Le mercredi 27 mars, un événement sur la restitution du patrimoine africain a eu lieu à Sciences Po. Il a été animé par de nombreux acteurs (Conseiller Angelo Dan, Professeur Vincent Négri, Professeur Achille Mbembe, Député Famoussa Coulibaly, David Fajolles, Lazare Eloundou). L’occasion de revenir sur le sujet, à la fois simple et complexe, de la restitution des œuvres d’art africain.
Le projet du Président Emmanuel Macron : l’amélioration des relations franco-africaines
Rappelons que plusieurs œuvres d’art ont été acquises durant la période coloniale. Ces œuvres constituent l’héritage de plusieurs pays d’Afrique notamment subsaharienne.
Le point de départ fut le discours du Président Macron à Ouagadougou le 28 novembre 2018. En effet, il insuffle une nouvelle dynamique afin d’améliorer les relations entre les pays africains et la France. Pour le Président, cela passe notamment par la restitution des œuvres d’art. L’objectif est de créer un imaginaire commun afin que tout le monde puisse avoir accès aux œuvres de l’humanité. Au sein de cette politique tournée vers l’Afrique, la culture est le principal pilier permettant de construire cette nouvelle relation.
De quel pays africain parle-t-on ?
Il n’existe aucune automaticité à la restitution des œuvres. En effet, chaque pays africains doit entamer une démarche afin qu’une relation bilatérale équitable puisse s’instaurer entre lui et la France pour mener à bien la restitution.
Le Bénin est le premier pays à s’être engagé dans un dialogue politique. Il s’agit de 26 œuvres d’art, situées au Quai Branly, qui sont en cours de restitution. Pour ce pays, cela correspond à construire ou renforcer sa diplomatie culturelle, aussi appelée soft power. En effet, depuis le début de son mandat, le Président Patrice Talon est dans une démarche de valorisation du patrimoine culturel béninois. Le pays souhaite réhabiliter ses « Rois et Amazones » qui ont participé à l’histoire de l’humanité. Le Benin a mis en place un comité en 2018 afin de promouvoir le dialogue interculturel. Par ailleurs, cette démarche s’inscrit dans la continuité de la coopération culturelle, créée en 1975, entre le France et le Benin.
Le Mali fait également parti des pays qui souhaite et entame une démarche de restitution des œuvres d’art. C’est pourquoi, un atelier malien a été créé afin d’examiner de façon approfondie le sujet. Ainsi, la restitution de 16 œuvres est déjà prévue mais se heurte à quelques difficultés : divergence quant au nombre d’œuvres, les doublons, les conditions d’accueil, l’opposition aux prêts sur le long terme, etc.
L’UNESCO, un acteur essentiel
Il faut savoir que la restitution des œuvres n’est pas un phénomène nouveau comme l’illustrent les Lettres à Miranda sur le déplacement des monuments de l’art de l’Italie d’Antoine Quatremère de Quincy, théoricien du néo-clacissisme.
Dans ce travail de restitution, l’UNESCO est un acteur essentiel qui promeut la diversité culturelle. L’objectif est de déconstruire les préjugés et de reconstruire la réalité. Rappelons que dans la Convention de 1970 sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels, un point est consacré à la lutte contre le trafic illicite. Cela constitue le premier levier pour les revendications sur le retour de biens culturels. Par ailleurs, cette convention stipule que ces biens culturels sont une partie intégrante de l’identité d’un peuple. Dans le cadre des demandes de restitution, l’UNESCO accompagne les pays pour se positionner à l’aide d’un comité. Il peut aider ces pays à renforcer leur capacité comme la conservation, la traçabilité en cas de vol, former les forces de police et le pouvoir judiciaire. Dans ce débat, l’organisation démontre également que les musées, qui possèdent ces œuvres, doivent être pris en considération car elles ont des droits.
Notons que pour toute restitution, plusieurs conditions doivent être remplies : établissements d’accueil, experts compétents pour préserver les œuvres, stabilité du pays, etc. Ainsi, certains Etats ne sont pas en mesure d’accueillir des œuvres qu’ils pourraient finir par perdre.