Rachel Brunet, journaliste et auteure établie à New-York depuis 2012, est une figure inspirante de la communauté française expatriée. Passionnée par la mise en lumière des histoires exceptionnelles, elle lance “Talents”, une maison d’édition mettant en avant les parcours professionnels inspirants de Français établis à l’international. Son engagement à promouvoir la diversité culturelle et à encourager les rêves des femmes fait d’elle une véritable ambassadrice du succès féminin.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Rachel Brunet, je suis une journaliste française expatriée aux États-Unis depuis 2012. Je suis aussi et surtout la maman d’un adolescent de quatorze ans né à Paris et élevé aux États-Unis. J’ai grandi près d’Aix-en-Provence, et après mes études à l’Université d’Aix-Marseille, je suis arrivée à Paris où j’ai vécu et travaillé douze ans avant de m’expatrier dans la ville des possibles.
Cela fait bientôt douze ans que vous résidez à New York, vous avez été rédactrice en chef du Petit Journal, quelle a été votre expérience ? Et depuis, comment se passe votre expatriation ?
Je suis diplômée d’un master en Sociologie Anthropologie. J’ai commencé ma carrière dans une maison d’édition qui gérait plusieurs titres économiques, dont celui du Medef, sur lequel j’ai collaboré pendant cinq ans. Puis la vie a fait que j’ai remis ma casquette de sociologue et j’ai rejoint une agence de design et d’architecture parisienne en tant qu’associée. J’avais en charge la prospective urbaine. C’est d’ailleurs comme ça que je suis arrivée à New York en juillet 2012. Parallèlement, j’étais publiée dans des médias qui traitaient de problématiques urbaines.
En 2018, j’ai eu l’opportunité de rejoindre Le Petit Journal, média qui s’adresse aux expatriés francophones. Il s’agit d’un système de franchises, ce qui signifie que l’on paye une redevance pour utiliser la marque et que l’on a tout en charge : de la ligne éditoriale à la production d’articles en passant par le développement commercial de son édition. J’ai pris celle de New York qui était fraîchement créée, gérée depuis Paris, et avait donc un impact très faible, sinon inexistant, pour la communauté. Ce média était absolument inconnu de la communauté française et francophone de New York. Ce fut donc un vrai challenge que j’ai relevé seule, et à force de travail et d’acharnement, je suis très fière de dire que j’en ai fait un média connu et reconnu tant pour sa qualité éditoriale que pour la qualité et la fiabilité des annonceurs qui m’ont accompagnée de 2018 à 2022. Mon pari a été de faire du Petit Journal New York, puis du Petit Journal Miami, le journal où l’on parle davantage de la communauté francophone que de l’actualité de la ville et du pays. Mission accomplie !
En janvier 2022, après dix ans de vie américaine sous visa, j’ai su que ma green card était approuvée, et c’est ce que j’attendais pour donner une nouvelle impulsion à ma vie professionnelle. J’ai reçu physiquement mon précieux sésame en juillet 2022. En bonne Française, je suis partie en vacances en Provence, et à mon retour à New York en septembre 2022, une fois la rentrée scolaire et l’anniversaire de mon garçon, j’ai cédé mes franchises du Petit Journal, avec bien sûr un projet en tête. C’est aussi à ce moment-là que des entreprises ont commencé à me solliciter pour écrire des livres sur elles avec l’objectif d’asseoir leur influence et leur excellence. J’ai clairement et précisément couché Talents sur le papier au tout début du mois de juillet 2023 avec une seule personne dans la confidence qui est un peu mon « partner in crime » sur ce projet. J’étais enfin prête !
Vous avez annoncé le lancement de “Talent”, une maison d’édition pour mettre en avant des histoires inspirantes des Français de l’étranger. Pouvez-vous nous expliquer vos motivations dans la création d’un tel projet ?
