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Natacha Mignon : “Oser, c’est déjà réussir”

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Avocate en France, Natacha Mignon a choisi en 2008 de s’installer à Montréal pour y construire une nouvelle vie professionnelle. Après avoir exercé dans les médias juridiques et intégré le Barreau du Québec, elle a fondé en 2017 le cabinet Immétis, aujourd’hui reconnu comme une référence en droit de l’immigration au Canada. Son parcours illustre à la fois une remarquable capacité d’adaptation et l’importance de l’accompagnement humain dans les projets de mobilité internationale.

Dans une interview accordée au Petit Journal, vous évoquez souvent votre installation à Montréal comme un « pari » plus qu’une rupture. Avec le recul, qu’est-ce qui a été le plus difficile, et qu’est-ce qui vous a donné la force de persévérer ?

Ce n’était certainement pas une rupture. Et plutôt que « pari », je dirais que je l’ai vécu comme une opportunité à saisir. Mon mari, Stéphane, et moi avions 31 ans, deux enfants et deux carrières qui démarraient bien. Nous n’avions ni raison, ni même l’envie de quitter la France — je dirais même que nous n’y avions jamais songé. Un soir, après le travail, il m’annonce qu’on lui propose un poste à Montréal. J’étais enceinte de notre troisième enfant et sur le point de devenir avocate-associée dans mon cabinet. J’ai eu immédiatement l’intuition qu’il ne fallait pas trop réfléchir, car à peser le pour et le contre, nous ne bougerions pas. Je lui ai demandé une nuit de réflexion et, au petit matin, je lui ai dit : « Chiche, on y va ! »

L’arrivée a été difficile. En 2008, il n’y avait pas encore autant de ressources pour les nouveaux immigrants. J’ai traversé de nombreuses galères, à commencer par l’impossibilité de trouver une garderie pour mes deux plus jeunes enfants, et un emploi dans mon domaine. C’était sans doute le plus dur : je me sentais dévalorisée, isolée. Pourtant, à aucun moment je n’ai envisagé de rentrer en France. Plus que de la persévérance, je crois que c’est aussi une question d’ego : nous avions fait ce choix, il n’y avait pas d’autre option que de faire en sorte que ça fonctionne.

Votre cabinet Immétis accompagne des milliers de personnes dans leurs projets de mobilité. Quelle est votre plus grande fierté dans cette aventure entrepreneuriale ?

Ma plus grande fierté, c’est d’avoir osé. Après quelques années d’expatriation, j’ai pu intégrer le Barreau du Québec grâce aux accords de reconnaissance mutuelle avec la France. J’ai repris la pratique du droit comme avocate salariée pendant plusieurs années. J’avais retrouvé une vie professionnelle stable, confortable. J’aurais pu y rester vingt ans. Et puis, j’ai choisi de démissionner et de fonder mon propre cabinet en immigration, alors que je n’avais que peu de clients dans ce domaine. Ce choix entrepreneurial, je l’ai fait avec conviction, et j’en suis fière encore aujourd’hui.

La suite a largement dépassé mes attentes. Ce qui me rend heureuse, c’est d’avoir su repenser les services en immigration pour mieux répondre aux besoins des clients, et d’avoir réussi à fédérer une équipe de professionnels passionnés, dont beaucoup sont encore à mes côtés aujourd’hui.

Vous dites souvent que derrière chaque dossier, il y a une histoire, un projet de vie, une famille. Pouvez-vous partager une expérience qui vous a particulièrement marquée dans votre pratique ?

J’en aurais mille à raconter. Mais je pense à cette famille qui avait construit un projet de vie au Québec, en partie pour offrir une nouvelle chance à leur adolescent en plein décrochage scolaire. Leur fils a repris le chemin de l’école, puis a poursuivi des études supérieures. C’est dans ces moments-là qu’on mesure l’impact réel de notre travail.

Comment conciliez-vous l’excellence juridique et l’accompagnement humain, deux dimensions qui semblent au cœur de votre approche ?

Très naturellement. L’équipe est composée exclusivement d’immigrants ou d’enfants d’immigrants, venus de différents pays. Nous avons tous traversé le processus migratoire. Avant d’en maîtriser les aspects techniques, nous en avons fait l’expérience dans notre chair. Nous connaissons les délais, les pertes de repères, les espoirs et les désillusions. La moindre des choses que nous devons à nos clients, c’est de les accompagner avec rigueur, mais aussi avec humanité.

Enfin, si vous deviez donner un conseil à celles et ceux qui rêvent de s’expatrier et de se réinventer, quel serait-il ?

D’oser le faire, surtout au Canada. Beaucoup attendent le moment parfait, les conditions idéales, un alignement des planètes. Eux ne partiront jamais, car ce moment n’existe pas. Il faut accepter une part d’inconnu, de déséquilibre temporaire, et parfois même de doute. L’expatriation, c’est une aventure qui bouscule, qui oblige à sortir de sa zone de confort, mais qui ouvre des perspectives incroyables.

Et n’oubliez pas qu’un retour est toujours possible. Ce n’est pas un aller sans retour. Ce ne sera pas un échec, juste une autre étape. L’important, c’est d’avoir essayé.

Me Natacha Mignon

Natacha Mignon, Avocate & fondatrice d’Immétis (Montréal)

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