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« Les Français de l’étranger, un atout stratégique encore trop peu reconnu »

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Lors d’un entretien avec la sénatrice Sophie Briante Guillemont, Maxime Beutin, Français installé à Shanghai, a présenté son mémoire en intelligence économique. Il y souligne que les Français de l’étranger sont trop souvent perçus sous un angle administratif, alors qu’ils représentent un atout majeur pour l’économie, la diplomatie et l’influence française.

Son message est clair : il est temps de changer de regard et d’intégrer pleinement cette communauté dans une véritable stratégie nationale.

Quelles sont les grandes lignes de votre étude ?

Cette recherche, menée dans le cadre d’un Master en Intelligence économique, part d’une question simple : de nombreuses Nations reconnaissent et mobilisent leur diaspora comme levier de puissance dans différents domaines (économique, technologique, scientifique, diplomatique, etc.). En est-il de même pour la France et les Français de l’étranger ?

En analysant 25 années de publications institutionnelles françaises, le constat est clair : la population des Français de l’étranger est largement appréhendée sous l’angle administratif et électoral, mais reste très mal connue et insuffisamment intégrée à la vie nationale.

J’ai ensuite esquissé ce que pourrait être la contribution de cette population dans une stratégie d’intelligence économique — si elle existait — autour de trois piliers : renseignement économique, sécurité économique et influence. Malgré quelques initiatives méritoires, les Français de l’étranger demeurent aujourd’hui sous-valorisés.

Enfin, j’ai identifié plusieurs freins à leur pleine intégration dans les réflexions géopolitiques, stratégiques et opérationnelles, tout en avançant des pistes pour bâtir une stratégie nationale qui leur donnerait toute leur place dans le destin collectif.

En résumé, cette étude se veut à la fois diagnostic, plaidoyer et appel à l’action.

Quelles recommandations principales formulez-vous ?

La première est un changement de regard. Jamais la France n’a compté autant de compatriotes établis hors de ses frontières : il faut reconnaître cette réalité démographique et voir dans cette communauté une opportunité unique. Trois atouts se dégagent :

  • leur extériorité,

  • leurs compétences interculturelles et internationales,

  • et leur volonté persistante de contribuer à la France, malgré l’éloignement.

Il faut donc leur donner une place réelle dans les stratégies nationales.

La deuxième recommandation consiste à mettre en place une organisation institutionnelle transversale, qui dépasse les silos administratifs. Cette entité aurait pour mission de définir et de piloter une véritable politique diasporique, relayée sur le terrain par les structures locales.

Enfin, il est essentiel de changer le regard des institutions françaises sur les acteurs privés de la diaspora. Trop souvent perçus comme concurrents, ils devraient être considérés comme des partenaires à part entière.

Et les Entrepreneurs Français à l’Étranger (EFE) ?

Les EFE sont encore plus invisibles que les Français de l’étranger dans leur ensemble. Très peu de documents leur sont consacrés, et ils n’apparaissent pas dans les grands rapports récents. Pourtant, leur rôle dépasse largement le commerce extérieur.

Certains parlent même de « diplomatie économique parallèle » : en effet, les EFE peuvent contribuer à de nombreux domaines stratégiques — emploi, formation, transfert de compétences, veille, appui opérationnel, influence, partenariats locaux…

Valoriser leur réussite permettrait aussi de modifier le regard porté sur l’expatriation, souvent réduite à des clichés obsolètes. Loin d’être une perte de talents, ces entrepreneurs et leurs réseaux sont une force pour la France.

Le terme « diaspora » est-il pertinent pour les Français de l’étranger ?

Le terme suscite des débats : certains estiment qu’il ne correspond pas à la réalité française, en raison de ses connotations historiques ou religieuses. Pourtant, dans son acception anglo-saxonne, il désigne simplement la dispersion d’un peuple dans le monde.

Je choisis volontairement ce mot, car il envoie un signal fort :

  • aux Français de l’étranger, qu’ils font pleinement partie de la communauté nationale,

  • et aux institutions françaises, qu’il est temps de les intégrer dans les stratégies du pays.

Au-delà des mots, l’enjeu est clair : organiser cette population et lui donner les moyens d’être un acteur reconnu et mobilisé de la projection française.

Un mot de conclusion ?

Beaucoup partagent ce constat, même si certaines objections reviennent :

  • il existe déjà des initiatives, mais elles restent fragmentées, limitées et sans vision d’ensemble ;

  • certains Français de l’étranger ne veulent plus contribuer, mais beaucoup expriment au contraire le désir de le faire ;

  • la diversité des profils rend l’organisation complexe, mais elle ne doit pas masquer l’essentiel.

J’appelle donc chaque Français(e) de l’étranger intéressé(e) à apporter son témoignage et sa réflexion. Dans un monde marqué par les tensions géopolitiques et les mutations stratégiques, il serait dommage — voire dommageable — que la France se prive de ce levier de puissance.

Maxime Beutin

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