Face à au péril que représente l’augmentation massive de l’insécurité et de la violence dans le monde, la question de la protection des emprises françaises, notamment des représentations diplomatiques et des lycées français, se pose. Explications.
Un contexte de multiplication des menaces sécuritaires
Le monde d’aujourd’hui témoigne d’une insécurité de plus en plus grandissante. Celle-ci se manifeste de diverses manières : actes terroristes, crises politiques, conflits armés… Les Français établis à l’étranger sont bien souvent les premiers témoins de cette violence. En effet, dans certains États, les institutions françaises ont été la cible d’actes de cette nature tels que l’Institut Français à Ouagadougou en 2022 ou l’ambassade de France au Niger en 2023. De plus, à l’image des écoles sur le territoire français, les lycées français à l’étranger sont également confrontés à des menaces importantes en leur sein. Ainsi, le lycée international Chateaubriand de Rome a connu ces dernières semaines une situation suffisamment grave pour qu’elle requiert l’intervention du contre-terrorisme italien en raison de messages postés sur les réseaux sociaux par un personnel encadrant faisant l’apologie du groupe terroriste Hamas et tenant des propos hostiles et violents à l’encontre de personnalités publiques.
Un arsenal de mesures cohérentes et efficaces prises par le MEAE
La sécurité des agents du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) et de ses emprises à l’étranger est assurée par un ensemble de mesures. Face à l’actualité, celles-ci sont revues régulièrement et s’adaptent en continu aux nouvelles menaces.
La doctrine de sécurité du MEAE repose sur plusieurs piliers.
Une double sécurité
La sécurité passive regroupe les infrastructures et les dispositifs de détection, anti-infraction et de contrôle d’accès. La sécurité passive, par sa nature infrastructurelle, ne se prête pas spontanément à des ajustements rapides. Cette sécurité passive est complétée le plus souvent par une sécurité humaine. Le réseau diplomatique comprend ainsi des effectifs régaliens (police ou gendarmerie) appelés gardes de sécurité diplomatique, un dispositif de vigiles le plus souvent prestés et le concours des forces locales à l’extérieur des enceintes.
Au cours des derniers mois de 2023, face à une forte demande, un effort budgétaire a été consenti afin d’accélérer des opérations de sécurisation considérées importantes mais non initialement programmées dans certains pays de la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient ainsi qu’en Europe. De même, des mesures plus légères ont été mises en oeuvre dans plusieurs autres postes, notamment en Afrique centrale, dans des délais très réduits.
Un renforcement des moyens automobiles et humains
Le parc de véhicules blindés a été renforcé, notamment dans certains pays en crise. De la même manière, ces derniers mois, des renforts humains ont été déployés dans le réseau. Au 1er janvier 2024, le MEAE disposait de plus d’une centaine de missionnaires de renforts à travers le réseau diplomatique français pour assurer la sécurité de nos emprises, comme de certaines autorités diplomatiques exposées. Ce chiffre connait une tendance à la hausse, notamment au cours du dernier trimestre 2023 dans les postes soumis à de fortes pressions sécuritaires.
Une initiation à des actions de formation et de sensibilisation
Afin de rendre son dispositif global cohérent et efficace, le MEAE organise régulièrement des actions de formation et de sensibilisation aux situations d’insécurité, notamment face aux risques terroristes et à la criminalité. L’offre de formation concerne tous les agents du ministère ainsi que le personnel de certains opérateurs. En 2023, 422 agents appelés à rejoindre un poste sensible ont été formés préalablement à leur affectation, en raison d’un risque lié au terrorisme ou à la criminalité. En outre, 453 agents ont suivi les modules de formation à distance consacrés à la sécurité.
Les établissements scolaires du réseau français suivent étroitement les évolutions de posture du réseau diplomatique et sont associés aux adaptations, notamment à travers l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). L’AEFE travaille en étroite relation avec la direction de la sécurité diplomatique du MEAE et les postes diplomatiques. Des visites de sûreté sont organisées selon les besoins exprimés et la situation sécuritaire locale. Des conseils et préconisations sont alors apportés sur les plans technique, humain et organisationnel pour améliorer la sécurisation de nos sites. Pour renforcer la préparation des équipes de direction, plusieurs formations à la gestion de crise sont organisées à l’échelle du réseau ou de la zone. Des exercices concrets sont également conduits, parfois en associant les forces locales.
Un maintien essentiel de la doctrine de sécurité du MEAE
Entre dispositifs passifs et humains, toutes les mesures évoquées constituent l’outil le plus souple et le plus rapide à activer pour répondre à une menace accrue. Que ce soit en réaction ou en anticipation, parfois même sur la base de signaux faibles, les dispositifs de sécurité des emprises diplomatiques comme des établissements français à l’étranger évoluent de manière régulière et agile, le plus souvent à la hausse, tant les crises s’ancrent et les menaces s’amplifient. Ils sont, en outre, assez souvent audités et testés. Dans ce contexte, les budgets à leur consacrer doivent absolument être préservés.