Marie-France des Pallières : « Et là, ce fut une vision de cauchemar »

Chevaliers de la Légion d’Honneur Française, citoyens d’Honneur de la Ville de Phnom Penh, Grand Croix de l’Ordre Royal du Cambodge et 1er prix « Humanitarian Heroe of the year », Marie-France des Pallières et son mari, Christian, ont passé une grande partie de leur vie à voyager autour du monde avant de s’installer au Cambodge et se dédier exclusivement à l’aide humanitaire d’enfants en créant “Pour un sourire d’enfant”.

Gagnante du Trophée Humanitaire des Français à l’étranger du Petit Journal, l’équipe de l’ASFE s’est entretenue avec Marie-France des Pallières.

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ? Ainsi que votre ONG ?

Christian et moi avons eu une vie pas tout à fait ordinaire. Mariés en septembre 1965,  nous avions en commun le désir de découvrir le monde et avons accepté une expatriation de 3 ans, au Maroc. Quelques années après notre retour, nous avons entrepris un voyage de 18 mois, dans un petit camping-car, avec nos 4 enfants, jusqu’en Inde et au Népal. Au retour, nous avons écrit un livre sur cette aventure : Quatre Enfants et un Rêve.

La vie a ensuite repris son cours et nous avons adopté un 5ème enfant, un jeune Afghan, de l’âge de notre dernier.

Nos enfants ont commencé à quitter le nid familial l’un après l’autre et, quand Christian a été en pré-retraite, il a été embauché, par une amie, pour diriger le Sipar, à Phnom-Penh, une association qui aidait à redresser l’enseignement primaire, complètement mis à terre par la folie des Khmers rouges, et qui travaille toujours là-bas.

A la fin de son contrat de 2 ans, nous sommes allés prendre contact avec tous ces petits chiffonniers qui trainaient dans les rues de Phnom-Penh, et leur avons demandé ce que l’on pouvait faire pour eux. Ils nous ont alors emmenés à la décharge de Phnom-Penh.

Et là, ce fut une vision de cauchemar : des milliers d’enfants, fouillant pieds et mains nus, dans une bouillie infecte, décomposée, et une odeur insupportable, et qui mangeaient là-dedans !

Nous avons alors décidé d’appeler au secours pour chercher des soutiens.

Le temps d’écrire notre projet et de le soumettre aux différents ministères concernés, puis de signer les Protocoles d’Accord, PSE (Pour un Sourire d’Enfant) a été créé le 20 mai 1996. Son but : nourrir les enfants, les scolariser, les soigner, les protéger, aider leurs familles. Quelques années plus tard, nous avons également démarré des formations professionnelles adaptées aux besoins du marché. 

Aujourd’hui, nous avons régulièrement 6500 enfants dans nos programmes et 6500 autres qui ont terminé leurs études, ont trouvé un métier et fondent leur propre famille.

Au cours de vos voyages, vous avez découvert de nombreuses cultures aux traditions et religions diverses et variées. Comment est venue votre envie de vous dédier à l’aide humanitaire d’enfants au Cambodge ?

Nos années de voyage nous ont effectivement ouverts sur le monde mais, comme je le dis plus haut, ce sont les circonstances qui nous ont amenés à découvrir ce que vivaient les petits chiffonniers de Phnom-Penh, et la décharge. Et c’est cette vision qui nous a conduits à leur venir en aide sans que nous l’eussions envisagé à l’avance.

Après plus de 20 ans dans ce projet, comment voyez vous l’évolution de votre ONG après tout ce temps ?

Même si beaucoup a été fait, ce n’est pas fini et il reste encore beaucoup de besoins. Il faut donc continuer. Mais, ce qui est nouveau, c’est qu’il existe, aujourd’hui, des structures qui n’existaient pas lorsque nous avons démarré. Notre défi d’aujourd’hui est de créer des partenariats avec ces structures afin de continuer le travail en coopération avec ce qui se met en place, et de ne plus avoir besoin de tout faire tout seuls.

Comment votre ONG dans ses initiatives d’aide alimentaire et d’éducation intègre-t-elle les aspects d’autonomie de manière que les bénéficiaires soient moins dépendants de votre organisation au long terme ?

Quand nos jeunes ont trouvé un travail, ils ne sont plus à notre charge et l’éducation à l’autonomisation fait partie de nos programmes, aussi bien pour nos bénéficiaires que pour leurs familles. 

Est-ce que construire une ONG en tant que français peut se révéler difficile au moment de s’introduire dans un pays inconnu. Quels sont les principaux obstacles auxquels vous pouvez être confrontée ?

Tout en gardant notre autonomie d’action, nous avons toujours travaillé en bonne intelligence avec les autorités de notre pays d’accueil, en respectant les coutumes et les traditions. Et nous avons reçu, tous les deux la nationalité cambodgienne.

Au Cambodge, il y a des problèmes de recyclage et de tri des déchets. Est ce qu’il y des initiatives dans votre ONG de sensibilisation en faveur de l’écologie ?

Oui, tout à fait !  Et nous venons de recevoir la certification d’Éco-School pour les actions que nous menons dans ce domaine.

Marie-France des Pallières, lors de son départ pour sillonner les routes de France pour faire connaître « Pour un Sourire d’Enfants » et trouver de nouveaux soutiens du 13 février au 23 mai 2024 !

Site internet : www.pse.ong

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