Nicolas Perinetti, entrepreneur passionné d’audiovisuel, s’est installé au Chili en 2014. Fort de son expérience et inspiré par la communauté française dynamique du pays, il a fondé l’association Prisma Francès. Son objectif : unir les entrepreneurs français autour d’un réseau solidaire et innovant, propice à leur développement professionnel. Nicolas incarne l’esprit d’initiative et de solidarité au cœur de la communauté franco-chilienne.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amené à fonder l’association Prisma francès au Chili ?
Alors je suis arrivé au Chili en 2014 avec l’envie de continuer à être entrepreneur. Je suis monteur réalisateur audiovisuel, et après avoir travaillé près de dix ans à Paris, je voulais vivre une autre expérience à l’étranger et l’idée du Chili a vu le jour. Je suis rapidement tombé amoureux de ce pays, certes moins folklorique que l’Argentine ou la Colombie, mais c’est un pays qui a beaucoup à offrir.
Je suis un grand amoureux de la nature, et vivre dans un pays qui fait la taille de la France, mais n’ayant que 17 millions d’habitant, cela promet de découvrir des endroits et des paysages uniques. C’est un pays très méconnu car c’est littéralement l’autre bout de la planète, mais paradoxalement on ne se sent pas vraiment dépaysé ici car le fonctionnement du pays est très proche des pays occidentaux, très américain avec une touche d’Allemagne/France/Espagne. De plus, j’ai découvert une communauté française très active et très solidaire ici au Chili.
Donc j’ai créé ma première entreprise de production audiovisuelle, et j’ai tout de suite travaillé pour des entreprises chiliennes, mais aussi pour des entreprises françaises installées au Chili.
En 2019, je commence à réaliser qu’au-delà des grandes entreprises françaises, il y avait de nombreux entrepreneurs français au Chili. Alors certes nombreux se connaissent surtout via l’Alliance française par leurs enfants, mais bizarrement nombreux étaient ces entrepreneurs PME isolés dans leurs propres réseaux professionnels, et ne participaient pas au tissu associatif du Chili qui est très actif (Chambre de commerce, Union des français, Santiago accueil…).
Personnellement, je n’ai pas trouvé cela normal, et j’ai commencé à me dire qu’il manquait un acteur dans ce paysage, un élément qui puisse justement réunir ces entrepreneurs dans un cadre certes professionnel, mais un cadre amical et chaleureux. J’ai donc appelé quelques amis, Juliette Lana, Fabian Elio, Romain de la Porte, Philippe de Rouvre et Sibylle Demur (tous entrepreneurs) en leur parlant de ce projet. Nous avons ainsi commencé à nous réunir et poser les premières pierres d’un projet certes ambitieux mais nécessaire pour notre communauté.
De gauche à droite : Ignacio Vio – Julie Niddam – Fabian Elio – Juliette Lana – Nicolas Perinetti / comité actuel de Prisma francés
Comment Prisma francès joue-t-il un rôle primordial au sein de la communauté française au Chili, et quel impact cela a-t-il eu sur la cohésion et la solidarité de cette communauté ?
Alors je ne sais pas si nous avons un rôle primordial, mais nous avons changé d’une certaine manière le paysage entrepreneurial français au Chili. Normalement une EFE (entreprise de français à l’étranger) lorsqu’elle souhaite rejoindre une communauté s’adresse en premier aux chambres de commerce, mais hélas rentrer dans une chambre demande une maturité de l’entreprise que les EFE n’ont pas forcément.
En effet, les chambres ont un travail très élargi entre les grandes entreprises et les EFE et leur modèle n’est pas totalement adapté pour les jeunes EFE. Nous avons donc créé ce modèle, une structure pour aider les EFE à se développer tant dans leur fonctionnement que dans leur force de vente et ainsi les aider à atteindre leurs objectifs et peut être ensuite pouvoir rentrer dans des chambres de commerce de manière plus efficace.
