Paul Pierroux-Taranto est le président et fondateur de La Base Culture, une association dédiée aux francophones et francophiles à Valence, en Espagne, et il envisage également de créer une Maison francophone dans la ville. Il a accepté de nous accorder cet entretien.
Pourriez-vous vous présenter brièvement et nous expliquer ce qui vous a motivé à fonder La Base Culture ?
Je vis à Valence depuis cinq ans, et ma mère est d’origine espagnole, ce qui m’a permis de grandir avec l’Espagne en toile de fond. Journaliste de formation, je dirige Lepetitjournal.com pour la Communauté valencienne, tout en cultivant une passion pour la philosophie et l’histoire. J’ai fondé La Base Culture il y a maintenant trois ans, une association qui oeuvre au rapprochement entre la France et l’Espagne et qui promeut la francophonie à travers de nombreux événements.
J’ai été ravi de constater que cette initiative a reçu un accueil chaleureux de la part des Français, et plus généralement de tous les francophones et francophiles de la ville. Cette diversité constitue la richesse de La Base Culture, qui vise à rassembler un public passionné par la langue et la culture françaises. Les institutions espagnoles ont immédiatement adhéré à ce projet après le “redimensionnement” de l’Institut français de Valence survenu il y a trois ans. La Base Culture s’efforce de combler ce vide en apportant son dynamisme et sa jeunesse.
Quel rôle fondamental joue la Base Culture dans la Communauté valencienne ?
La Base Culture se déploie autour de trois axes : l’événementiel, le pédagogique, et un rôle d’« incubateur d’énergies culturelles », c’est-à-dire d’accompagnement de projets innovants.
Pour vous donner quelques exemples, les activités que nous proposons présentent des formats aussi variés que des dégustations de vin, des lectures de contes, des expositions, ou encore des manifestations de premier ordre comme la fête de la musique et des festivals attirant des milliers de participants. Nous avons organisé de nombreux événements (concerts, conférences, table-rondes) et des projections de films en français au Centre del Carme Cultura Contemporánea (CCCC), une des institutions culturelles les plus renommées d’Espagne.
Nous sommes également en charge du programme Français Langue Maternelle (FLAM) dans la région valencienne et avons proposé des cours de français pour les Espagnols et des cours d’espagnol pour les Français.
Pendant une année entière, nous avons mis en place une bibliothèque itinérante abritant plus de 1.000 ouvrages en français, qui a déambulé dans les lieux emblématiques de Valence. Cela a été un grand succès auprès de la population, et un symbole fort après la disparition de la bibliothèque de l’Institut français ! Nous avons aussi participé à la réalisation d’expositions, comme celle sur la vie secrète des microalgues de M. Diaz, qui a été récompensé par le Trophée Entrepreneur des Français de l’Étranger remis par l’EDHEC au Quai d’Orsay.
Bibliothèque itinérante à Valence en 2023
Bibliothèque ambulante Plaza de la Reina
Quels sont vos projets futurs ?
Je souhaite créer une Maison francophone afin d’établir un pôle d’attractivité et de rayonnement francophone à Valence. L’idée est de fédérer tous les acteurs locaux sous un même toit. Cet espace couvrirait quatre domaines principaux : l’investissement et l’entrepreneuriat, l’intégration à la société d’accueil, l’offre culturelle et l’aide pratique pour les expatriés.
Pour l’heure, en plus de La Base Culture, les acteurs qui ont rejoint l’initiative sont la Chambre de commerce franco-espagnole, Lepetitjournal.com, l’UFE, la Société française de Bienfaisance et l’association des professeurs de français de la Communauté valencienne (FLECOVAL). À eux cinq, ils couvrent tous les versants d’un “hub” digne de ce nom : synergies entrepreneuriales avec la Chambre ; informations de qualité et conseils pratiques avec Lepetitjournal.com ; offre culturelle francophone et intégration à la société d’accueil avec La Base Culture ; entraide et solidarité avec la SFB ; aide à l’installation avec l’UFE ; promotion de la francophonie avec FLECOVAL. Nous sommes résolument ouverts et inclusifs. Toute entité francophone qui en fera la demande pourra prendre part à notre aventure et sera respectée dans son entière liberté et indépendance.
Comment votre association fonctionne-t-elle ?
Notre efficacité opérationnelle repose en grande partie sur l’engagement de bénévoles provenant d’horizons divers et complémentaires (écrivains, entrepreneurs, avocats, étudiants, etc.). Nous combinons cet engagement avec des soutiens privés, tels que des dons et des sponsors, comme pour la conférence du philosophe Fernando Savater qui va avoir lieu en novembre à Valencia et qui est soutenue par un cabinet d’avocats franco-espagnol. Notre ambition est de rester accessible à un large public, y compris les étudiants Erasmus de plus en plus nombreux !
Notre association a bénéficié à deux reprises de la subvention Soutien au Tissu Associatif des Français à l’Étranger (STAFE), d’aides ponctuelles de la mairie de Valence, ainsi que d’un soutien financier pour le FLAM. Nous entamons actuellement des démarches pour obtenir une subvention européenne et entretenons d’excellentes relations avec le lycée français de Valence, tout en espérant établir un partenariat plus durable avec cet établissement.
Enfin, quel message aimeriez-vous transmettre aux habitants francophones – actuels ou futurs – de Valence ?
Un message d’espoir. Il existe un paradoxe français dans cette ville : Valence est une grande ville à taille humaine qui n’a jamais été aussi prisée par nos compatriotes, qu’ils soient expatriés (plus de 8.000) ou touristes (1,5 million). Son climat, sa sécurité et son attractivité en font une destination de prédilection. Cependant, la communauté française ne bénéficie pas d’une attention institutionnelle proportionnelle à son dynamisme et à sa croissance : il n’y a pas de consulat général et plus d’Institut français, ou si peu. Toute initiative francophone y est donc la bienvenue !
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