Le 3 juillet 2025, la sénatrice des Français établis hors de France Sophie Briante Guillemont a attiré l’attention du Gouvernement sur un angle mort persistant du rapport annuel sur le commerce extérieur de la France : l’absence de prise en compte des entrepreneurs français de l’étranger (EFE).
Une contribution invisible dans les rapports officiels
Chaque année, la Direction générale du Trésor publie un rapport détaillé sur le commerce extérieur de la France. Celui-ci met en lumière les grandes tendances sectorielles, les équilibres macroéconomiques et la répartition régionale des échanges internationaux. Pourtant, les EFE – ces Français qui créent et dirigent des entreprises de droit local à l’étranger – n’y figurent pas.
Pour Mme Briante Guillemont, cette omission est regrettable :
les EFE participent au rayonnement de la France et à la diffusion de ses savoir-faire ;
ils contribuent à la diplomatie économique sur le terrain ;
ils constituent un levier d’influence et d’attractivité souvent sous-estimé.
La sénatrice plaide ainsi pour une meilleure intégration de données quantitatives et qualitatives sur ces acteurs, qu’il s’agisse de leur rôle dans l’exportation de produits français ou de leurs besoins spécifiques.
Une reconnaissance encore limitée
Dans sa réponse publiée le 11 septembre 2025, le ministère de l’Économie a rappelé la difficulté d’établir un recensement exhaustif des EFE, ceux-ci ne correspondant à aucune catégorie juridique officielle. On estime leur nombre à environ 130 000, essentiellement des très petites entreprises (TPE), mais cette donnée repose sur des estimations et non sur un registre officiel.
Des initiatives privées ont néanmoins émergé :
en 2021, un recensement volontaire avait été lancé par CCI France International et le CNCCEF via la plateforme EFE International, sans grand succès faute de participation ;
en 2025, un label privé « EFE – Entreprise de Français à l’étranger » a vu le jour afin d’identifier et de valoriser les acteurs qui contribuent au rayonnement économique et culturel de la France.
Un impact difficile à mesurer
Le ministère souligne que, par nature, les activités des EFE ne sont pas enregistrées par la douane française et ne peuvent donc être comptabilisées dans les statistiques officielles du commerce extérieur. Leur apport, bien que réel en termes d’image et d’influence, est jugé « difficilement quantifiable » et sans effet direct sur la balance commerciale.
Une ressource stratégique encore à structurer
Cette réponse met en évidence une réalité contrastée :
d’un côté, une communauté dynamique et nombreuse d’entrepreneurs français à l’étranger, vecteurs d’image et de relais économiques ;
de l’autre, un manque de cadre institutionnel et de méthodologie pour mesurer concrètement leur poids et leur rôle.
À l’heure où la diplomatie économique et l’influence internationale sont des priorités nationales, la demande de Sophie Briante Guillemont souligne un besoin de meilleure coordination entre pouvoirs publics et réseaux privés. Les EFE apparaissent ainsi comme une ressource stratégique encore trop peu exploitée, mais dont la visibilité pourrait s’accroître grâce à des initiatives de recensement, de labellisation et, peut-être à terme, à une reconnaissance officielle.