Installée à Calgary depuis deux ans, Sarah Hübsch partage sa passion pour la nature, la randonnée et le voyage. De ses débuts dans le journalisme en France à son PVT à Montréal, elle nous raconte son parcours, les défis de l’expatriation et son engagement auprès de la communauté francophone locale, tout en explorant les paysages grandioses des Rocheuses canadiennes.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours et raconter votre arrivée au Canada, notamment à Montréal, et vos premières impressions ?
Après mon baccalauréat ES, je voulais avant toute chose devenir officier de l’armée de terre. J’ai ainsi intégré le lycée militaire de Saint-Cyr, dans l’optique de finaliser les classes préparatoires Khâgne, Hypokhâgne, puis d’intégrer l’école militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan. Le destin en a décidé autrement et je me suis dirigée ensuite en école de journalisme, en souhaitant continuer dans une filière littéraire et donc faire carrière dans la presse écrite. Finalement, j’ai découvert l’audiovisuel et je me suis spécialisée en vidéo journaliste.
Mon Master en poche, je passe mes 6 premiers mois de nouvelle diplômée dans une radio associative dans la Meuse, puis 2 ans dans une télévision locale dans les Hautes-Alpes, région que je ne connaissais absolument pas. Ces deux années m’ont marqué à jamais : c’est à ce moment là que j’ai découvert la vie en montagne et ma passion pour la randonnée et le trek se sont développés durant ces deux années.
En tant que JRI (journaliste reporter d’images), j’étais amenée à parcourir les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Hautes Provence, caméra sur l’épaule, à interviewer des politiciens, des habitants, des personnes qui font vivre ces petites communautés. J’ai découvert de nombreux villages, de nombreuses montagnes et couvert de nombreux événements. En parallèle, j’étais présentatrice du journal de midi et en partie du journal du soir. C’était une belle expérience, qui m’a fait découvrir de merveilleux endroits.
Je suis ensuite retournée en région parisienne, j’ai ouvert mon entreprise et j’ai continué à partager mes voyages sur les réseaux sociaux ainsi que sur mon site internet. Jusqu’au jour où mon PVT a été accepté : départ pour le Canada en septembre 2019, juste avant le COVID. Je voulais découvrir un nouveau pays, découvrir de nouvelles mentalités et c’est à Montréal que j’ai déposé mes bagages. J’avais cette soif de nouveauté, de nouveaux paysages et d’un nouvel environnement.
Je n’ai d’abord pas pu continuer à vivre de ma micro entreprise, j’ai donc commencé dans un pressing, puis dans une agence de marketing automobile et enfin dans un magasin de détail en tant que conceptrice-rédactrice. Les premiers mois furent magiques, nouveau pays, nouveau travail, nouveaux paysages, nouvelles randonnées, nouveau climat : c’était génial et j’ai vécu de magnifiques moments. Mais au fil du temps, les montagnes ont commencé à me manquer cruellement.
C’est donc au bout de 4 ans que j’ai décidé de traverser le pays pour me retrouver à Calgary, en Alberta, au plus proche des montagnes. Ici j’ai trouvé un nouvel emploi dans le tourisme francophone, puis j’ai continué à partager mon quotidien sur les réseaux sociaux, sur mon site internet, ne faisant qu’accroître ma communauté. Aujourd’hui cela fait 2 ans que j’habite à Calgary et en été, je passe tous mes week-ends dans les Rocheuses canadiennes, qui est ma bouffée d’air frais. Je me sens réellement dans mon élément ici. Les paysages, la mentalité, la province anglophone, les loisirs divers et variés… C’est une province faite pour les amoureux du plein air!
Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez dû faire face en vous installant dans un nouveau pays ?
Dans un premier temps, trouver du travail dans mon domaine. N’ayant pas de contacts sur place, je ne pouvais pas proposer mes services en tant que créatrice de contenu. J’ai dû m’adapter et commencer de 0, prendre un travail, n’importe lequel et faire mes preuves. Finalement, je pense qu’il est important d’avoir une première expérience canadienne pour pouvoir prétendre à tout autre travail.
