Kiev – Moscou : l’enlisement

Deux ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, les craintes de voir ce conflit s’éterniser sont plus grandes que jamais. Le 24 février 2022, en lançant son offensive, Vladimir Poutine pensait mener une guerre éclair et venir facilement à bout de son adversaire. Face à lui, il trouva pourtant une Ukraine très mobilisée et soutenue comme un seul homme par les Occidentaux. Depuis, le moral semble toutefois avoir changé de camp. Certes, l’Ukraine n’est pas tombée en quelques jours. Mais les chances de voir le pays de Volodymyr Zelinsky se réapproprier l’ensemble de son territoire paraissent à présent réduites.

Les critiques sur la désorganisation de l’armée russe et sur le pouvoir solitaire du chef du Kremlin font désormais place à un constat beaucoup moins sévère. Vladimir Poutine a surmonté la tentative de coup de force d’Evgueni Prigogine, le patron de Wagner, « éliminé » dans un accident d’avion, fin août. Alors que son principal opposant, Alexeï Navalny, vient aussi de « trouver » la mort dans sa colonie pénitentiaire, Vladimir Poutine n’essuie dans son pays qu’une faible contestation : les familles des nombreuses victimes sacrifiées sur le front ne manifestent pas, ni les soldats engagés dans une guerre d’usure très meurtrière. Quant aux sanctions occidentales, elles n’affaiblissent qu’à la marge l’économie russe qui s’est réorientée vers d’autres marchés pour s’approvisionner ou vendre ses produits : la Chine, l’Inde, la Turquie, et l’Asie plus généralement. Dans ces conditions, Vladimir Poutine ne devrait avoir aucun mal à être réélu. 

Tout autre est le paysage en Ukraine. Des divisions commencent à apparaître. Le président Volodymyr Zelinsky est la cible de critiques régulières. La contre-offensive ratée de l’automne dernier a terni son image et ouvert un débat au sein même de l’armée. Il vient d’ailleurs de changer le chef d’état-major, Valeri Zaloujny, dont la popularité lui faisait de l’ombre. Son remplaçant, Oleksandr Syrsky a beaucoup moins la cote. Sur le front, les soldats, exténués, peinent à se faire remplacer car l’ardeur pour partir à la guerre faiblit dans le pays. La société ukrainienne semble moins marcher d’un même pas qu’au début.

Le soutien de l’Occident à l’Ukraine marque également le pas. Les armements et les munitions arrivent au compte-goutte. Si l’Union européenne rattrape progressivement son retard, l’écart reste important entre ses engagements et ses allocations. Selon l’Institut de Kiel, les secondes sont deux fois inférieures aux premières par leur montant : 77 contre 144 milliards d’euros. Le récent blocage au Congrès américain, par les Républicains, de 56 milliards d’euros se fait aussi sentir sur le champ de bataille. 

Pour autant, vendredi dernier, le Président ukrainien est venu à Paris rencontrer Emmanuel Macron. Ensemble, ils ont signé un accord bilatéral de sécurité fixant le cadre de la coopération militaire entre nos deux Etats, permettant à l’Ukraine de s’assurer l’aide de la France et de contourner – via la multiplication de ce type d’accords bilatéraux – son absence d’appartenance à l’OTAN. Cet accord comprend une aide matérielle, mais également la formation de milliers de soldats ukrainiens. 

Deux ans après le début de l’invasion, la guerre entre Moscou et Kiev s’enlise. Le bout du tunnel n’est pas pour demain.

L’équipe de l’ASFE

4 commentaires

  1. La contre-offensive « ratée » est en partie de notre faute. Le materiel promis n’est pas arrivé a temps et les russes ont eu le temps de construire des fortifications. Il est dans notre interet a tous de redoubler d’efforts, une « victoire russe », serait une catastrophe pour le monde libre et une trahison de notre part pour un pays qui se bat seul contre un état tyrannique dont le but est d’éradiquer l’identité Ukrainienne. Par example la russie accelere ses efforts de russification dans les territoires occuppés en déportant en masse des Ukrainiens enfants et adultes et en encourageant des russes a repeupler ceux-ci. Quelle horreur!

    1. Savez-vous ce qu’est devenue la journaliste reactionnaire vue protester le regime de Putin sur l’ecran TV russe? Probablement envoyee dans la meme prison que Navalny., ou pire.

    2. Vous êtes dans l’erreur consternant la contre offensive
      On masse ces troupes sur un point et un second pour faire diversion !
      Or ce qui c’est passer n’est que le résultat de la bêtise de Zelenskyy !
      Il a voulu attaquer sur plusieurs front !
      La Russie tiens u. Front de 1000 km ce qui montre sa puissance
      Le résultat de ce conflit : la perte toujours plus grande des territoires ukrainiens !
      Si Zelenskyy n’est pas mis dehors l’Ukraine.n’existera plus !

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