L’économie française : un avenir très incertain

Alors qu’une partie de l’Europe est sous la menace d’une troisième vague du coronavirus, le débat sur la croissance économique refait surface. Il paraît presque hors-sujet puisque, partout, l’activité tourne au ralenti et que des régions entières vivent en confinement total ou partiel, sans percevoir le « bout du tunnel ». En existant, ce débat entretient néanmoins l’espoir qu’un jour la reprise viendra.

En France, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, se montre optimiste. Celui des Comptes publics, Olivier Dussopt, est sur la même ligne : tous les deux confirment une prévision de croissance de 6% pour 2021, malgré les nouvelles mesures obligeant plusieurs commerces à fermer dans 16 départements, dont ceux d’Ile-de-France. Selon eux, le niveau des recettes de TVA en janvier témoigne d’une bonne tenue de la consommation des ménages, de la résistance de l’investissement en fin d’année dernière et du fort rebond qui avait marqué la sortie du premier confinement. La Banque de France estime, quant à elle, que la croissance française devrait atteindre 5,5% en 2021.

Ces pronostics relèvent-ils de la méthode Coué ? Ils ne doivent pas faire oublier que l’économie française vit sous perfusion d’argent public depuis un an. Cette assistance, qui permet d’éviter le pire à court terme, aura un prix quand elle s’arrêtera. Des fermetures d’entreprises en nombre et une flambée du chômage sont à redouter. A quoi il faudra ajouter le remboursement des prêts garantis par l’Etat et le règlement des dettes publiques. 

L’avenir s’annonce donc très incertain en France et sur le Vieux Continent, en dépit des plans de relance : 100 milliards d’euros dans l’Hexagone, dont 40 milliards d’euros issus du programme de l’Union européenne qui se chiffre, lui, à 750 milliards d’euros. Si l’on s’en tient à une hypothèse raisonnable, Français et Européens combleront donc, en 2021, la chute du PIB enregistré en 2020, estimée entre 6 et 8% selon les pays. Tout dépendra de la mise en œuvre de ses aides, que la bureaucratie peut freiner. Et de la faculté que nous aurons tous ensemble à sortir de la pandémie par une campagne vaccinale, menée à petits pas jusqu’à présent. Plus vite celle-ci ira, plus vite l’activité reprendra son rythme.

Sur ce front, les Etats-Unis sont en train de nous donner une leçon de pragmatisme. Ils réagissent plus fort et plus rapidement. D’abord, le rythme des vaccinations est très soutenu outre-Atlantique, où plus de 100 millions de personnes ont reçu une première injection. Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Joe Biden en a fait sa priorité. La vie reprend peu à peu ses droits, ici et là. Ensuite, les sommes d’argent injectées dans l’économie dépassent – presque – l’entendement. Au total, 5500 milliards de dollars vont être mobilisés en plusieurs fois. Certes, les Etats-Unis n’ont pas les filets de sécurité sociaux dont les Européens bénéficient, notamment les Français. Mais cette politique, très démocrate, de relance de la consommation avec la distribution de chèques à toute la population devrait augmenter le revenu des ménages de 6% cette année. Les experts prévoient ainsi une croissance du PIB américain de 5,5%, comme en Europe, mais celui-ci n’avait reculé que de 3,5% l’année dernière, contre 6% chez nous !

La politique américaine, aux relents on ne peut plus keynésiens, fait-elle courir un risque de surchauffe ? Rien ne l’indique car les taux d’intérêt restent bas. Elle devrait, en revanche, profiter au monde entier. Y compris à l’Europe, que le nouveau locataire de la Maison Blanche veut avoir à ses côtés face à la Chine, contrairement à son prédécesseur qui la prenait pour quantité négligeable. Comme quoi le parapluie américain n’est pas que militaire. Il peut être aussi économique…

L’équipe de l’ASFE

Un commentaire

  1. 100md d’aides, ça fait 6000€par famille a rembourser. Sur 2020/2021, on en est déjà a 10,000€ par famille qui s’ajoute au 160,000€ de dette par famille de l’état français a fin 2019. Soit on augmente les impôts pour rembourser, soit on laisse l’inflation monter pour atténuer la douloureuse, soit on refinance en passant le fardeau a nos enfants, soit par miracle la France devient moteur de l’Europe et de l’innovation et redémarre (on a besoin pour cela de plus de startups et de gens prêts à prendre des risques). L’alternative ? La même chose que ces 20 dernières années: une lente gangrène économique puis morale, parsemée de sparadraps politiques, révoltes contre productives et de nostalgie d’un passé révolu.

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