Nous accueillons aujourd’hui plus de 45 entreprises multisectorielles à la fois B2C et B2B. Nous travaillons sur 3 grands axes :
- Créer des synergies au sein de notre communauté d’entrepreneur et accompagné les EFE dans leurs évolutions à travers des ateliers et des rencontres (afterwork).
- Nous permettre d’avoir une reconnaissance institutionnelle, en effet un entrepreneur seul à parfois du mal à être un interlocuteur crédible auprès des grandes institutions françaises, chiliennes ou étrangère. En créant Prisma francés, cela nous permet de représenter nos membres auprès de ces institutions.
- Créer de nouvelles opportunités commerciales. L’image que l’on a créé via Prisma francés nous permet de créer des liens avec des grands groupes et ainsi nous permettre d’obtenir des contrats pour nos membres.
L’impact pour nos membres fut très important, certains membres ont pu améliorer leur fonctionnement et leurs performances grâce à des alliances, grâce à nos ateliers, grâce à des rencontres. Nous essayons aussi de multiplier les alliances avec d’autres institutions pour augmenter le nombre d’opportunité.
De plus, nous avons créé un modèle dont l’argent n’est pas le moteur, mais un outil. Cela permet de créer un cadre de confiance. Nos membres ne gagnent pas d’argent par Prisma francés mais grâce à Prisma francés. Notre slogan d’ailleurs parle pour lui : JUNTOS BRILLAMOS MEJOR (ensemble nous brillons plus).
Nous ne sommes pas intéressés par l’argent ou la notoriété, nous cherchons juste à être un acteur utile, agile et efficace pour le bénéfice de nos entreprises respectives.
Pouvez-vous nous parler des projets ou initiatives futures que vous souhaitez mettre en œuvre au sein de Prisma Francès ?
En vérité, nous n’avons rien inventé. Nous avons juste compris qu’en créant l’union entre des EFE, des institutions, des chambres, des ambassades, cela permet de collecter un grand nombre d’informations et de contacts. Cette base de données, si elle est bien utilisée, peut créer énormément d’opportunité dans un climat de confiance et de solidarité.
Pour cette année 2024, nous avons de nombreux projets. Certes nous continuerons avec nos ateliers thématiques et nos afterworks, mais nous voulons surtout concrétiser 3 projets :
- Un évènement de B2B, la nuit des entrepreneurs. C’est un salon d’entreprise totalement revisité où on rompt la concurrence par de l’alliance saine (1ère édition en 2023 avec 200 participants et près de 100 entreprises représentées) ;
- Un évènement B2C de grande ampleur, la guinguette. Un concept de marché francophone créé par l’un de nos membres pour ainsi créer un vrai espace pour faire connaitre nos membres auprès du grand public (1 ère grande édition en 2023 avec plus de 10.000 participants) ;
- Des outils de communication efficaces comme le projet de relancer la radio Prisma et/ou travailler au retour du Petit journal international au Chili.
Votre association a lancé sa propre Radio : Prisma francés. Pouvez-vous nous la présenter et dans quelle démarche s’inscrit-elle ?
Alors ce lancement fut plus une nécessité qu’un projet. Nous avons créé l’association en janvier 2020, avec une soirée de lancement mi-mars 2020, et comme vous le savez, la pandémie a frappé de plein fouet notre monde au même moment.
Nous avions déjà nos membres confirmés et nous ne voulions pas abandonner notre projet le temps de la quarantaine et nous avons réfléchi à des solutions. Nous aurions pu faire comme toute entreprise et faire visio conférence sur visio conférence, mais c’est un format qui ne me plaisait pas beaucoup mais si cela est efficace pour continuer à travailler. De là, un ancien journaliste d’Europe 1, Ludovic Pirazzoli nous propose cette géniale idée de créer la Radio Prisma.
Un format que j’adore depuis ma tendre enfance, et de pouvoir le créer pour réunir les Français du Chili pendant cette pandémie fut une opportunité incroyable. Ludovic avait le matériel et l’expérience, et nous, les contacts et le réseau. Donc tous les jeudis, on organisait une émission avec des invités divers et variés, certaines émission ont connu bcp de succès, et les gens avait du plaisir à écouter ou à participer. Une superbe aventure.
