Après l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, l’Iran a donc répliqué le week-end dernier par un tir nourri de 300 missiles et drones contre l’Etat hébreu. C’est la première fois, depuis son arrivée au pouvoir à Téhéran en 1979, que la théocratie des mollahs vise directement son ennemi juré. L’opération a heureusement causé très peu de dégâts matériels et blessé une personne, en l’occurrence une fillette. Elle a montré, à l’inverse, l’efficacité du système de défense antiaérien de ce dernier qui peut également compter sur de solides alliés occidentaux – Etats-Unis, Royaume Uni, France -, mais aussi arabes, puisque la Jordanie notamment est intervenue. Cette bonne résistance est appréciée outre Atlantique comme une « victoire ».
Désormais, le monde entier retient son souffle car l’incertitude est grande : y aura-t-il des représailles aux représailles ? L’embrasement du Moyen Orient est à redouter. Pour de nombreux experts, dont Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes, « Israël ne peut rester les bras croisés. Le feuilleton n’est pas terminé ». Il avance même qu’avec ces attaques, l’Etat hébreu, qui « est en train de perdre sa crédibilité militaire » à Gaza face au Hamas, « a l’opportunité de casser la stature internationale de l’Iran en imposant un rapport de force en sa faveur ». Julien Barnes-Dacey, analyste au Conseil européen des relations internationales, note que « l’Iran a indiqué, alors même que les attaques se déroulaient, qu’il souhaitait éviter de déclencher un conflit plus large. Il s’agissait de démontrer une réponse ferme tout en la maîtrisant suffisamment pour éviter de provoquer une guerre directe ».
Au sein du gouvernement israélien, les avis sont partagés. Pour certains, qui craignent qu’une absence de réplique soit interprétée comme un signe de faiblesse, le moment est venu d’infliger un coup plus profond, longtemps recherché, à l’Iran et à ses mandataires régionaux : les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza. Reste que leur soutien américain, à Washington, n’entend pas marcher dans ce sens. Joe Biden ne veut pas d’une « escalade », d’une « guerre étendue ». Les autorités britanniques et françaises ne disent pas autre chose.
Ce bras de fer israélo-iranien appelle trois remarques. La première vient d’Ukraine, qui réclame instamment que ses alliés la dotent, contre l’agresseur russe, du même dôme de fer qu’Israël. La deuxième vient du Liban, pays qui craint d’être emporté par un face à face entre l’Etat hébreu et l’Iran. La troisième vient de nombreux pays occidentaux, où l’on a peur qu’une extension du conflit déstabilise le Moyen Orient, le commerce international et fasse exploser le prix des hydrocarbures, provoquant une forte reprise de l’inflation…
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