Pour comprendre ma motivation, il faut comprendre la naissance du projet. Talents est né sans que je ne m’en rende compte lorsque j’étais à la tête du Petit Journal. Pour donner ses lettres de noblesse à mes éditions, j’ai fait le pari de parler de façon très appuyée de la communauté française et francophone des États-Unis. J’ai imaginé et développé des projets éditoriaux tels que Le Mois de la Femme où, chaque mois de mars, je publiais quotidiennement le portrait d’une femme francophone. J’ai fait de même avec les hommes, les mois de novembre. Puis j’ai imaginé le projet Femmes Leaders où je publiais chaque mois le portrait d’une femme influente ayant accompli un parcours extraordinaire aux États-Unis. J’ai aussi lancé le projet Success Stories où je mettais en avant, là encore, des femmes et des hommes aux parcours extraordinaires. Ce sont tous ces talents, tous ces parcours de vie et parcours professionnels, tous ces engagements à l’international qui m’ont fait réaliser que ces Français méritaient plus qu’un simple article de presse. Ainsi est né Talents.
Le fait que des entrepreneurs me demandent d’écrire des ouvrages sur leur aventure et parcours, pour la qualité de ma plume qui, je sais, a fait la différence dans l’expansion du Petit Journal, a complètement scellé l’envie, la motivation et le besoin de porter ce projet. Mon projet. Le slogan de Talents est : « Relater et inspirer ». Pour moi, Talents est une évidence. Ce qui me tient à cœur et me motive : raconter dans des ouvrages écrits sous un format journalistique des parcours incroyables, et inspirer ceux qui les lisent. J’aime profondément les gens, et je suis curieuse de leur parcours, de leur engagement, de leurs convictions, de leur histoire. C’est clairement le socle de Talents. Je me sens investie d’une mission, celle de dire : « Regardez ce que font les Français à l’international, regardez ces success stories incroyables ! »
Nous allons mettre en avant des parcours inspirants, positifs et éthiques. Je dis nous parce que je suis en train de développer une équipe de journalistes chevronnés de par le monde afin de pouvoir écrire sur ces talents français aux quatre coins du globe. Et grâce à la bonne presse que j’ai eu, ils sont plusieurs à s’être rapprochés de moi. Je les remercie.
Actuellement, vous menez une campagne de collecte de fonds pour le développement de votre projet. Quel(s) objectif(s) visez-vous à atteindre grâce à cette initiative ?
Pour lancer ce projet, j’ai lancé une campagne GoFundMe avec un objectif de 50 000 dollars, c’est ce dont j’ai besoin pour lancer la société et le premier livre. Aller lever de l’argent est une démarche inédite pour moi. Mais c’est très bien, une fois de plus, je sors de ma zone de confort et j’adore ça. J’ai de plus en plus de presse ce qui non seulement me conforte dans la pertinence de mon projet, mais fait que des mécènes ainsi que des investisseurs se rapprochent de moi parce qu’ils comprennent qu’investir dans Talents représente bien plus qu’une simple opportunité financière. C’est l’occasion de participer à la création d’une marque emblématique qui touchera des millions de lecteurs à travers le monde, en plus des trois millions et demi d’expatriés français. En soutenant Talents, les mécènes et investisseurs participent à promouvoir la diversité de notre pays, à inspirer avec des histoires de vie d’expatriés au parcours extraordinaire et à enrichir la vie intellectuelle et entrepreneuriale de la communauté des expatriés français.
Talents est bien plus qu’une maison d’édition ; c’est une passion, une mission et une vision. C’est une aventure excitante et innovante qui soutient l’authenticité, l’engagement et la diversité des expatriés français. Notre mission est de donner une tribune à ces récits uniques et inspirants. Notre devoir est de les rendre visibles dans le monde entier.
Est-ce que depuis le lancement, vous avez eu des retours sur l’accueil du projet par la communauté française ? Comment mobilisez-vous le réseau des Français de l’étranger dans ce projet ?
Mon projet est sincèrement bien accueilli, et j’en suis vraiment fière. Parmi mes généreux donateurs, je compte de précieux anciens annonceurs du Petit Journal qui m’ont vraiment encouragée. D’autres me soutiennent différemment, ce qui est tout aussi précieux. Et je le remercie encore sincèrement.
J’ai eu de la presse dans tous les grands médias des Français de l’étranger. On m’a aussi donné l’antenne sur France Bleu et Radio France International. Je connais le pouvoir de ces médias et je mesure chaque retombée positive pour mon projet.
Depuis 2019, vous êtes ambassadrice de #Womeninculture, un mouvement mettant en avant les femmes dans l’art, la culture ou la science, comment soutenez-vous les femmes dans ces domaines ?
J’ai été ambassadrice de Womeninculture en 2019, une autre fierté pour moi. Quand j’ai pris la franchise du Petit Journal New York, je suis partie d’un constat : les femmes étaient sous-représentées dans les médias. Un média a un vrai pouvoir et je m’en suis servi pour donner la parole aux femmes. Il ne faut pas oublier que dans environ 90 % des cas d’expatriation, la femme est le conjoint suiveur. Elle quitte généralement son métier qu’elle ne peut plus pratiquer dans son nouveau pays pour différentes raisons, et doit donc se réinventer pour exister autrement que sous le prisme de la « femme de ». Je suis extrêmement sensible à cette question et je n’accepte pas qu’une femme doive gâcher sa carrière au profit de celle de son mari. Quand j’ai vu la façon dont ces femmes expatriées utilisaient à leur avantage une expatriation — qui rappelons-le, est un vrai tremblement de terre dans une vie — en osant porter un nouveau projet professionnel inspirant, il m’a paru essentiel de les mettre en avant, de leur donner la parole.
Ainsi est né le Mois de la Femme. Toutes ces femmes qui se sont réinventées me fascinent et forcent le respect. Elles méritent tellement que les médias parlent d’elles. Avec Talents, je vais continuer de les soutenir en parlant plus longuement d’elles. On va passer d’un article de 2 000 mots, ce qui est déjà très long dans la presse, à des livres de 40 000 mots. Elles le méritent. Elles sont inspirantes pour les nouvelles générations. Et elles portent un message fort : soyez celle que vous voulez être ! J’ai d’ailleurs un projet de livre sous un angle jamais abordé…
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaitent se lancer dans le lancement d’un projet et donc dans l’entrepreneuriat ?
Croyez en vous, rêvez grand et surtout, donnez-vous tous les moyens pour y arriver !
Ne soyez jamais déstabilisées par les personnes qui vont vous démotiver, qui ne vont pas croire en votre projet ! Croyez en vous et respectez-vous, si vous ne le faites pas vous, personne ne le fera à votre place.
Ne laissez jamais votre projet être dévalorisé par ceux qui vous disent que votre projet n’est pas possible, que votre projet n’est pas réalisable. Écoutez et accueillez cependant toutes les critiques, elles sont souvent constructives.
Ayez foi en vous : on ne perd jamais, soit on réussi, soit on apprend ! Et on continue d’avancer encore et toujours. Et puis les jours où c’est plus difficile, on va marcher, on va nager, on va courir, on respire un grand coup et on revient, le lendemain, plus forte. Demain est toujours un autre jour. Un autre jour de tous les possibles.
Et n’oubliez jamais de remercier ceux qui vous mettent des bâtons dans les roues et des coups de couteau dans le dos, en étant aussi bas, ils vous donnent encore plus de hauteur.
Avez-vous autre chose que vous aimeriez nous partager ?
Je vous remercie de me donner la parole en cette Journée internationale des droits de la femme. J’en suis sincèrement honorée. Et je dois avouer qu’après avoir soutenu les femmes pendant des années dans la presse, je suis touchée d’être mise en avant ainsi en ce 8 mars. Mon fils va sûrement me dire : « C’est le karma, maman ! »
Mille mercis !