Lauréat du prix du Public des Trophées des Français de l’Étranger 2025, Julien Balanqueux est un entrepreneur français expatrié aux Pays-Bas. Cofondateur de Tech Makers, il organise des évènements réunissant l’écosystème de la tech, des investisseurs aux pouvoirs publics. Pour l’ASFE, il revient sur son parcours.
Julien Balanqueux, vous êtes lauréat du prix du public des Trophées des Français de l’étranger 2025 et Co-Fondateur de Tech Makers. Pouvez-vous nous retracer les grandes étapes de votre parcours ?
Originaire de Freyming-Merlebach, une petite ville de l’Est de la France, j’ai très vite été happé par l’international, notamment lors d’une expérience formatrice à NYC dans une école de langue !
Par la suite, mon titre de major de promotion en licence d’éco-gestion à Strasbourg m’a ouvert les portes d’un échange universitaire en Australie, à Sydney. J’ai ensuite intégré le prestigieux Master 203 de l’Université Paris-Dauphine, spécialisé en Finance de Marché. Durant ce dernier, j’ai eu l’opportunité d’étudier à Penn State aux Etats-Unis puis d’y effectuer 2 stages, l’un à Miami dans une firme de courtage et l’autre en Californie dans un fonds d’investissement.
J’ai la chance d’avoir toujours été aidé financièrement et encouragé par ma maman, Lydie Balanqueux. Mon travail m’emmène alors à Londres où je deviens Trader de Produits Dérivés chez Commerzbank.
À la suite de cette expérience, je flirte avec le théâtre où je rejoins le Lee Strasberg Theatre & Film Institute à Los Angeles. Après ma carrière en tant que Trader à Londres, j’ai ressenti le besoin de m’engager dans une voie plus entrepreneuriale, plus humaine. C’est ainsi que j’entre dans un fonds d’investissement à Amsterdam afin de combiner la Tech, la Finance et l’Humain, et que je co-fonde Tech Makers.

Vous avez une solide expérience dans le business. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer la communauté Tech Makers à Amsterdam ? Et concrètement, en quoi consiste cette initiative ?
En arrivant à Amsterdam il y a quelques années, j’ai très rapidement rencontré un groupe de français expatriés, dont Fabien Bouhier et Sébastien Le Goff, cela a “matché” directement entre nous, nous avions les mêmes valeurs et la même passion pour le business.
On aime à dire qu’on a acheté une tireuse à bière pour inviter des entrepreneurs à pitcher ! Mais d’un petit groupe sur Meetup, celui-ci s’est très vite transformé en une véritable communauté de Makers!
Aujourd’hui, Tech Makers, c’est plus de 4 300 membres, plus de 40 évènements organisés et plus de 150 startups accompagnées ! Mais, on a toujours voulu garder notre ADN, cette ambiance garage et startup.
Tech Makers repose sur trois piliers : des événements réguliers (de nos Tech Drinks chaque mois à nos évènements à grande échelle comme AI for Good), une communauté active et soutenante et une aide personnalisée fournie par des experts dans leur domaine (produit, tech, finance, …).
Pour nous, l’entrepreneuriat n’est pas seulement une affaire de business, mais avant tout une aventure dont le succès repose sur de forts liens humains !
Aujourd’hui, Tech Makers regroupe près de 4 000 membres. Quels sont les profils que l’on y retrouve ? Quelles sont leurs attentes ou motivations à rejoindre la communauté ?
Au sein de Tech Makers, nous regroupons l’ensemble des forces vives de l’écosystème tech : entrepreneurs, investisseurs, grosses entreprises, académiques et mêmes les pouvoirs publics !
Même si Tech Makers a débuté sur une histoire d’amitié entre français, notre communauté rassemble aujourd’hui des nationalités du monde entier autour de la tech !
Tous ces acteurs souhaitent se connecter à celles et ceux qui font bouger la tech et notamment aux entrepreneurs de premier plan qui font partie de Tech Makers !
Par exemple, OASYS NOW, lancée par Nima Salami et Sara Okhuijsen, qui révolutionne le recrutement de patients pour les essais cliniques. Leur modèle de plateforme IA est unique en son genre en Europe. Ils ont notamment remporté Slush 100, la compétition de pitch la plus prestigieuse d’Europe !
Concernant notre accompagnement pour les startups, nous nous adaptons aux besoins spécifiques de chacune d’entre elles : cela peut aller d’une simple relecture de pitch deck à des conseils concrets sur la stratégie Go-To-Market, en passant par des introductions ciblées auprès de partenaires stratégiques (incubateurs, accélérateurs, investisseurs, clients potentiels, …).

