COP29 à Bakou : un sommet climatique sous haute tension

Alors que ce lundi 11 novembre, la COP29 s’ouvre à Bakou, en Azerbaïdjan, les enjeux climatiques n’ont jamais été aussi urgents. Le sommet, organisé dans un pays dominé par la production de combustibles fossiles, a attiré l’attention internationale et soulevé une question fondamentale : Bakou peut-elle vraiment être le lieu idéal pour changer les décisions mondiales en matière d’action climatique ? Outre les discours, la communauté internationale et surtout la société civile, attendent des mesures concrètes qui tiennent compte de l’urgence climatique.

Le financement climatique : des montants en débat pour une adaptation durable

L’objectif immédiat de cette COP est de réviser les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015. À l’heure actuelle, les contributions nationales, ou « NDC » (Nationally Determined Contributions), sont insuffisantes pour maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 °C, seuil critique fixé par les scientifiques. Or, les prévisions actuelles placent la planète sur une trajectoire de réchauffement entre 2,5 et 2,9 °C d’ici la fin du siècle, une hausse qui pourrait provoquer des bouleversements irréversibles pour les écosystèmes et les populations humaines. La réunion des chefs d’État à Bakou devra donc annoncer des objectifs plus ambitieux, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et ce, dans des délais très resserrés. De même, le sommet vise également à obtenir des engagements fermes au cours des cinq prochaines années, mettant en avant des actions allant au-delà de simples engagements.

Outre ces objectifs de réduction des émissions, la question du financement climatique reste au cœur des négociations. Depuis la COP15 en 2009, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an sur la période 2020-2025, dans l’objectif d’aider les pays les plus vulnérables à s’adapter aux effets du changement climatique. Cependant, ce montant, atteint en 2022, semble infime au regard des besoins actuels, que les Nations unies estiment désormais à 2 400 milliards de dollars par an. Pour de nombreux pays en développement, qui souffrent déjà des conséquences dévastatrices du réchauffement (sécheresses, inondations, déforestation accélérée), il est essentiel que les financements soient à la hauteur de relever ce défi. Le modèle de financement devrait donc évoluer pour inclure non seulement des dons, mais aussi des investissements à long terme dans les énergies renouvelables, l’adaptation et la résilience climatique.

Vers une reconnaissance de la dette climatique ?

Par ailleurs, la thématique des « pertes et dommages » est un autre sujet de friction dans ces discussions : de nombreux pays du Sud sont parmi les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre, et pourtant se retrouvent en première ligne face aux catastrophes climatiques. L’idée de créer un fonds pour pertes et dommages viserait ainsi à compenser ces pays pour les effets immédiats et souvent irréparables des changements climatiques : perte de terres habitables, destruction des récoltes, déplacement forcé des populations, destruction d’infrastructures… Cette idée rencontre cependant des réticences de la part de certains pays industrialisés, qui craignent une responsabilité financière accrue. L’enjeu en est donc également moral : comment gérer cette « dette climatique » que les nations industrialisées doivent aux régions les plus affectées ? En reconnaissant leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique, le déblocage de ces fonds donnerait pour la première fois un coup de pouce décisif à la justice climatique.

Transition énergétique : une sortie des fossiles toujours aussi taboue

Enfin, l’ombre des énergies fossiles plane sur les discussions, d’autant plus que la COP29 se tient en Azerbaïdjan, pays riche en réserves de pétrole et de gaz. Les militants et certains pays appellent alors à une transition nette vers les énergies renouvelables, arguant que la dépendance aux hydrocarbures doit être réduite non seulement pour atténuer les émissions de CO2, mais aussi pour des raisons géopolitiques et économiques. L’Union européenne, par exemple, pousse pour une diversification de ses sources d’énergie depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Azerbaïdjan jouant ainsi un rôle clé dans cette stratégie. Toutefois, la question de la « sortie » des énergies fossiles, esquivée lors des dernières COP, reste sensible : les pays producteurs de pétrole et de gaz redoutent l’impact d’une transition trop brutale sur leurs économies. En cela, Bakou pourrait voir se cristalliser une nouvelle ligne de démarcation entre les besoins pressants de réduction des émissions et les réalités économiques de certains pays​.

Un moment décisif pour l’avenir climatique mondial

Finalement, la société civile regarde Bakou avec l’espoir que cette COP29 ne se contente pas de prolonger un statu quo dangereux, mais soit véritablement à l’initiative d’une dynamique de changements concrets. Pour beaucoup, il s’agit d’un moment décisif où les engagements devront prendre une forme concrète et immédiate, sous peine de compromettre l’avenir climatique de la planète. Le défi, certes, en est immense, mais il ne laisse plus de place aux demi-mesures.

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