✨ L'ASFE fait peau neuve ! Découvrez notre nouvelle identité →

✨ L'ASFE fait peau neuve ! Découvrir →

Lecornu II : le pari

Facebook
X
LinkedIn
WhatsApp
Email
Print

Depuis dimanche soir, la France vit une séquence politique singulière. Après des semaines d’incertitude et de remaniements laborieux, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté la composition de son gouvernement 2.0.

Pour les Français de l’étranger : Éléonore Caroit, députée de la 2e circonscription des Français établis hors de France (Amérique latine), devient ministre déléguée chargée des Français de l’étranger. Certes sixième titulaire en moins de cinq ans, elle connaît pour autant, de par son mandat de parlementaire, très bien les préoccupations rencontrées par les Français de l’étranger, à l’inverse de ses prédécesseurs. Ceci va permettre de gagner un temps considérable pour sa prise de poste et l’avancée des dossiers.

Mais, en métropole, le reste du gouvernement devra composer avec un pays plus divisé que jamais. Mardi, Sébastien Lecornu a prononcé sa Déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale éclatée, où il a tenté de renouer le fil du dialogue démocratique. « Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez », a-t-il martelé, annonçant son renoncement à l’usage de l’article 49 al. 3 de la Constitution.

Présenté comme un acte de confiance envers le Parlement, ce geste se veut une main tendue dans une Assemblée sans majorité depuis 2024. Lecornu veut parier sur l’intelligence collective des députés pour redonner sens à une démocratie parlementaire à bout de souffle. Mais ce pari pourrait se retourner contre lui : sans 49.3, chaque texte devra être négocié ligne à ligne, et chaque vote pourra menacer la survie du gouvernement.

Le cœur de son discours tenait en une promesse : rendre le pouvoir au débat tout en gardant le cap de la responsabilité budgétaire. Le Premier ministre s’est engagé ainsi à maintenir le déficit public sous les 5 % du PIB, à renforcer la lutte contre la fraude et à réaliser des économies. Tout en ouvrant la voie à une fiscalité plus équitable : reconduction de la contribution exceptionnelle sur les grandes fortunes et allègements pour les PME. Un équilibre fragile, entre gages donnés aussi à la gauche qu’à la droite, dans un « en même temps » macronien quasi-parfait.

Mais c’est sur les retraites que Lecornu a surpris, en annonçant la suspension de la réforme de 2023 jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Un geste d’apaisement salué par les syndicats réformistes, accompagné d’une Conférence sur les retraites et le travail pour refonder le système avant 2028. Devant le Sénat, il a d’ailleurs précisé : « Suspendre n’est pas renoncer. »

Sans grande surprise, l’Assemblée, elle, reste divisée. Les oppositions les plus fortes ont déposé une motion de censure, mais les socialistes, refusant d’ajouter de la crise à la crise, ont choisi l’abstention, permettant au gouvernement de se maintenir. Une position de prudence : soutenir les mesures d’équité sans cautionner la politique de l’exécutif.

Cette attitude illustre la recomposition du paysage politique : plus de blocs fixes, mais des coalitions mouvantes. Lecornu devra apprendre le compromis et la concession. La France découvre, presque malgré elle, les règles d’un parlementarisme qu’elle n’a jamais vraiment pratiqué depuis 1958.

Reste la question essentielle : cette méthode suffira-t-elle à restaurer la confiance ? En promettant un gouvernement de mission, centré sur le budget, les retraites et la décentralisation, Lecornu tente de substituer la pédagogie à la verticalité. Mais dans une France fatiguée, le pari du dialogue ne sera crédible que s’il débouche sur des résultats. Tenir ne suffira pas : il faudra convaincre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La Newsletter de l'ASFE

Retrouvez tous les mois les informations principales et des conseils pratiques pour les Français de l’Étranger.