Daniel Zielinski : nous « devions répondre à une grande demande d’apprentissage du français, à l’occasion des Jeux Olympiques 2024 »


Vous êtes Délégué ministériel à la francophonie au ministère des sports des jeux olympiques et paralympiques. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? 

Après quelques années comme directeur de cabinet du ministre de la Ville de la Jeunesse et des Sports, j’ai été nommé à l’inspection générale jeunesse et sport qui est devenue l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche. J’ai été par la suite, conseiller sport, jeunesse et vie associative du premier ministre Edouard Philippe, puis délégué interministériel aux grands événements sportifs. En 2022 les ministres de la culture et des sports m’ont nommé haut fonctionnaire à la langue française pour le sport et chef de la délégation française pour les Jeux de la Francophonie qui se sont déroulés à Kinshasa en 2023. Enfin, à mon retour de Kinshasa, les ministres de la culture, des sports et des jeux olympiques et paralympiques, ainsi que le ministre de la francophonie m’ont confié la mission de délégué à la francophonie sportive.

Il peut être surprenant pour certains de lier sport et francophonie. Pouvez-vous souligner, à votre sens, la forte relation entre les deux ?

En fait, la francophonie comme le sport, vivent un moment de grand développement. L’espace francophone est riche de plus de 321 millions de locuteurs sur les cinq continents avec plus de 22 millions de locuteurs en 4 ans ! Pour 2050 nous pourrions être environ 650 millions de locuteurs, grâce notamment à l’Afrique. De très nombreux états ont pris conscience des enjeux du sports, pour le bien être, la santé (exemple en France, le Sport est la Grande Cause Nationale pour 2024 !), l’inclusion ou encore l’insertion. Les grands évènements sportifs sur la planète sont de plus en plus nombreux, apportant de riches émotions mais aussi de multiples enjeux (héritage, inclusion…), et la construction d’infrastructures sportives durables est en fort développement. Une pratique qui se développe, implique une économie sportive qui se développe. Nous sommes environ 160 millions de supporters (350 millions dans quelques décennies…), de consommateurs de programmes sportifs (télévisuels ou sur les réseaux sociaux), et d’équipements pour pratiquer notre sport favori. Mettre en place  des échanges de savoir-faire et de bonnes pratiques entre fédérations sportives, améliorer l’organisation des événements sportifs, prendre des postes dans les fédérations internationales, ouvrir de nouveaux marchés à nos entreprises francophones, qui sont bien souvent des acteurs d’excellence, voilà les enjeux de la francophonie sportive !

Le français se développe grâce au nombre de personnes maîtrisant notre langue et la pratiquant régulièrement. Parmi les outils de son développement et de son rayonnement, on trouve naturellement l’éducation, et notamment les établissements faisant partie du réseau de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’étranger (AEFE), ainsi que le réseau des Alliances et Instituts français. Comment mobilisez-vous ces vecteurs ?

Avec le ministère de la culture, nous avons réuni un groupe interministériel et interinstitutionnel sur « la langue française, langue du sport et de l’olympisme en France et dans le monde ». Quatre groupes de travail ont été créés, afin de répondre aux besoins des acteurs. Un des groupes que j’ai le plaisir d’animer avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, souhaitait répondre à une grande demande d’apprentissage du français, à l’occasion des JOP 24. Des ressources pédagogiques ont donc été créées par les très nombreux acteurs de l’éducation du français à l‘international (fédération internationale des professeurs de français, CAVILAM, les instituts français, les alliances françaises, le musée des sport de Nice, l’AEFE, etc….). Plus de 50 outils pédagogiques d’apprentissage du français, par le sport et les valeurs olympiques, ont été créés et mis à disposition de tous les acteurs, sur le site de l’Institut française de Paris ! Une belle réussite !

Nous avons en France beaucoup d’entreprises liées aux infrastructures sportives. Quels sont les moyens et les outils sur lesquels ces entreprises et entrepreneurs peuvent s’appuyer pour se développer à l’international ?

Un autre groupe thématique que nous avons créé concerne le monde économique sportif francophone. Il s’intitule « Entreprise du Sport et Francophonie : Réseau, Influence et Langue Française », et il est animé par Bruno Lalande, président des médias « Women Sport (France et Africa) et Sponsoring.fr« . Nous avons ainsi créé un groupe d’influenceurs dynamiques et engagés de l’économie francophone sportive, réunissant à ce jour 180 personnes dans 32 pays. Notre réseau a un discernement très sérieux et actif de l’évolution de la géostratégie et de l’influence du sport, en mutation dans notre monde et, est convaincu de la force et de la place que doit prendre la francophonie sportive économique et son ‘influence, en étant actif, concret, organisé et sur le terrain !

Nous devons valoriser le travail bien souvent formidable d’entreprises francophones. Si une entreprise membre de notre réseau souhaite se développer dans tel ou tel pays francophone, nous les mettons en contact de façon très opérationnelle et concrète avec les membres de notre réseau présents dans ce pays. Des économistes de la langue française en économie ont démontré qu’il était beaucoup plus simple de travailler en confiance avec un pays parlant la même langue, faire des présentations commerciales dans notre langue, et ainsi gagner des points de PIB. Enfin, conclure des contrats dans notre tradition de droit écrit, facilite les transactions, par rapport au droit anglo-saxon jurisprudentiel. Nous avons créé également, un guide de bonnes pratiques linguistiques pour les acteurs du sport.

Peu de personnes savent que nous avons des fleurons de construction d’infrastructure sportives en France et dans les pays francophones. L’une de nos entreprises a créé 50% des terrains de sport pour la Coupe d’Afrique des Nations qui vient de se dérouler en Côte d’Ivoire !

Le développement de notre langue passe également par la présence d’athlètes et d’entraineurs à l’étranger. Comment cela est-il valorisé et encouragé par le ministère des sports et ses fédérations sportives ?

Le ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques aide depuis longtemps à développer des stratégies internationales pour nos fédérations. L’espace francophone a fortement bénéficié d’échanges entre fédérations, de formations d’entraîneurs, d’arbitres…. De plus le ministère de l’Europe et des affaires étrangères contribue à cet objectif également, soit par l’action du fonds de solidarité pour des projets innovants (ce fut le cas pour la République Démocratique du Congo à l’occasion de l’organisation des Jeux de la Francophonie), par l’Agence Française de Développement (AFD) qui finance également des projets ainsi que par la délégation pour les collectivités territoriales et la société civile (DCTCIV). Ces actions contribuent indéniablement à développer notre langue dans les pays partenaires.

Daniel Zielinski, Délégué ministériel à la francophonie auprès du Ministère des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques

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