Le P20 : un sommet pas comme les autres

Le sommet des présidents des parlements du G20, ou « P20 », est une initiative qui vise à donner une voix parlementaire aux préoccupations des pays membres du G20 et à renforcer les liens entre les législateurs mondiaux.

Depuis son lancement en 2018, le P20 cherche à promouvoir la diplomatie parlementaire, offrant une plateforme de dialogue et de coopération pour aborder des défis globaux tels que le développement durable, la réduction des inégalités, et les réponses aux crises internationales. Cette année, la dixième édition du P20, qui se tiendra à Brasilia, la capitale du Brésil, prend une importance particulière en raison des défis géopolitiques et économiques auxquels la communauté internationale fait face. Sous le thème « Parlements pour un monde juste et une planète durable », ce sommet cherche à allier engagement politique et initiatives concrètes pour un avenir plus équitable et plus respectueux de l’environnement.

Un espace de discussion unique en son genre

Contrairement au G20 traditionnel qui réunit les chefs d’État, le P20 permet aux législateurs de débattre de questions de fond en dehors des dynamiques de pouvoir et des agendas politiques nationaux immédiats. Cette assemblée représente une opportunité pour les parlements d’explorer ensemble des solutions aux problèmes qui ne peuvent être résolus par des politiques nationales isolées. À travers des déclarations conjointes et des recommandations, le P20 influence indirectement les décisions que prennent les dirigeants du G20, ce qui en fait un forum privilégié pour encourager les échanges de bonnes pratiques et renforcer la diplomatie parlementaire, qui peut jouer un rôle de médiation dans des contextes de tensions politiques ou économiques.

Le sommet de 2024 arrive dans un contexte de rivalités accrues et de divisions géopolitiques au sein même du G20, notamment en raison de la guerre en Ukraine et de la montée des tensions entre les États-Unis et la Chine. Ces tensions transforment l’économie mondiale, car de nombreux pays du G20, comme le Brésil, tentent de maintenir des relations équilibrées avec les grandes puissances malgré les pressions pour prendre parti. Par exemple, le Brésil de Luiz Inácio Lula da Silva, en tant qu’hôte du G20, a tenté de se positionner comme un pont entre les blocs rivaux, en insistant sur la nécessité d’un forum international qui représente véritablement la diversité des économies mondiales et en incluant des voix de pays émergents et en développement, comme l’Union africaine, qui a été récemment intégrée, en 2023, au G20 en tant que membre permanent.

Transcender la conflictualité

En outre, le P20 de 2024 aborde des problématiques qui touchent directement les populations et transcendent les conflits internationaux, comme le changement climatique, la justice sociale et la durabilité. L’un des grands défis est de s’accorder sur des mesures concrètes pour financer l’action climatique, notamment pour les pays en développement qui subissent de plein fouet les impacts environnementaux. La pandémie de COVID-19 et les crises économiques qui ont suivi ont également exacerbé les inégalités, remettant en lumière les limitations des infrastructures de santé, d’éducation et de protection sociale dans de nombreux pays du G20. Le P20, par son cadre parlementaire, permet finalement de débattre de solutions plus inclusives qui pourraient être intégrées dans les politiques de chaque pays membre et encouragées à l’échelle internationale.

Le choix du Brésil comme hôte ajoute aussi une dimension symbolique, car ce pays est à la croisée des enjeux environnementaux mondiaux en raison de l’importance de la forêt amazonienne pour le climat mondial. En accueillant le P20 à Brasilia, le Brésil met en avant sa volonté de jouer un rôle plus actif dans la protection de l’environnement, tout en plaidant pour des investissements durables qui respectent les populations locales et leurs modes de vie. Cette ambition est en ligne avec les priorités de la présidence brésilienne du G20, qui entend promouvoir des initiatives favorisant un multilatéralisme inclusif et une répartition équitable des bénéfices de la croissance économique.

Programme du sommet : entre justice climatique et lutte contre les inégalités

  • Le 6 novembre : la journée d’ouverture comprend un forum parlementaire qui se penche sur les recommandations émises lors de la première rencontre des femmes parlementaires du P20 tenue à Maceió en juillet. Les discussions abordent les questions de la justice climatique sous l’angle du genre et de la race, l’augmentation de la représentation féminine dans les espaces décisionnels, et l’autonomisation économique des femmes. Ces sujets visent à promouvoir une approche inclusive des politiques de développement durable en intégrant les perspectives des groupes marginalisés.

  • Le 7 novembre : la première session de travail du sommet est consacrée à la lutte contre la faim, la pauvreté et les inégalités, des problématiques particulièrement pertinentes dans un contexte où les crises économiques et sanitaires récentes ont exacerbé les vulnérabilités dans de nombreux pays. Par la suite, une seconde session porte sur le rôle des parlements dans la promotion du développement durable, soulignant l’importance de la législation dans la lutte contre les changements climatiques et dans la protection des écosystèmes.

  • Le 8 novembre : dernière journée, le sommet s’achève par une session dédiée à la construction d’une gouvernance mondiale adaptée aux défis du 21e siècle. Il s’agirait ici d’une discussion approfondie sur la manière dont les institutions internationales peuvent être renforcées pour mieux gérer des enjeux globaux tels que la cybersécurité, l’immigration et la résilience aux crises sanitaires mondiales. La déclaration finale, adoptée lors de la session de clôture, résumera les engagements pris par les parlements du G20 pour répondre aux défis mondiaux de manière concertée et équitable. La présidence du P20 sera ensuite transférée à l’Afrique du Sud, marquant une nouvelle étape dans la diplomatie parlementaire du G20.

Ce sommet, en se focalisant sur la justice climatique et l’égalité, espère finalement apporter des réponses concrètes et solidaires, intégrant les parlements dans les discussions globales pour une gouvernance plus juste et durable.

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