L’Ouest du Canada et le Nord des Etats-Unis sont touchés depuis plusieurs jours par une forte vague de chaleur. Les températures sont montées à près de 47°C dans cette région du Canada où la température moyenne enregistrée en juin 2020 était de 14°C.
Ce “dôme de chaleur” exceptionnel où stagne de hautes températures a de graves conséquences sur la population. Plusieurs centaines de morts subites, des hospitalisations en hausse ont été déclaré. Egalement des feux des forêts difficiles à contrôler sont en hausse.
L’équipe de l’ASFE s’est entretenue avec Anne Ayechet, instructeur et programm coordinator dans l’éducation, également française installée à Vancouver depuis plusieurs années.
Comment le “dôme de chaleur” a-t-il impacté la vie des Canadiens ?
A cette saison sur la côte ouest, il est rare que les températures dépassent les 25 degrés. Mais cette forte hausse a pris tout le monde de court. Lundi, j’ai vu le Seawall d’ordinaire remplis de vélos et piétons totalement vide. Des rues clairement désertées au profit des magasins offrant une bulle de fraîcheur. Des restaurants qui n’ouvrent pas leurs terrasses. Une vie au ralenti avec pas mal de difficultés pour respirer.
Ce n’est que le lendemain qu’on a commencé à entendre parler du nombre de décès soudains causés par la chaleur qui montait en flèche un peu plus chaque heure. Par réflexe, c’est vers les montagnes que nos yeux se sont tournés espérant ne pas y voir un début bien trop anticipé de la saison des feux de forêts. Immédiatement les écoles ont été fermées et les vaccinations ont dû être reportées. Cependant, Vancouver, en tant que ville côtière, a été relativement épargnée comparé à Lytton, British-Columbia. Petit à petit, les plages se sont remplies avec en prime du sable brûlant et des vagues chaudes. Pourtant il y faisait bien meilleur que dans les appartements sans clim ni ventilateur comme le mien. Immédiatement, on a observé une rupture de stock sans précédent des clims et piscines pour enfants. Aujourd’hui, les feux de camp sont totalement bannis jusqu’à nouvel ordre.
On sait que cet évènement a provoqué plusieurs incendies au Canada. Quels ont été les autres impacts écologiques de ce pic de chaleur ?
Il faut garder en tête que cette année, la saison des feux a commencé avec presque un mois et demi d’avance. En conséquence, la population doit faire face à un niveau de pollution inédit. Les alertes publiées par météo Vancouver indiquent une claire dégradation de la qualité de l’air. Notamment dût un brouillard de fumée observable avec des couchers de soleil extrêmement rouges. Cependant, au-delà de l’atmosphère, la vie marine et l’agriculture ont également été affectées. Je garde espoir que la vallée de l’Okanogan qui est le grenier de la région ne sera pas réduite à néant par la sécheresse extrême et les feux. D’un point de vue sanitaire, je pense que l’on ne mesure pas encore les réelles conséquences sur l’organisme si ces vagues devaient devenir de plus en plus longues et fréquentes.
Quelle est l’attitude écologique à adopter selon vous face à cette situation ?
Étant donné que la climatisation est un réflexe culturel en Amérique du Nord, il n’est pas très surprenant de voir autant de personnes y avoir recours malgré la pollution qui s’en dégage et de ses effets délétères sur l’atmosphère. Cette vague de chaleur était une véritable aubaine pour les hôteliers et leurs établissements qui disposaient de la climatisation et ce, juste avant le long weekend de la fête nationale. Ces derniers ont accumulé les réservations.
Face à cet épisode caniculaire, des stations de brumisation ont été installées par la ville de Vancouver ainsi que des centres de rafraîchissement.
Aucune des mesures mises en place ne sont écologiques car vu l’urgence, je peux comprendre que les gens ont opté pour une solution à très court terme. A long terme, je pense qu’on est encore très en retard pour faire de Vancouver une ville totalement verte malgré les nombreuses initiatives. Telles que les très nombreuses pistes cyclables, les parkings de plus en plus chers, le SkyTrain, faire payer l’entrée dans la ville aux véhicules venant de l’extérieur, etc.
Les climatologues affirment que le dôme de chaleur est un événement rare mais qui sera de plus en plus fréquent avec le réchauffement climatique. Comment la ville de Vancouver réagit-elle face au réchauffement climatique ?
L’ancien maire de Vancouver Robertson avait lancé en 2009 son plan « GreenestCity ». Vancouver est déjà la ville la plus verte au Canada et une des plus vertes en Amérique du Nord. Depuis 2015, la moitié des déplacements en ville se font en transport en commun, à pied ou en vélo. La ville est traversée par 275 km dépistes cyclables et le système de transport collectif est équipé de bus électrifiés. Une nouvelle ligne de métro ainsi que 200 bornes électriques ont été installées pour les voitures électriques permettant de réduire l’empreinte carbone. Vancouver est aussi une ville que l’on peut visiter à pied. Lorsque les températures le permettent, on peut notamment faire une promenade magnifique sur le Seawall, un sentier de 15 km qui longe les côtes de la baie et du Pacifique. Des bâtiments neutres en carbone poussent partout en ville.
Avez-vous autre chose à ajouter?
Je savais que le Canada était un pays connu pour ses extrêmes. En 2007, j’habitais au Manitoba et j’ai vu un hiver s’éterniser avec de la glace en mai/juin. Quelques années plus tard, des feux sont apparus en mars. J’ai pu expérimenter un ressenti de -50 plusieurs fois avec une certaine once de fierté mais jamais je n’aurais cru possible de faire un grand écart de presque 100°C. C’est tristement chose faite en un peu moins de 15 ans passés dans le pays.