Ce qui a également été difficile dans mon cas, c’est de trouver un logement dès mon arrivée. Peu de propriétaires étaient ouverts à louer leur bien à des nouveaux arrivants. Le dernier défi était plutôt lié à l’intégration auprès de canadiens. Malheureusement, je me retrouvais sans cesse qu’entre français ou expatrié et je n’ai jamais réussi à me lier d’amitié avec des locaux.
Comment est née l’idée de partager vos découvertes et expériences sur les réseaux sociaux et votre site ?
Tout a commencé lorsque j’habitais dans les Hautes-Alpes. La beauté des paysages m’ont inspiré et je partais toutes les fins de semaines dans les montagnes en balade, randonnée, trek… et je prenais tout le temps des photos. C’est ainsi que mon Instagram a vu le jour et depuis je partage toutes les randonnées que je fais!
Concernant la rédaction sur mon site, j’avais de nombreuses personnes qui me demandaient des informations quant à mes aventures en nature, alors je me suis dis : pourquoi ne pas le mettre en ligne? Moi qui souhaitait faire de la presse écrite à une époque, j’y ai bien trouvé mon compte! Finalement des centaines de personnes ont commencé à lire mes récits, puis des milliers etc.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer à explorer et à partager la beauté du Canada, notamment les Rocheuses à Calgary ?
Je dirais qu’avant toute chose, je suis une passionnée de la nature et du sport de manière générale. J’adore la randonnée et me surpasser. J’aime l’accomplissement et la satisfaction que la randonnée apporte : une fois arrivé au sommet, on a une véritable récompense avec des paysages grandioses. Il y a constamment de quoi découvrir, notamment en Alberta et en Colombie-Britannique.
Je pense aussi, que je suis motivée par le fait que le temps passe vite et qu’on ne sait jamais de quoi sera fait demain. Ma passion, c’est d’être en extérieur, alors je veux en profiter au maximum possible, tant que j’en suis capable – ne pas vivre avec des regrets. Ensuite, j’aime émerveiller les gens. Que ce soit les abonnés et internautes, mais aussi et surtout ma famille restée en France. J’aime leur partager mon quotidien, mes photos, mes accomplissements. J’ai l’impression de les faire voyager à travers mes photos.
De quelle manière votre présence et vos actions contribuent-elles à la communauté francophone locale ?
J’aide les francophones à organiser leur séjour en Alberta et dans les Rocheuses canadiennes, aussi bien à travers mes réseaux, mon site internet et bientôt un livre, que par mes services de travel planner. J’aime sortir des sentiers battus et faire découvrir des endroits moins connus. Alors j’espère arriver à leur donner le goût de voir autre chose dans les Rocheuses que Banff ou lac Louise!
Quels conseils donneriez-vous aux Françaises et Français qui envisagent de s’installer au Canada ou qui souhaitent s’engager dans leur communauté ?
Je leur conseillerais d’arriver l’esprit ouvert et de ne pas s’attendre à retrouver tout ce que l’on trouve en France. Oui, ici il n’est pas aussi évident de trouver des produits alimentaires français et en même temps… Est-ce qu’on s’expatrie pour trouver exactement la même chose que nous avons en France?
Je pense qu’il est également important de faire preuve d’humilité. Ne pas arriver dans ce pays, cette terre d’accueil avec une certaine arrogance. Il est important de faire ses preuves et être conscient que le fonctionnement n’est pas le même d’un pays à un autre.
D’ailleurs, il est important de se renseigner un minimum sur la province dans laquelle les nouveaux arrivants souhaitent s’installer : la langue principale, les emplois disponibles, le coût de la vie, etc. Si vous souhaitez vous engager dans votre communauté, vous pouvez faire du bénévolat. C’est un excellent moyen de réseautage et de volonté d’intégration dans votre pays d’accueil. Il y a du bénévolat pour tous les goûts, alors n’hésitez pas!