Restauration de la sécurité en Haïti

Le 10 avril dernier, dans le cadre de la discussion en séance publique de la proposition de résolution invitant à favoriser la restauration de la sécurité en Haïti afin de créer les conditions nécessaires à la mise en place d’un processus politique de sortie de crise, la sénatrice Sophie Briante Guillemont s’est exprimée.

Une nation marquée par les tragédies et l’Histoire

Haïti, considérée comme le pays le plus pauvre du continent américain, fait face depuis plusieurs décennies à une succession de crises profondes : instabilité politique, effondrement économique, tensions sociales et insécurité généralisée. À cela s’ajoutent des catastrophes naturelles régulières — séismes, ouragans, épidémies — qui ont aggravé une situation déjà précaire.

Premier État noir indépendant en 1804, Haïti n’a toutefois obtenu la reconnaissance de son indépendance qu’au prix d’une lourde dette versée à la France, dette dont le remboursement s’est étalé jusqu’au milieu du XXe siècle. Selon certaines estimations, ces paiements auraient amputé la croissance haïtienne de plusieurs dizaines de milliards d’euros, constituant une « rançon » historique pour sa liberté.

Le pays a également été marqué par une occupation américaine au début du XXe siècle, ainsi que par une corruption chronique de ses élites politiques, contribuant à sa fragilité structurelle.

Une insécurité généralisée

Aujourd’hui, Haïti est en proie à une violence extrême. Plus de 5 000 homicides ont été recensés en 2023, en hausse significative par rapport à l’année précédente. Des gangs armés contrôlent une large partie du territoire, notamment près de 85 % de la capitale, Port-au-Prince. Ces groupes imposent leur loi à travers des actes de violence inqualifiables : crimes sexuels, enlèvements, pillages…

L’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 a plongé le pays dans une nouvelle phase de chaos. La démission du Premier ministre Ariel Henry n’a pas permis de restaurer l’ordre, et le Conseil Présidentiel de Transition peine à asseoir son autorité.

Sur le plan humanitaire, les chiffres sont tout aussi inquiétants : plus d’un million de déplacés internes, et près de la moitié de la population en situation d’insécurité alimentaire. Dans ce contexte, l’interruption de l’aide américaine — qui représentait 17% du budget national — menace l’existence même de nombreux programmes humanitaires.

Une communauté française en détresse

En parallèle, la situation des ressortissants français présents en Haïti demeure préoccupante. En quelques années, leur nombre a chuté de moitié. Ceux qui sont restés vivent dans des conditions extrêmement difficiles, avec des moyens d’évacuation limités, notamment depuis la fermeture de l’aéroport. Seuls les transferts par hélicoptère, très coûteux, restent envisageables pour quitter le pays.

En mars 2024, une opération coordonnée par la marine nationale a permis l’évacuation de plus de 200 personnes, françaises et européennes.

L’ambassade de France à Port-au-Prince, fermée à plusieurs reprises, est actuellement hors service, limitant l’accès aux services consulaires.

Le lycée français Alexandre-Dumas, lui aussi affecté, fonctionne de manière intermittente entre présentiel et distanciel. Enseignants, personnel et élèves doivent s’adapter au quotidien pour assurer la continuité pédagogique, tant bien que mal.

La proposition de résolution

La proposition de résolution de Hélène Conway-Mouret appelle à un engagement renforcé de la France. Elle invite à impulser la création d’une force internationale sous l’égide des Nations Unies et à intensifier la coopération bilatérale avec Haïti, tant sur les plans sécuritaire qu’humanitaire.

Discussion générale de Sophie Briante Guillemont

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