« En voyageant en Italie, il faut essayer de ramener chez soi un bout de la sagesse locale »

Française expatriée en Italie, Alice Chéron est Fondatrice d’Ali di Firenze et est lauréate du Trophée Art de vivre des Trophées des Français en Italie 2025. Engagée dans la promotion de la culture italienne, elle propose des Fugues italiennes – des escapades dédiées aux femmes -, des recettes de cuisine, des articles, des partenariats avec des marques locales, etc. Pour l’ASFE, elle revient sur son parcours.

Alice Chéron, vous êtes fondatrice d’Ali di Firenze – un site web dédié à la vie italienne – et lauréate du Trophée Art de vivre des Trophées des Français de l’étranger 2025. Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

Bonjour ! Je suis française, j’ai grandi à Nice et je suis arrivée à Florence en 2010. Coup de foudre immédiat pour la beauté de la ville mais surtout pour les Florentins (c’est amusant, j’en ai épousé un !). J’ai 3 enfants et nous vivons sur la colline sud de Florence, au dessus de la Porta Romana, mon quartier de prédilection.

J’ai démarré ma carrière en publicité à Paris chez BETC Euro RSCG, pour moi cela reste une école de l’excellence du point de vue de la stratégie de communication mais aussi de l’exécution. J’étais chef de projet sur d’importantes campagnes TV et Print.

En arrivant en Italie, j’ai commencé par apprendre l’italien (de manière très intensive) puis j’ai travaillé pour 2 groupes Web importants dont le leader, Aruba Spa, pour lequel j’ai monté le département de communication. Ensuite en 2013, c’est l’aventure Ali di Firenze qui a démarré

En 2013, vous créez Ali di Firenze, un site dans lequel vous partagez des outils autour de l’art de vivre italien – escapades, recettes, conseils culturels, interviews… Aujourd’hui, votre site compte plus de 1 300 articles. Comment choisissez-vous les sujets que vous abordez ? Avez-vous une ligne éditoriale précise ou suivez-vous votre inspiration ?

Je n’ai pas de formation de journaliste, j’aurais adoré. Du coup, tout a été très organique avec Ali di Firenze, particulièrement sur le contenu. Partager un point de vue singulier, oublier la bucket list à cocher, oublier l’idée de « tout voir » dans certaines villes; je souhaitais vraiment sélectionner avant tout des moments italiens qui comptent et créent de l’émotion.

Avec le recul, je crois avoir 2 fils rouges italiens que j’ai tenu bien fort en parallèle, et qui s’entremêlent souvent, celui de la beauté qui touchent le coeur, et celui de l’émotion ressenti dont il faut profiter avec conscience.

En me lançant en 2013, j’ai commencé par créer du contenu sur Florence, puis j’ai étendu à toute l’Italie, puis j’ai intégré l’Art de Vivre. C’est vraiment ce dernier qui est mon terrain de jeu de prédilection car il me permet de parler des artisans, des savoir-faire, des personnalités créatives que j’ai la chance de rencontrer.

J’aime aussi cette idée qu’en voyageant en Italie, il faut essayer de ramener chez soi un petit bout de la sagesse locale : prendre le temps, porter des couleurs, discuter avec le maraicher, créer une jolie table et nourrir avec amour ses invités … en somme, apprendre à mieux vivre, simplement, avec les autres et dans la joie.

Votre projet s’est diversifié en plusieurs pôles : le blog, un e-shop, un podcast, des partenariats avec des marques, et des événements sur-mesure. Comment gérez-vous cette multiplicité d’activités ?

Durant 6 ans, j’ai embauché ! Impossible de tout faire, et surtout impossible de rester bien concentrée sur ma « zone de génie », la création, si je dois être au four et au moulin.

Après il y a naturellement un système de priorités qui s’est installé : les événements restent la business unit qui a toujours ramené le plus d’argent (les fugues + des séminaires pour LVMH ou des événements pour Pitti Immagine), l’eshop est marginal mais complète bien l’idée d’une Italie à ma sauce dont on peut profiter de plein de manières différentes.

