Si l’internationalisation des musées a commencé avec le musée Guggenheim, à travers la création de la Fondation Peggy Guggenheim à Venise en 1980 et l’ouverture du Musée Guggenheim à Bilbao en 1997, l’expansion internationale des musées s’est depuis fortement généralisée, les Musées français y contribuant grandement.
Cette expansion des musées français à l’international participe au rayonnement de la culture française dans le monde et à la promotion d’un savoir-faire en matière d’art et de muséographie. De plus, l’art est parfois, et même souvent, un outil diplomatique, dans le sens où il est vecteur d’échanges culturels, commerciaux et touristiques entre pays.
En Novembre 2017, soit dix ans après la signature de l’accord initial, « Le Louvre Abu Dhabi » est inauguré en grande pompe dans un bâtiment dessiné par Jean Nouvel, après une longue collaboration entre les autorités des Emirats, l’agence France-Muséum et l’administration du Musée du Louvre. « En inaugurant ce musée, nous n’inaugurons pas seulement une institution culturelle, mais aussi une certaine ambition pour le monde, faite d’échanges culturels et artistiques inédits », déclare alors Françoise Nyssen, Ministre de la Culture. L’expansion du Louvre à l’étranger répond également à une logique financière, l’accord apportant à l’institution 1 milliard d’euros sur 30 ans, 400 millions pour pouvoir utiliser la marque Louvre, 25 millions d’euros pour le mécénat…
Cette volonté d’internationalisation ne date cependant pas de l’année dernière. D’autres projets éphémères avaient vu le jour dès les années 2000’, comme illustré ci-dessous par l’infographie du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. Le Louvre-Atlanta (2006), le musée Rodin à Salvador de Bahia (2009) ou plus récemment l’ouverture du Centre Pompidou à Malaga (2015) avaient jeté les jalons de la première vague d’internationalisation des musées français à l’étranger.
Si les annexes des deux premiers ont depuis fermé, le Centre Pompidou de Malaga est toujours en activité, et le musée d’art moderne parisien poursuit sa forte ambition internationale, avec l’ouverture l’année prochaine d’un Centre Pompidou à Shanghai, dans un bâtiment de 25 000 m2 conçu par David Chipperfield. En outre, un projet éphémère, le Kanal-Centre Pompidou, a été lancé à Bruxelles en mai dernier, mettant en place un pôle culturel conçu en partenariat entre la ville et l’institution parisienne dans un ancien garage Citroën pour une durée de 10 ans.
Par ailleurs, cette stratégie peut prendre une forme moins officielle et s’axer autour d’une coopération bilatérale. Le parfait exemple de cette collaboration entre deux Etats est la double exposition entre l’Iran et la France : d’une part, une exposition au Musée National d’Iran, réunissant plus de 50 œuvres issues des différents départements du Louvre et du musée Delacroix, d’autre part l’exposition « L’Empire des Roses » au Louvre-Lens, qui présente les chefs-d’œuvre de l’art persan du 19e siècle.
Que ce soit par le biais d’une implantation à l’étranger ou un partenariat avec d’autres musées, l’internationalisation des musées français est un outil diplomatique au service du rayonnement culturel français. Cependant, on peut se demander dans quelle mesure cette expansion profite à tous, étant pour l’instant réservée aux deux musées français les plus réputés et aux pays développés ou à fort potentiel comme la Chine.