.

Cette opération n’a pourtant pas empêché, semble-t-il, le lancement de cette contre-attaque. Celle-ci ne ressemble en rien, jusqu’à présent, à celle du D-Day 1944 qui avait vu des milliers d’hommes débarqués d’un coup en Normandie. Les détails demeurent imprécis, mais, selon les observateurs militaires, les assauts auraient commencé sur trois axes. Le premier à l’est, dans la région de Donetsk, près de la ville de Bakhmout, tout juste conquise par les Russes. Le second, sur le front méridional, au sud-est de Zaporijjia. Les forces ukrainiennes poussent vers Melitopol, le long du Dniepr. Le dernier axe part du bourg de Velyka Novossilka, vers Marioupol. Les combats, qui se déroulent pour la plupart dans la « zone grise », cette frange de terrain entre les deux lignes de fronts, sont très violents. Les efforts ukrainiens se doubleraient d’une activité intense des partisans, actifs derrière des lignes russes dans les territoires occupés.

Il règne un silence de plomb sur les opérations, côté ukrainien, dans le but de prendre l’ennemi par surprise, comme ce fut le cas à l’automne lorsque Kiev avait repris possession de la ville de Kherson, préalablement occupée par les Russes. Du côté de Moscou précisément, on s’emploie à largement diffuser des vidéos de blindés ukrainiens de fabrication occidentale détruits ou endommagés. Sur ces images, on voit notamment deux chars Leopard, venus d’Allemagne, trois Bradley américains ainsi que quelques véhicules de transport de troupes américains ou français. Les experts estiment que cette colonne est probablement tombée sur un champ de mines. Les Russes ont multiplié largement la dispersion des mines sur le front sud. C’est dire si cette guerre se joue beaucoup sur le terrain de la communication.

« Il y a une grande différence entre le début d’une attaque et le gros effort de l’opération, l’offensive a clairement commencé mais ce n’est pas l’attaque principale », a souligné le général Ben Hodges, ancien commandant des forces américaines en Europe. On peut donc déduire des propos de cet officier que les opérations lourdes impliqueront encore plus de matériel. Cette guerre est très loin d’être finie.

L’équipe de l’ASFE

3 commentaires

  1. Seriez-vous sponsorise par LCI ?
    Un sujet aussi complexe, et ne datant du 24 février 2022 ,ne me semble pas accessible a l’analyse d’une équipe anonyme en general,et comme comme la votre en particulier.
    Soyez donc, s’il vous plait, plus nuance dans vos propos .
    Merci

    1. Bonjour Milliet,

      Merci pour votre commentaire : la situation en Ukraine est complexe. Notre équipe n’est pas anonyme : toutes les informations nécessaires sont en ligne sur notre site internet.

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