Votre radio est en phase de suspension depuis plusieurs mois. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Un retour est-il prévu ?
Hélas Ludovic a quitté le Chili, et la fin de la quarantaine nous permettait de refaire de grands évènements. Les gens ont tellement souffert de manque de contact physique, que nous n’avons pas cherché à continuer la radio dans l’immédiat. Le plaisir de revoir les gens et de recréer des interactions humaines a pris le pas sur ce projet. De plus, le budget de l’association ne nous permettait pas dans l’immédiat à maintenir la radio en parallèle de nos activités. Mais le format podcast m’a toujours attiré et je souhaiterai la relancer cette année, Nous pensons synchroniser son lancement avec notre « nuit des entrepreneurs » en réalisant un podcast en live.
Nous sommes dans une ère où les réseaux sociaux sont en train d’émerger et où l’essor de l’intelligence artificielle ne cesse de nous impressionner, comment expliquez-vous que la radio reste un outil de communication indémodable et fédérateur face à ces nouvelles réalités ?
Nous sommes dans une époque d’immédiateté, de court-termiste, chacun prend sa dose de dopamine. On veut une info et on la veut maintenant d’où aussi une utilisation accrue des réseaux sociaux et de l’IA qui a réduit les temps de process de manière très importante … Maintenant qu’est ce qui fait la différence ?
Ma génération est d’une manière un peu plus protégée car nous avons connu le monde d’avant, nous avons vécu le changement, et nous voyons la différence. Mais qu’est-ce qu’il en est des nouvelles générations ? Comment leur expliquer qu’il y a plus à apprendre en écoutant un podcast de 15min plutôt que de voir 15 vidéos Instagram d’1min ? Je pense que c’est pour cela que nombreux sont les gens qui sont restés fidèles à ce format qui apportent bien plus à l’esprit que ce que peut créer les réseaux sociaux ou l’IA mal utilisé.
Est-ce que je considère le format radio comme indémodable ou fédérateur, non. Mais on se doit de garder ce format car il apporte quelque chose que le monde moderne fait un peu disparaitre.
Enfin, quel message aimeriez-vous transmettre aux entrepreneurs français qui pourraient être intéressés par l’association Prisma francés ?
Venez ! Plus sérieusement, en général dans mon discours, je ne cherche pas à convaincre les gens à rentrer chez Prisma francés. Toutes nos infos sont disponibles gratuitement sur nos plateformes ou sur nos réseaux. Mais on a créé une famille où la solidarité est le maître mot, et avoir réussi cela dans le monde de l’entreprise est un exploit.
Nombreux sont les entrepreneurs qui rencontrent des soucis de gestion, de vente ou de management, et qui sont isolés. Prisma francés c’est justement une manière d’unir nos problèmes pour trouver des solutions ensembles. « You never be alone again » .
Nos évènements sont une réussite, nos ateliers intéressent beaucoup de monde, tout est ouvert au public. Pour conclure, nous avons remarqué que les grandes institutions protègent énormément leur base de données, et bien nous avons fait l’inverse, nous protégeons notre philosophie en offrant à tous nos informations. C’est une autre façon de voir l’entreprenariat, je ne sais pas si c’est la bonne, mais elle m’anime et pour moi c’est le plus important.
Une interview d’une grande intelligence
Professionnelle et humaine du côté du
l’intervieweur et de Nicolas Perinetti, co/
fondateur de prisma frances.
Cette association présente un concept
Innovant, rare et très utile ds le monde
entrepreneurial au Chili. Bravo à toute
l’équipe prisma.
Un vent de fraicheur et une démarche positive à valoriser même si elle semble naturelle Plein succès à l’association et merci à l’ASFE d’en parler Bon vent à tous
En 2023 mes amies et moi étions vraiment surprises de découvrir le monde offert par la guinguette. Je ne suis pas entrepreneuse, mais en tant que prof FLE, je participe à beaucoup d’activités liées au monde francophone. Je vous félicite par cette idée de réunir à travers une association le monde EFE.
Que de bonnes aventures !