Retraites : Fumée noire sur le conclave

Lundi 23 juin, à l’issue d’une réunion de la dernière chance entre partenaires sociaux, les discussions sur la réforme des retraites – adoptée en mars 2023 par le gouvernement Borne via l’article 49.3 – ont échoué.

Après quatre mois d’échanges et seize réunions entre syndicats et organisations patronales, aucun accord n’a pu être trouvé autour du texte de dix pages présenté par Jean-Jacques Marette, le médiateur nommé par le Premier ministre. Pourtant, l’exercice était intéressant.

Autour de la table, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC – affaiblies par le retrait de Force Ouvrière et de la CGT – ont défendu leurs lignes rouges face au Medef et à la CPME. Chacun a campé sur ses positions, renvoyant à l’autre la responsabilité de l’échec.

Si l’issue défavorable était redoutée par certains, notamment en raison de la position du Gouvernement sur le non-report de l’âge légal de départ à la retraite, l’exercice de négociation a révélé de profonds désaccords entre les partenaires sociaux.

Le plus épineux : la reconnaissance de la pénibilité au travail. De son côté, le Medef défend plutôt la prévention des risques et la reconversion. La CPME, quant à elle, suggère des départs anticipés validés par un collège de professionnels de santé.

Qui paiera ?

Autre point de blocage : la répartition de l’effort financier pour assurer la soutenabilité du système et contenir un déficit estimé à 6,6 milliards d’euros en 2030. Si les syndicats réclamaient un « effort partagé entre actifs, retraités et entreprises », le patronat a refusé la hausse des cotisations patronales.

Un point d’accord : le calcul des droits à la retraite pour les femmes ayant eu des enfants, sujet sur lequel une volonté commune avait été identifiée : calculer le montant de leurs retraites sur les 24 meilleures années de leurs carrières.

À qui la faute ?

Tandis que certains ont dénoncé des « interférences politiques » dans la négociation, les députés socialistes ont affiché, suite à cet échec, leur volonté de renverser le Gouvernement. Il est suivi par d’autres partis de gauche, notamment le groupe communiste de l’Assemblée nationale qui prépare également une motion de censure.

Mais sans le soutien du RN, aucune chance que cette motion ne soit adoptée. Or Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, a déclaré hier dans la presse que son parti ne participerait pas au vote, précisant que « le rendez-vous de la censure, c’est à l’automne, c’est au moment du budget ».

Et maintenant ? Face à cet enlisement, le Premier ministre François Bayrou tiendra aujourd’hui, à 17h, une conférence de presse. Il affirme qu’un « chemin existe pour sortir de cette impasse »…

L’Équipe de l’ASFE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *