Chères élues, chers élus,
la forte augmentation du prix des carburants ces derniers mois provoque en France un mouvement de grogne des automobilistes. Beaucoup d’entre eux, excédés, appellent même à bloquer les routes le 17 novembre prochain. Je ne souhaite pas revenir sur ce débat dans lequel la mauvaise foi le dispute souvent à des arrière-pensées politiques.
Un quart de la hausse des prix dans les stations-services étant dû à la fiscalité écologique, je préfère me concentrer sur le vrai défi qui est posée à notre époque : comment concilier la nécessaire transition énergétique que nous devons opérer – réchauffement climatique oblige – avec les obligations de la vie quotidienne que nous devons assumer (se déplacer, se chauffer…) ?
La réponse n’est pas simple à trouver pour nos gouvernants. Nous le constatons avec les prix des carburants et du fuel, l’un des leviers les plus utilisés pour changer les comportements est la fiscalité : augmenter les taxes dans le but de décourager certaines pratiques ou créer des niches fiscales pour inciter à changer ces mêmes pratiques. Dans les pays occidentaux, la plupart des consommateurs sont attachés à la préservation de l’environnement, ils en font même l’une de leurs priorités, pour autant dès qu’il leur est demandé de faire des efforts pour y parvenir, ils ont tendance à rechigner.
Alors comment faire passer et accepter le message ? Par l’anticipation et la pédagogie. Or force est de constater que nos gouvernants successifs, en France, n’ont pas toujours été exemplaires sur ce terrain, y compris le pouvoir actuel. Résultat, notre pays, qui avait pris l’engagement en 2008 que la part des énergies renouvelables atteindrait 23 % de notre consommation énergétique en 2020, est très en retard par rapport à nombre de ses partenaires européens. Cette part plafonne aujourd’hui à 16 % alors que les pays scandinaves, l’Allemagne ou les Pays-Bas ont réalisé des progrès considérables.
La France doit passer à la vitesse supérieure si elle veut mettre ses actes en accord avec ses paroles : « Make our planet great again ! » Il y a dix ans, le président Sarkozy avait lancé le « Grenelle de l’environnement ». Malheureusement, les bonnes intentions sont restées lettres mortes. L’heure est venue de reprendre l’initiative afin que soit partagée l’exigence de la transition écologique par tous les Français sans qu’ils aient le sentiment d’être les vaches à lait fiscales de l’Etat.
Jean -Pierre Bansard