Chères élues, chers élus,
La France vient une nouvelle fois d’être frappée par un attentat vendredi 23 mars. A Trèbes, une petite ville de l’Aude, et à Carcassonne, quatre personnes sont mortes, assassinées par un jeune Français d’origine marocaine qui a sombré dans la barbarie islamiste après un séjour en prison.
Dans ce drame sans nom, un gendarme, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, a donné à notre pays une grandeleçon d’héroïsme. Lors de la prise d’otages, cet officier a proposé au terroriste de prendre la place d’une dame qu’il retenait pour qu’il la relâche. Cet acte remarquable de courage lui a coûté la vie. Il justifiait, ô combien!, l’hommage que la nation lui a rendu hier aux Invalides. Dans une époque dominée par l’égoïsme et l’individualisme, notre pays peut être fier de lui. Arnaud Beltrame restera à jamais un exemple gravé dans la mémoire de tous les Français.
Mes pensées vont également aux familles des trois autres victimes de ce drame : Jean Mazières, un viticulteur sexagénaire à la retraite, Christian Medves, chef boucher d’un supermarché, et Hervé Sosna, un maçon, lui aussi retiré de la vie active. Je ne peux, non plus, oublier Mireille Knoll, atrocement assassinée le même vendredi 23 mars 2018, chez elle, à Paris, par deux individus dont l’un était son voisin. Rescapée de la rafle du Vél’d’Hiv en 1942, cette octogénaire a été victime d’un meurtre à caractère antisémite comme l’avait été, dans le même arrondissement de Paris il y a un an, Sarah Halimi.
Ces deux tragédies, dans l’Aude et à Paris, traduisent la même haine qui habite certains de nos compatriotes. Nourrie par des préjugés fabriqués par quelques prédicateurs, propagée par les réseaux sociaux et des sites Internet, cette haine gagne du terrain et influence de plus en plus de jeunes en mal de raison d’être ou en situation d’échec. La détestation de notre mode de vie occidental et l’antisémitisme sont deux métastases à traiter d’urgence car elles fragilisent le socle républicain de notre société. C’est un combat de longue haleine, aussi bien culturel que civilisationnel, qu’il nous faut livrer partout où nous sommes et que ma qualité de Sénateur, élu de la nation, m’oblige à porter plus que quiconque.
Mais à court terme, il convient aussi sans nul doute de mieux nous protéger dans notre vie quotidienne. Certes, contre le terrorisme, beaucoup de lois ont déjà été votées pour améliorer notre sécurité et faciliter le travail des forces de l’ordre et de renseignements. Certes, le risque zéro n’existe pas. Mais la France, si elle veut rester elle-même, doit se donner tous les moyens pour mettre hors d’état de nuire ceux qui lui veulent du mal. Il y va, pour chacun de nous, de notre liberté de circuler, de s’exprimer et de penser, c’est-à-dire de notre liberté de vivre.
Jean-Pierre Bansard