La semaine dernière, Robert Badinter s’est éteint à l’âge de 95 ans. Ancien ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand, c’est celui qui a porté l’abolition de la peine de mort en France. Lors de l’hommage qui lui a été rendu, ce 14 février, sur la place Vendôme, le Président Emmanuel Macron a prononcé ces mots : “Je fais le serment d’être fidèle à votre enseignement et à votre engagement (…) Fidèle pour que vous puissiez écouter un jour, quand le Parlement du dernier pays pratiquant la peine de mort dira: ”elle est abolie”. Mettant le point final à notre combat désormais universel.”
Alors que la France a aboli la peine de mort le 9 octobre 1981, certains pays persistent à maintenir cette pratique. En effet, depuis des décennies, la question de la peine de mort demeure source de controverses. L’occasion de dresser un panorama sur l’état actuel de l’abolition de la peine de mort dans le monde.
Les pays ayant aboli la peine de mort
A l’heure actuelle, 111 pays ont aboli la peine de mort, représentant plus de la moitié des pays dans le monde. Le dernier pays à l’avoir aboli est le Ghana, le 11 août 2023. Les pays où ce n’est pas appliqué sont en bleu sur la carte ci-dessous.
Parmi ces pays, on retrouve tous les pays de l’Union européenne. Bien que divisés dans leurs actions concernant l’abolition, ils ont adopté en 2002 une posture forte contre la peine de mort, alors que la majorité d’entre eux l’avait déjà abolie. Par exemple, l’Espagne l’a abolie en 1978, la Belgique en 1998, le Luxembourg en 1979 et l’Allemagne en 1949.
Par ailleurs, certains pays ont aboli la peine de mort pour la majorité des crimes, à l’exception de cas spécifiques comme indiqué par les pays en vert clair sur la carte ci-dessous. Ces pays comme le Burkina Faso ou le Pérou, n’utilisent la peine de mort que dans des cas uniques, tels que les périodes de guerre ou les actes terroristes. Dans le cas du Brésil, la dernière exécution remonte à 1876. Pendant la Seconde Guerre mondiale, certains criminels de guerre ont été condamnés à mort, mais leurs peines ont ultérieurement été commuées.
Les pays dont la peine de mort est légale mais non appliquée
25 Etats sont considérés comme abolitionnistes en pratique car n’ont procédé à aucune exécution depuis ces dix dernières années mais ils n’ont pas aboli la peine de mort à proprement parler. Ces États sont indiqués en orange sur la carte ci-dessous.
A titre d’exemple, la Jamaïque est l’un de ces pays qui n’utilise plus la peine de mort depuis 1988. En 2008, les sénateurs ont choisi de maintenir cette loi, mais demeure inutilisée jusqu’à nos jours.
Au Kenya, comme dans de nombreux autres pays, toutes les personnes condamnées à mort ont été commuées, en peines moindres ou alternatives. Parallèlement, le gouvernement Kényen réalise des études pour évaluer l’impact de l’abolition de la peine de mort sur la criminalité.
Les pays n’ayant pas aboli la peine de mort
A ce jour, 53 pays qui n’ont pas aboli la peine de mort pour des raisons diverses, ils représentent moins de la moitié des pays du monde. Ces pays sont en rouge sur la carte ci-dessous.
Les États-Unis, malgré leur statut de démocratie occidentale, continuent de maintenir la peine de mort dans plusieurs États et c’est l’un des pays avec le plus de personnes condamnées à mort au monde. Toutefois, le pays s’engage progressivement sur la voie de l’abolition totale dans tous ses États. Un débat continu anime le pays depuis 1977. Bien que le nombre d’exécutions ait diminué ces dernières années, certains États tels que le Texas et la Floride n’ont pas encore aboli la peine de mort. Cependant, dans d’autres États, cette pratique n’a pas été mise en œuvre depuis plusieurs années. Aujourd’hui, le système judiciaire américain ne considère plus vraiment la peine de mort comme un moyen efficace de dissuasion contre la criminalité.
En Europe, le seul pays à encore pratiquer la peine de mort est la Biélorussie, sous le gouvernement autoritaire du président Alexandre Loukachenko.
A Singapour, le gouvernement soutient encore pleinement la peine de mort. Quant au Japon et à l’Inde, l’application de la peine capitale demeure relativement rare.
L’Arabie saoudite, la Chine et l’Iran figurent parmi les pays les plus meurtriers au monde. Ces pays se montrent peu cléments envers les criminels condamnés pour des infractions telles que le viol, le vol ou le meurtre.