Vous dites que votre mission est de “construire des ponts”. Comment mettez-vous cela en pratique au quotidien avec Tech Makers ? Avez-vous des exemples concrets ?
Tout d’abord, ces ponts sont locaux, nous souhaitons ardemment contribuer au développement de l’écosystème tech aux Pays-Bas qui regorge de talents et d’idées, tout en le connectant au monde entier !
Par notre action, nous créons des synergies entre les divers acteurs de l’innovation aux Pays-Bas. Nous ne nous arrêtons pas là!
Créer des ponts avec la France nous tient tout particulièrement à cœur, c’est dans cette optique que nous avons organisé AI for Good en Janvier, pour lequel, parmi près de 500 inscrits, nous avons sélectionné la crème de la crème pour garder 200 leaders francophones et néerlandais de l’IA.
Ce prestigieux Prix du Public des Trophées des Français de l’étranger 2025 par Lepetitjournal, remis au cours d’une magnifique soirée au Quai d’Orsay, sous le haut patronage de Monsieur le Ministre Laurent Saint-Martin, vient couronner une action collective et une équipe engagée !

Au cours d’évènements Tech Makers en collaboration avec la French Tech, nous avons également eu le plaisir de recevoir Madame la Ministre Clara Chappaz pour lui présenter de brillants entrepreneurs français aux Pays-Bas, mais aussi Madame Julie Huguet, Directrice de la French Tech, lors d’AI for Good — des signes forts de soutien de la France à notre écosystème local !
Dès le mois prochain, nous continuons à renforcer ces liens et ces ponts, non seulement avec Galion.exe (bras d’investissement de la communauté The Galion Project rassemblant les meilleurs entrepreneurs français), mais aussi au niveau européen avec un hackathon pan européen fin Août impliquant énormément d’écosystèmes, et dans le monde entier avec un autre hackathon en fin d’année en collaboration avec Startupbootcamp (premier accélérateur européen d’après le Financial Times et implanté dans le monde entier) !
Quel est votre regard sur la communauté d’affaires française à l’étranger, et notamment aux Pays-Bas ? Quelles sont, selon vous, ses forces ou spécificités ?
Malgré un parcours très international, la France occupe toujours la première place dans mon cœur. Petit-fils d’un gendarme Vosgien, devenu Major, les valeurs républicaines et l’amour de la France m’ont été inculqués dès le plus jeune âge et j’ai à cœur de participer à mon échelle à la grandeur de notre beau pays!
Avec Tech Makers, nous avons la volonté d’attirer le monde aux Pays-Bas, dont les superbes réussites françaises, nous soutenons activement tous les entrepreneurs et avons la chance d’avoir en particulier d’incroyables entrepreneurs·euses français·es créant leurs entreprises ici !
Les Pays-Bas constituent un écosystème très orienté business, dans lequel la communauté d’affaires française peut particulièrement s’épanouir grâce à son audace et son niveau d’excellence.
De très beaux succès français tels que Doctolib, Qonto ou Wordline s’installent aux Pays-Bas avec succès et nous attendons avec impatience l’arrivée de Mistral, l’une des plus belles histoires de la tech européenne (cocorico) !
Comment envisagez-vous l’évolution de Tech Makers dans les prochaines années ?
Tech Makers est à un tournant de son histoire ! Nous avons commencé à Amsterdam et la communauté s’est énormément développée, au point que des membres souhaitent ouvrir des antennes locales ailleurs aux Pays-Bas, comme à Rotterdam et Groningen, mais également à l’international avec Paris, Barcelone et Lisbonne.
De la plus grande communauté tech à Amsterdam jusqu’à celle des Pays-Bas aujourd’hui, nous voulons à présent développer Tech Makers au niveau du Benelux !
Nous désirons attirer le monde entier au Benelux et c’est dans ce cadre que nous travaillons actuellement sur le projet tech le plus ambitieux de Tech Makers à ce jour, un indice : N, le cœur battant de l’innovation.
Au regard de votre parcours riche et diversifié, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat à l’international ?
Une idée seule ne suffit pas, déjà parce qu’il y a de fortes chances qu’elle évolue au contact du marché, mais aussi parce que sa mise en action dépend principalement de l’équipe qui se constitue autour.
L’essentiel, c’est l’Humain, et c’est ce qui nous a poussés à créer la communauté Tech Makers. Tout l’enjeu est de s’entourer des bonnes personnes : des visionnaires, des exécutants de génie, ainsi que des partenaires et investisseurs capables de soutenir le développement de l’entreprise.
Cela est encore plus vrai quand il s’agit de se lancer dans l’entrepreneuriat à l’international et c’est là que Tech Makers rentre en jeu pour soutenir avec plaisir et détermination tous les entrepreneurs·euses, quels que soient leurs parcours et origines !
Leur entreprise sera sans doute une épreuve difficile, peut-être même un véritable défi par moments, mais nous aimons les accompagner, les soutenir et les aider à accomplir leur rêve tout en créant de l’emploi !
