Ce week-end se déroulaient les élections législatives en Finlande qui assurera la présidence de l’Union européenne à partir du 1er juillet. Le Parti du centre, à la tête de la coalition gouvernementale ne se classe qu’à la quatrième place tandis que le parti social-démocrate (PSD) écarté de la tête du pays depuis 2003 arrive en tête avec 40 sièges de députés. Le parti des Vrais Finlandais, parti conservateur eurosceptique, a décroché lui, la deuxième place avec 39 sièges. Les sociaux-démocrates, dirigé par Antti Rinne vont entamer des négociations afin de former une coalition, qui en Finlande s’avère toujours très large réunissant au sein d’un même gouvernement pas moins de 3 partis.
Claude Anttilla – Conseillère Consulaire de Finlande – nous a communiqué quelques informations sur le contexte actuel du Pays.
Une forte participation entérinant un changement de paysage politique
« Le scrutin a été marqué par une forte participation – 72%, la plus importante depuis 1991. Pour la première fois depuis 2004, le PSD retrouve la position de plus grand parti au Parlement, avec 40 sièges. Aucun parti n’obtient plus de 20%, ce qui témoigne de l’éclatement de la carte politique et de l’émiettement des voix qui ne fait que s’accélérer. » « Il y a un grand changement en cours dans le paysage politique finlandais. Au lieu d’avoir trois grands partis traditionnels comme avant, il y a actuellement trois voire cinq assez grands partis et plusieurs petits partis. Le même développement est connu aussi ailleurs en Europe, notamment en Suède. Les mouvements strictement nationalistes ont fait leur entrée parmi les partis politiques. ».
Un reflux des partis traditionnels
« Bien qu’obtenant la première place qui le positionne comme futur Premier Ministre, le Président du PSD Antti Rinne a déclaré qu’il était déçu du niveau de son parti : « J’attendais un meilleur score, je dois l’avouer. J’attendais à faire au moins 20% ».
Le Premier ministre sortant, Juha Sipilä, président du Parti du Centre a exprimé lui aussi sa déception: « C’est une chute brutale. Le peuple s’est exprimé, il n’y a rien à dire ». Les électeurs traditionnellement attachés au Parti du Centre qui se présentait comme le défenseur des régions rurales, n’ont pas apprécié les résultats des politiques économiques et de l’emploi. L’échec de la réforme des services sociaux et de la santé et celle des régions, ainsi que les économies effectuées, ont eu un effet beaucoup plus néfaste sur la popularité du Centre ». Mis en défaut par la coalition au pouvoir sur les réformes qu’il avait engagées, le Premier Ministre Sipilä avait été contraint de dissoudre le gouvernement début mars, à cinq semaines des législatives.
L’ère des trois grands partis traditionnels est finie. La Finlande fait désormais clairement partie des nombreux pays européens où, élections après élections, un grand nombre d’électeurs adopte des positions nationalistes, craignant de plus en plus l’immigration et le nationalisme. »