Les États-Unis d’Amérique et les Talibans étaient en phase de conclusion d’un accord pour mettre fin à une hostilité vieille de plus de 18 ans.
Du point de vue stratégique et sécuritaire, il s’agissait pour la première puissance mondiale américaine, de concentrer ses forces et effectifs dans le Pacifique dans le bras de fer maritime qui se joue face à la Chine, et de tenter de sortir par le haut du bourbier afghan duquel l’Amérique de George W. Bush comme de Barack Obama n’a pas réussi à s’extirper. Le contexte n’était probablement pas assez mûr à l’époque pour envisager une sortie sécurisée de l’US Army. Le président Trump tient aujourd’hui à ce que le problème afghan se règle entre clans et mouvements locaux.
Le mouvement Taliban poursuivait en même temps que des tractations avec l’émissaire américain, une offensive d’envergure pour avancer au maximum ses positions autour du verrou stratégique de Kunduz et par voie de conséquence sa capacité à peser face au gouvernement de Kaboul. Il faut savoir que les Talibans contrôlent près de 15% du territoire.
Si les États-Unis parviennent à se retirer du pays, cela représentera également un message indirect envoyé à Pékin, qui a un appétit grandissant dans toute cette région. Le roll-back américain s’inscrit dans le cadre de la promesse électorale de Trump, « de faire revenir les gars à la maison », et de limiter le coup financier de l’opération afghane qui ne cesse de patiner depuis près de 20 ans et laisse une ardoise colossale au contribuable américain. Il ne faut également pas sous-estimer le « syndrome vietnamien » qui a frappé l’opinion publique américaine. Aujourd’hui, il n’en n’est rien et le processus est à l’arrêt suite à la décision de Trump de stopper le processus pourtant bien entamé.
Ainsi, c’est à Doha que se sont déroulés plusieurs rounds de négociations, pour arriver in fine à l’ébauche d’un accord avorté. Le Qatar demeure depuis plusieurs années un territoire passerelle pour prendre langue avec certains groupes les plus radicaux au Moyen-Orient. L’émissaire américain Zalmay Khalilzad a réalisé pas moins de 9 cycles de négociations et a présenté au Président Ghani son plan de sortie du territoire afghan.
Le Président Trump imprévisible face à la ténacité et les exigences des Talibans a cessé le dialogue alors qu’une issue positive semblait se présenter, et promet le jour des commémorations des attentats du 11 septembre de frapper ses anciens interlocuteurs talibans « plus fort que jamais ». Il s’agit d’un coup de théâtre supplémentaire dans cette interminable dossier afghan.
Certaines sources évoquent des dissensions entre les différents conseillers qui gravitent autour de Président sur le ligne à tenir face au mouvement fondamentaliste taliban. La vérité doit certainement être entre tout cela, entre volonté d’imprévisibilité, destabilisation de ses interlocuteurs d’une part et d’autre part divergences de lignes entre conseillers.