Mardi après-midi, le Sénat votait le budget de l’Action Extérieure de l’Etat, comprenant les crédits du Quai d’Orsay, de nos institutions culturelles et éducatives à l’étranger, ainsi que le budget propre aux Français de l’étranger.
Depuis la semaine dernière pourtant, les Sénateurs – et pire, les ministres en charge de défendre la position du gouvernement – se retrouvent confrontés à des coupes massives sur les différentes missions composant la loi de finances. Des baisses comptables, annoncées quelques heures avant le débat, où il n’y a pas de réelle réflexion sur la rationalisation de la dépense publique. Nous détaillons cette semaine dans notre lettre les coupes qui concernent les Français de l’étranger. En cause : les 5,4% de déficit public de la France qu’il nous faut combler, de façon à pouvoir continuer à nous endetter à des taux acceptables sur les marchés, faute de quoi la charge de la dette pourrait rapidement devenir insupportable…
Pour des missions relatives à notre diplomatie et notre influence dans le monde, pour lesquelles le budget est en baisse même si la position du gouvernement est qu’elles sont “préservées”, ces mesures d’économie sont loin d’être neutres.
Nous sommes à un tournant de la géopolitique mondiale. Les négociations pour une trêve au Proche-Orient, qui ont abouti quelques heures seulement avant la prise de fonction de Donald Trump, sont un exemple qui démontre à lui seul à quel point le monde a changé. Les pour-parlers se sont tenus au Qatar. La France n’a pas du tout été associée.
De même au Liban, pays historiquement très proche du nôtre : le nouveau Président – Joseph Aoun – a annoncé que son premier déplacement officiel serait en Arabie Saoudite. Emmanuel Macron, qui attendait peut être un autre symbole du fait des efforts réalisés par la France pour soutenir le Liban ces derniers mois, s’est empressé d’aller à sa rencontre.
En Afrique, notre position est en net recul. De nombreuses crises n’ont pas su être anticipées et la façon dont nous sommes perçus ne s’améliore pas, bien au contraire.
Bref la terre continue de tourner, avec ou sans la France, et un sursaut sur notre façon d’envisager et de faire de la diplomatie semble plus que jamais nécessaire. Aussi, réduire drastiquement des budgets tels que celui de notre aide publique au développement (en baisse de 1,3 milliards d’euros dans le budget 2025), qui est aussi un puissant outil d’influence – particulièrement pertinent en Asie et en Amérique latine ces dernières années – démontre que nous n’y sommes pas. Pire : que nous sommes d’ores et déjà entrés dans une phase de repli nationaliste.
Les Françaises et Français de l’étranger auront ainsi, plus que jamais, un grand rôle à jouer dans les années à venir, ne serait-ce que pour convaincre les Français résidents de l’importance de rester ouverts sur le monde…
L’équipe de l’ASFE
On parle de coupes budgétaires pour les budgets consacrés aux français de l’étranger à un moment où la dérive de la dette abyssale plonge le pays dans une impasse. Coupes ou pas,celles ou ceux qui sont expatriés vivant de faibles ressources ne verront aucune amélioration de leur situation et demeureront marginalisés que ce soit pour le minimum vieillesse ou la catégorie aidée de la CFE qu’ils ont quitté faute de ressources suffisantes. Finalement à qui profite ce budget dont beaucoup ne voient pas la couleur ?