Nombre d’observateurs ont prédit que l’Afrique serait le continent du XXIème siècle. Une prédiction qui se voulait positive, synonyme de croissance et de décollement économique, quarante ans après la vague des indépendances.
Qu’en est-il exactement alors que l’avenir de la France est étroitement lié à l’évolution de la situation au sud de la Méditerranée ? Emmanuel Macron, récemment en visite au Rwanda puis en Afrique du sud, le sait mieux que personne : la perspective immédiate s’annonce beaucoup moins souriante. La progression du djihadisme à travers tout le continent suscite une vive inquiétude : quelque 160 villageois viennent encore d’être tués ces derniers jours au Burkina Faso.
Alors que la démocratie commençait à s’installer ici ou là, certes tant bien que mal, la propagation de groupes islamistes remet en question cette condition sine qua non du développement. Les filiales de l’Etat islamique et d’al-Qaïda ainsi que Boko Haram déstabilisent le Sahel, l’Afrique centrale et désormais l’Afrique australe. Allant même jusqu’au Mozambique, où les massacres touchant les populations civiles se répètent. Face à cette menace constante, les gouvernements en place sont démunis.
Seule la France, aujourd’hui, accepte de jouer un rôle de gendarme avec l’opération Barkhane, forte de quelque 5000 hommes, en Afrique de l’Ouest. Présents depuis sept ans, nos soldats sont à la peine. De même que personne ne peut prévoir une fin heureuse à notre engagement à court et moyen termes. L’instabilité politique chronique ne facilite pas les choses. Le deuxième coup d’Etat, illustre la difficulté d’avoir des interlocuteurs fiables dans la lutte contre le djihadisme. L’incertitude est telle qu’Emmanuel Macron vient de décider la suspension de la coopération militaire française au Mali. Un geste qui met les autorités de Bamako au pied du mur pour les obliger à ne pas négocier avec les groupes terroristes, comme elles en ont la tentation. Un retrait total de la France dans la région ? Il aurait de lourdes conséquences pour les pays concernés et pour nous.
« Je le dis avec lucidité, si on est complice de l’échec de l’Afrique, on aura des comptes à rendre, mais on le paiera cher aussi, notamment sur le plan migratoire », a déclaré le président français depuis l’Afrique du sud. D’où la nécessité, selon le chef de l’Etat, d’investir « massivement » sur place, à l’issue de la pandémie de Covid-19 « avec l’équivalent d’un plan Marshall ». La communauté internationale, ajoute-t-il, doit avoir « la générosité de dire qu’on efface une partie de la dette pour aider les Africains à bâtir leur avenir ».
Si la pandémie a peu touché le continent en proportion de sa population – 130.000 décès contre plus d’un million en Europe -, et on ne peut que s’en féliciter, elle a, en revanche, considérablement affecté l’activité économique. « La pandémie a brutalement rappelé que le XXIe siècle sera dominé par les risques planétaires et qu’hommes, nations et continents n’ont jamais été aussi interdépendants, écrivait, il y a peu, l’économiste Nicolas Baverez dans les colonnes du Figaro. À l’heure de la nouvelle guerre froide qui se dessine, les Européens ne doivent pas oublier qu’une part essentielle de leur prospérité, de leur santé et de leur sécurité se joue en Afrique. » Tout est dit : c’est en partie en Afrique que se joue l’avenir de l’Europe et de la France.
L’équipe de l’ASFE
La France fait et fera face de plus en plus à une concurrence acharnée de la Russie, de la Chine et de la Turquie, pour nommer que ceux-là, sur son « pré carré » africain, n’ayons pas peur des mots en nommant ainsi les pays du Sahel de l’ancienne « Afrique Occidentale Française ».
Les djihadistes et autres mouvances islamistes radicales ne sont que la « vitrine » de cette concurrence, ne nous leurrons pas.
Ils profitent du « vide » administratif, juridique, social et financier laissé par des chefs d’états et de gouvernements africains plus soucieux de leur bien être que de celui de leurs peuples.
Ne soyons pas complices de ces roitelets de village sous prétexte qu’ils constituent un soi-disant « rempart » contre le djihadisme en Afrique. Ils contribuent beaucoup plus à son développement qu’on le croit et nous en payons ou nous en allons payer le prix fort si nous persévérons dans cette « voie de garage » qui consiste à les « défendre » contre un ennemi bel et bien manipulé au gré des visions continentales de nos « concurrents » et parfois « puissances alliées ou amies ».
A mon avis, c’est sur le Maghreb, notamment francophone, qu’il faut miser.
En effet en aidant ce dernier, selon sa géographie, son économie et sa marche bon an mal an vers la démocratie, à renforcer et réaménager son potentiel industriel, agricole et manufacturier, et, évincer les visées expansionnistes turques, russes et chinoises sur l’Afrique du Nord, l’Europe constituera de fait un « rempart » solide contre toute velléités pseudo islamistes radicales et empêcher des flux migratoires de plus en plus utilisés comme une « arme » contre le vieux continent.
Donc, il faut peu à peu se retirer de cette Afrique qui devra faire face à de nombreux défis avant de pouvoir relever, par elle-même, sa tête.
En quittant (militairement) le Mali, et nous donneront au continent africain un signal fort sur notre volonté de recentrer, avec l’Europe, notre politique en Afrique.
Pour ma part, j’estime que la France pourrait toujours mieux tirer son épingle du jeu en optimisant ses stratégie géopolitiques. La pierre angulaire est de mètre à profit la diaspora africaine francophone qui est un potentiel intellectuel et culturel. Le lien est fort et je suis de fait convaincu que cette ressource ferait mieux réussir la France face aux appétits des autres puissances.