Le 17 avril 2021, la Gouvernement a pris la décision de placer en quarantaine les passagers en provenance d’Afrique du Sud. Le Dr Yves Guénon, président de la FSACCI (Chambre de commerce et d’industrie France – Afrique du Sud), a voulu réagir.
Selon lui, l’Afrique du Sud conduit une politique sanitaire structurée et coordonnée. Dans une lettre ouverte, il affirme que cette décision « ne semble répondre qu’à une logique de communication virile et à court terme. Elle est arbitraire, sans fondement et punitive. ». L’équipe de l’ASFE a souhaité en savoir davantage.
Pouvez-vous nous décrire la situation sanitaire en Afrique du Sud ? Comment est-elle gérée par le gouvernement sud-africain ? Savez-vous où le variant 501Y V2 est-il le plus présent dans le monde ?
L’Afrique du Sud a une politique très coordonnée et structurée de gestion du Covid que ce soit pour la surveillance épidémiologique (NICD reconnu internationalement, plus de 10Millions de tests PCR réalisés à date), le traçage et la gestion des confinements par un système d’alerte/restriction à 5 niveaux.
Actuellement, le virus circule très peu, et ce depuis plus de 6 semaines. Comme le montrent les courbes ci-dessous le pic de la seconde vague a été atteint le 11 janvier dernier et le nombre de nouveaux cas quotidiens a diminué très rapidement, et depuis début mars, la circulation du virus est faible. Un niveau de 800 à 1200 nouvelles infections quotidiennes depuis début mars et un taux de positivité des tests < 5%. D’autre part le pays a un taux d’incidence extrêmement bas (38 cas actifs pour 100 000 contre 1600 pour 100 000 en France).
Le variant 501Y V2 représente environ 84% des infections en Afrique du Sud et ce depuis dès mois, cependant nous ne notons pas une envolée des cas. En France la circulation du variant 501Y V2 et du variant brésilien 501Y V3 est d’environ 5000 cas hebdomadaires.
Données en date du 16 avril 2021. Source : World Wometer
La décision française de restreindre la circulation des Français entre l’Afrique du Sud et la France ainsi que la décision de quarantaine concernant les passagers en provenance d’Afrique du Sud a-t-elle un impact sur l’économie des entreprises françaises implantées localement ?
Cette décision handicape les entreprises françaises établies ou ayant des relations avec le pays alors que la reprise sur le continent africain se met en place, elle condamne une partie des entrepreneurs français à l’étranger (EFE) – déjà dans une grande précarité et qui n’ont bénéficié d’aucune aide – après un an de sacrifices et au moment d’un espoir de reprise. Et enfin elle ternit durablement la réputation d’un pays tout entier, dont la seule faute a été de faire preuve de transparence.
Que reprochez-vous aux mesures gouvernementales françaises ?
Ce que nous ne pouvons accepter c’est l’amalgame entre la situation sanitaire en Afrique du Sud et celle que connait le Brésil et qui a amené le premier ministre à restreindre la circulation des Français entre l’Afrique du Sud et la France.
La décision de quarantaine concernant les passagers en provenance d’Afrique du Sud, ne semble répondre qu’à une logique de communication virile et à court terme. Elle est arbitraire, sans fondement. En effet pourquoi assigner à résidence des Français (testés avant le départ, retestés à l’arrivée) et infliger une amende pouvant atteindre 1500€, envoyer la police pour vérifier qu’ils ne quittent pas leur domicile, quand un Français résidant en France ayant été testé positif n’a aucune obligation formelle de rester chez lui et que la police n’est pas mandatée pour faire cette vérification, c’est une véritable rupture d’égalité. Qui est le plus dangereux un sujet négatif venant d’Afrique du Sud ou un Français positif ?
Pensez-vous que cette décision menace les relations entre l’Afrique du Sud et la France ?
Il est difficile de dire si cette décision menace les relations mais elle ne va pas les améliorer.
Je note toutefois le 26 avril une réaction assez ferme du gouvernement sud-africain envers les USA qui ont recommandés à leurs ressortissants de ne pas voyager en Afrique du Sud.
Après un temps d’arrêt, la campagne vaccinale s’apprête à reprendre dans les prochains jours. Où en est l’Afrique du Sud sur ce plan ?
La stratégie de vaccination comme en France va se dérouler en plusieurs phases, la première qui a commencé s’adresse principalement au personnel de santé (1,2 millions de personnes). Elle a été ralentie car elle s’appuyait surtout pour une grande partie sur le vaccin J&J, elle redémarre le 28 avril avec l’objectif de vacciner quasiment tout le personnel pour mi-mai. Le démarrage de la phase 2, vaccination des personnes à risque et de plus de 60 ans doit aussi débuter en mai avec Pfizer et J&J. Il faut la mise en place de production locale (production du vaccin J&J), avec un impact et un rayonnement régional.
Sous l’impulsion du président Ramaphosa, l’Union Africaine a développé une stratégie de lutte contre la Covid comprenant l’achat de vaccins coordonné (plus de 700 millions de doses) en complément du mécanisme Covax.