Depuis quelques semaines, le Liban fait face à une escalade dangereuse des tensions dans la région à cause d’une guerre qui sévit entre Israël et le Hezbollah libanais (parti politique religieux et groupe paramilitaire islamiste chiite). En août dernier, les autorités diplomatiques françaises conseillaient aux ressortissants français de ne surtout pas se rendre au Liban. L’ASFE s’est entretenue avec Ghassan Ayoub, Conseiller des Français de l’étranger au Liban, pour en savoir davantage sur la situation.
Il y a un mois, suite à l’escalade des violences dans la région, le Quai d’Orsay a fortement conseillé un retour sur le territoire national aux ressortissants français résidant sur place. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelle est la situation actuelle au Liban ?
Au Liban la situation sur le terrain est instable et très aléatoire, elle peut changer d’heure en heure. Les consignes concernant nos ressortissants n’ont pas changées. L’escalade militaire est montée d’un cran. Il est conseillé à tous les Français d’être vigilants, de ne pas se rendre dans les zones à risque, de redoubler de prudence et de s’informer régulièrement de l’évolution de la situation.
Ils sont appelés également à suivre les instructions des autorités locales. Tous les Français de passage au Liban doivent prendre leurs dispositions pour le pays du cèdre dès que possible. L’aéroport de Beyrouth est ouvert mais des perturbations au niveau de la programmation des vols sont à prévoir.
Une deuxième vague d’explosions d’appareils du Hezbollah a eu lieu la semaine dernière. Ces attaques sur des bipeurs et des talkies-walkies ont été attribuées à Israël. Jusque-là les affrontements entre le Liban et Israël étaient limités, pourquoi il y a t-il une résurgence des fortes tensions entre ces deux pays ?
Une des causes de la guerre entre Israël et le Hezbollah est l’application de la résolution 1701 des Nations Unies. Cette dernière stipule une dé-militarisation de la zone frontalière entre les deux pays et le retrait des miliciens du Sud Liban.
Pour l’instant le Hezbollah ne veut pas appliquer cette résolution et veut continuer son appui pour le Hamas dans la bande de Gaza. Les dirigeants israéliens ne pouvant continuer une guerre d’usure qui traîne depuis des mois ont décidé de changer de stratégie. Tous les moyens sont bons pour affaiblir ou éliminer l’appareil militaire du Hezbollah. C’est dans ce contexte que les Bippers et les Talkies–walkies ont explosés à deux jours d’intervalles faisant des centaines de morts et des milliers de blessés dans les rangs du Hezbollah.
Suite aux évènements du 17 septembre, les ressortissants français se trouvant actuellement au Liban sont appelés à rester vigilants. Quelles sont les règles de précaution recommandées par les autorités diplomatiques françaises à la communauté française au Liban ?
Il est fortement recommandé aux ressortissants français résidents au Liban d’éviter tout déplacement dans le sud du pays où se situent les zones qui sont affectées par les frappes aériennes. Il est également demandé ne pas paniquer et d’écouter les informations provenant des autorités locales sachant que les zones visées par les bombardements s’étendent de plus en plus.
Après la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre le 5 septembre, ce dernier vient de nommer un nouveau ministre de l’Europe et des Affaires étrangères : Jean-Noël Barrot. Quel message souhaiteriez-vous lui faire parvenir concernant la communauté française au Liban ?
Suite à la crise économique, nos compatriotes ont perdu une grande majorité de leurs économies dans les banques. Mon souhait est que notre nouveau ministre puisse trouver une solution pour venir en aide à beaucoup de familles françaises qui se retrouvent dans la précarité : allongement du nombres d’aides sociales attribuées, création d’une aide économique exceptionnelle à destination des ressortissants français au Liban, élévation du montant des enveloppes des aides sociales attribués aux plus démunis… C’est le problème majeur que je rencontre tous les jours dans ma fonction d’élu de proximité.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU appelle à une désescalade des tensions, l’Union Européenne demande un cessez-le-feu. Pensez-vous qu’une pacification des relations est encore possible entre Israël et le Hezbollah libanais ?
J’ajouterai également qu’hier, le président de la République française Emmanuel Macron, a également appelé Israël à « cesser l’escalade au Liban » et le Hezbollah « à cesser les tirs vers Israël ». En politique tout est possible. Il ne faut pas oublier que le Hezbollah est une formation dépendante de l’Iran. La solution ne peut que parvenir par une entente entre Israël, l’Iran et les Etats-Unis.
Avez-vous autre chose à ajouter ?
Nos compatriotes franco-libanais et libanais ont un seul et unique souhait : que cette guerre se termine le plus tôt possible.
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