J’ai été très inspirée par la vision de Disney et des différents touch points qu’on peut imaginer pour un client (ils ont les films, le parc, les objets, … j’ai les événements, des livres et guides de voyage, un eshop, du contenu sur mon site, des vidéos). Je fais très peu de partenariat et je les souhaite ultra qualifiants pour l’image de la société, tout doit avoir un sens !

Travailler par exemple depuis 2 ans avec la marque Florentine de travail du cuir Il Bisonte, c’était le rapprochement dont je rêvais. Tout est fait dans un rayon de 30km autour de la ville et chaque produit est encore finalisé à la main.

Parmi vos services figurent les « Fugues Italiennes », des expériences immersives que vous organisez pour reconnecter les femmes à elles-mêmes. Pouvez-vous nous expliquer ce que sont ces « fugues » et pourquoi les avoir développées ?

Les Fugues Italiennes sont nées d’un besoin tout à fait personnel. En tant que mère, j’étouffais dans mon quotidien avec de jeunes enfants alors que j’essayais tant bien que mal de développer ma boîte. J’ai dû partir prendre l’air (en général à Venise, mon lieu de fugue de prédilection) pour avoir 3 jours à moi pour réfléchir, me reposer, voir du beau… et rentrer chez moi avec de l’énergie et sans frustration.

En le racontant à ma communauté, cela a fait tilt, nous étions BEAUCOUP à vouloir nous couper du quotidien pour rentrer régénérée de l’intérieur. La beauté de tout le projet a été de me rendre compte que toutes les femmes, de 20 à 70 ans, pour des raisons très différentes des miennes, pouvaient être intéressées par le concept.

En 6 ans, j’ai fait fuguer 350 femmes sur 32 fugues, à Florence, Rome, Pietrasanta, la Lagune Vénitienne, sur le lac Trasimène... À chaque fois, je crée un programme surprise sur 3 jours qui monte en crescendo pour créer de l’émotion, prendre du bon temps dans des lieux extraordinaires, et faire réfléchir. Je ne m’appuie sur aucun outil de « développement personnel » mais sur du bon sens, et sur les rencontres que j’ai adoré personnellement et que je mets à disposition de mes fugueuses. Pour toujours et à jamais, ma plus belle expérience professionnelle.

Quels sont vos projets à venir pour Ali di Firenze ? Préparez-vous de nouveaux formats, collaborations ou extensions de vos activités ?

J’ai décidé d’une chose folle, en 2025, j’ai besoin de retrouver ma liberté, faire une pause, et me relancer autrement. J’ai donc mis en pause certaines activités (événement, eshop) pour me concentrer avant tout sur mes vraies passions : l’écriture et la créativité.

J’y vais doucement mais sûrement avec un nouveau format de newsletter très riche qui s’appelle CURIOSARE, une chronique personnelle « BOBINE, tirer le fil de soi » et l’écriture de ce qui deviendra – peut-être – un premier roman.

Je développe les partenariats mais à petits pas et avec des structures locales dont je partage les valeurs. Au finale, mes lectrices sont mes seules juges, il faut que mes choix leur plaisent ou les surprennent positivement. J’ai donc tout intérêt à rester cohérente et fidèle à mon positionnement.

Enfin, si vous deviez transmettre un conseil aux Français qui vivent à l’étranger et souhaitent développer un projet similaire, quel serait-il ?

J’en ai 2 ! Pour commencer, il y a de la place pour tout le monde. Si vous avez un point de vue, une vision à partager, il faut y aller. Que ce soit avec 2 ou 200 personnes, c’est merveilleux de pouvoir échanger et savoir qu’on a fait la différence sur un voyage ou un quotidien. 

Puis, je conseille de prendre un EXCELLENT commercialista (cette figure unique en Italie entre le comptable et le conseiller fiscal). Il est précieux pour vous accompagner dans toutes les étapes du développement de votre business et vous aider à y voir plus clair dans les méandres de l’administration italienne (il faut être bien accroché, je ne vous le cache pas). 

Forza e Coraggio comme on dit chez nous ! 

Alice Chéron – Fondatrice d’Ali di Firenze

Crédits photos : Alex Dani Photography

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *