Cette semaine nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Patrice Blois, Conseiller consulaire pour la circonscription Costa Rica, Honduras et Nicaragua. Il a pu nous décrire la situation actuelle au Honduras concernant les 7.000 personnes qui traversent illégalement la frontière nord du Mexique.
RETOUR SUR LA GRANDE MARCHE
« La marche a démarré de San Pedro Sula avec à peu près 3.500 personnes : hommes, femmes, enfants et même des personnes du troisième âge. A la frontière du Guatemala le nombre est monté à près de 4.000. Ils ont obtenu le passage de la frontière du Guatemala, avec leur seule carte d’identité hondurienne, car avec l’union douanière entre le Honduras et le Guatemala ce dernier n’a pas de moyen légal pour empêcher l’entrée de honduriens sur son territoire. Seules quelques mères qui voyageaient avec des enfants mineurs et qui n’avaient pas les documents autorisant la sortie du territoire hondurien pour leurs enfants mineurs ont été refoulées avec aussi quelques adultes qui n’avaient pas de carte d’identité.
La traversée du Guatemala a été très rapide (moins de 36 heures), les marcheurs ayant obtenu la collaboration de la population locale et d’ONG internationales qui avaient loué des bus. Durant cette traversée se sont jointes à la marche près de 3.500 personnes, la plupart étant salvadoriens et guatémaltèques. A l’arrivée à la frontière du Mexique les marcheurs ont eu des problèmes pour traverser, créant des troubles avec de la violence.
A ce moment-là les gouvernements du Honduras et du Guatemala ont proposé aux marcheurs de les ramener à leurs endroits d’origine et près de 3.000 ont accepté : principalement des femmes avec enfants et des personnes âgées. Donc près de 4500 personnes ont finalement réussi à traverser la frontière et ont entamé la marche vers les Etats-Unis d’Amérique.
Lors de la montée vers le nord, la marche s’est divisée en plusieurs groupes et d’autres personnes du Honduras, Salvador et Guatemala qui avaient déjà traversé la frontière Mexicaine avant le départ de la marche, avec quelques Mexicains et d’autres immigrants d’Amérique latine se sont joints à la marche. Cela a fait monter à nouveau à près de 7000 personnes.
Les raisons du départ des migrants sont toujours les mêmes : soit la violence dans leurs pays d’origine parce qu’ils vivent dans des zones contrôlées par les « maras », soit le manque de travail bien rémunéré, soit le désir de rejoindre des membres de la famille installés aux USA depuis des années. Dans de quelques rares cas ce sont des membres de la communauté LGBT ou des personnes qui se sentent repoussées par la société pour différentes raisons.
Les médias locaux traitent la situation avec beaucoup de couverture. Les commentaires ont souvent une orientation politique car il n’y a aucun doute que cet évènement est utilisé par l’opposition, particulièrement au Honduras.
UN MOUVEMENT POLITIQUE
Au départ il n’y a aucun doute que l’idée d’organiser cette marche est partie du Parti Libre au Honduras qui est affilié avec les gouvernements du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua. Des vidéos existent de membres du Parti Libre organisant les marcheurs et leur donnant de l’argent pour participer à la marche.
L’objectif : mettre le président du Honduras dans l’embarras localement mais aussi au niveau international particulièrement avec le Président Trump. Des analystes politiques pensent – et certaines informations obtenues par les services du renseignement du Honduras prouvent – que l’un des objectifs politiques est de dévier l’attention des situations internes du Nicaragua et du Venezuela et de prouver que ces deux pays ne sont pas les seuls à avoir des problèmes internes.
RELATIONS HONDURAS – MEXIQUE
Les relations avec le Honduras et le Mexique sont généralement bonnes. Les deux gouvernements travaillent ensembles sur les problèmes communs comme ceux liés au trafic de drogue, etc. Le changement de Président au Mexique inquiète les gouvernements du Guatemala et du Honduras qui sont considérés de droite, alors que le nouveau Président Lopez Obrador inquiète par ses prises de position sur beaucoup de sujets.
RELATION AMERIQUE CENTRALE VS ETATS-UNIS
Il n’y a aucun doute que l’élection du Président Trump a changé les relations des Etats-Unis avec l’Amérique Centrale, particulièrement avec les 3 pays du triangle nord à cause de l’immigration vers les USA.
La façon de traiter ce sujet a changé et va continuer de changer. Le Président Obama voyait la solution dans la croissance économique des pays et la solution de la violence locale. Le Président Trump ne s’intéresse pas aux causes de la migration juste à l’interdire, donc il menace avec la construction d’un mur le long de la frontière, avec l’expulsion des migrants, avec des sanctions pour les pays qui laissent partir des migrants vers les USA, etc. Il est fort probable que l’aide des USA aux pays du triangle nord se voit affectée et qu’il y ait même des sanctions commerciales avec la renégociation du traité de libre commerce entre les USA et l’Amérique Centrale. Si c’est le cas, on verra encore plus de pauvreté dans ces pays. La réduction de la pauvreté en Amérique centrale viendra de l’éducation de sa population et de la croissance économique en offrant plus et de meilleurs emplois pour sa population.