En France, selon la Fondation pour la Recherche Médicale, on estime le nombre de cas de maladie d’Alzheimer à 900 000, 225 000 nouveaux cas étant dépistés chaque année. Si l’on inclut les aidants, plus de 3 millions de personnes seraient concernées. L’ASFE s’est entretenue avec la « Clinique du Docteur Mémo », une clinique digitale spécialisée dans les troubles de la mémoire et de la cognition.
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
La Clinique du Docteur Mémo, première clinique digitale spécialisée en troubles cognitifs, a été fondée par deux anciens chercheurs de l’Institut du Cerveau (Paris). Face au constat que les patients bénéficient trop peu des innovations et que la prise en charge n’a pas évolué malgré les efforts de la recherche, ils ont décidé d’apporter une nouvelle approche. Les troubles de la mémoire chez les séniors est souvent un sujet tabou et le suivi médical s’apparente à un parcours du combattant.
La Clinique du Docteur Mémo vise à réduire cette errance diagnostique en proposant :
– Des outils en ligne gratuits et facilement accessibles, notamment pour effectuer une première évaluation des difficultés de mémoire. Cela permet aux utilisateurs de déterminer s’il est nécessaire de consulter ou non grâce à une détection rapide via un test de mémoire en ligne gratuit ;
– un accompagnement personnalisé et coordonné du parcours de soins par un réseau d’experts afin de faciliter la prise en charge du patient et de son entourage ;
– un accès privilégié à de nouvelles innovations thérapeutiques.
Plus nous vieillissons, plus l’état de notre mémoire peut être une source d’anxiété. Quelles sont les principales causes des troubles de la mémoire et comment est-ce possible de les prévenir ?
Oublier ses clés ou un nom de temps en temps, c’est normal à tout âge. La mémoire humaine a ses limites, surtout avec le stress, les distractions des smartphones, et le vieillissement naturel du cerveau, qui peut rendre la pensée plus lente.
Les troubles de la mémoire, quant à eux, peuvent avoir diverses causes. Un trouble anxieux, dépressif, ou un burn-out peut exercer un impact significatif sur la mémoire. De plus, des problèmes liés au système cardiovasculaire, des déséquilibres hormonaux, un diabète non traité, et de nombreuses autres affections peuvent altérer notre capacité à nous concentrer et à mémoriser. Bien entendu, les affections cérébrales telles que la maladie d’Alzheimer, les maladies neurodégénératives, l’épilepsie, les AVC, et les traumatismes crâniens représentent également des causes fréquentes à considérer. La bonne nouvelle réside dans le fait que la plupart de ces problèmes sont réversibles. Adopter un mode de vie sain, incluant une alimentation équilibrée, une pratique régulière d’exercice, un sommeil de qualité, et l’évitement de substances nocives, peut considérablement contribuer à la santé cognitive.
Nous avons souvent tendance à penser qu’il existe un lien entre le vieillissement normal et les troubles neurocognitifs Quel est concrètement l’effet de l’âge sur la mémoire ?
Tout comme le reste du corps, le cerveau vieillit avec l’âge. Cependant, il est essentiel de distinguer le vieillissement normal, de véritables troubles cognitifs. Concrètement, l’effet de l’âge se manifeste par une légère diminution des capacités cognitives, notamment en ce qui concerne la vitesse de traitement de l’information, les capacités d’attention, de planification, la flexibilité mentale. Ces changements ne devraient pas entraîner des difficultés majeures dans la vie quotidienne. Néanmoins, si vous constatez qu’un proche rencontre des difficultés à mémoriser de nouvelles informations importantes, qu’il a du mal à s’approprier l’utilisation d’un nouvel objet ou oublier très fréquemment ses mots, cela peut laisser penser à une plainte suspecte et il est alors préférable de prendre rendez-vous avec un médecin généraliste pour en discuter.
De nombreux Français de l’étranger restent soucieux de leurs proches restés en France et ont à cœur de préserver leur santé. Vous proposez un questionnaire de dépistage pour les personnes qui s’inquiètent pour leur mémoire ou celle de leurs proches, pouvez-vous nous le présenter ?
Sur docteurmemo.fr, on trouve un questionnaire rapide, gratuit, sans engagement et fournissant des résultats immédiats, destiné aux individus préoccupés par la mémoire de leurs proches ou la leur. Le questionnaire d’orientation est un questionnaire en ligne à l’intention des personnes qui s’inquiètent pour leur “mémoire” ou pour celle d’un proche. Son but est de repérer des plaintes suspectes nécessitant une consultation médicale spécifique. Il a été développé en collaboration avec des professionnels de santé spécifiquement formés au repérage des troubles cognitifs.
Les utilisateurs répondent à une dizaine de questions qui portent sur leurs fonctions cognitives (ou celles de leur proche) ainsi que sur certains facteurs de risque. Les réponses sont automatiquement analysées, pour :
- objectiver la plainte, en indiquant si elle est bénigne ou suspecte, et détailler les domaines cognitifs qui semblent altérés (mnésique, attention, gnosie, praxis, etc)
- recommander, le cas échéant, une consultation auprès d’un professionnel de santé formé à l’analyse des troubles cognitifs liés au vieillissement
Pour les français de l’étranger, cela signifie qu’ils peuvent aider leurs proches restés en France qui ont des plaintes de mémoire de plusieurs façons :
- compléter le questionnaire en ligne pour eux (ou proposer à un autre aidant en France de le faire) ;
- nous confier le pilotage du parcours de santé si une consultation est nécessaire. Nous serons en contact avec eux, entre autre par email, pour qu’ils puissent suivre le parcours de santé mais avec l’assurance que leur proche sera bien orienté ;
- Et bien sûr, cela vaut pour leur propre plainte de mémoire. Les français de l’étranger peuvent parfaitement effectuer le questionnaire pour eux-même et nous pouvons les aider à trouver des professionnels de santé lors de leur passage en France.
La maladie d’Alzheimer et d’autres troubles de la mémoire restent encore méconnus du grand public, comment l’expliquez-vous ?
La maladie d’Alzheimer touche environ 1,2 millions de personnes en France. Avec le vieillissement de la population, nous atteindrons probablement plus de 2 millions de patients en 2050. Bien qu’elle soit la 2ème maladie la plus crainte par les Français après le cancer et relativement connue du grand public, elle reste un sujet tabou, comme le démontre l’errance diagnostique d’environ 3 à 5 ans. De plus, les premiers signes peuvent être difficiles à repérer, se manifestant de manière différente chez chaque individu et pouvant être attribués à tort au simple processus de vieillissement.
Mobiles et dynamiques, les Français de l’étranger bouleversent régulièrement leur environnement, leur mode de vie et leurs habitudes. Au regard de ce constat, est-ce que les expatriés peuvent être davantage impactés par des troubles neurocognitifs ?
Il est possible que les expatriés soient davantage impactés par des troubles neurocognitifs, notamment en cas de stress lié à leur mobilité et à leurs changements fréquents d’environnement. Cependant il est tout aussi vrai que l’exposition à différentes langues, cultures et expériences peut également alimenter leur réserve cognitive, c’est-à-dire la capacité du cerveau de faire face aux lésions. Cette diversité stimulante pourrait contribuer à protéger le cerveau, le rendant plus résistant aux affections qui pourraient autrement le toucher.
Avez-vous autre chose à ajouter ?
Si vous ou vos proches vous posez des questions concernant votre mémoire, commencez à éprouver des difficultés ou remarquez des changements par rapport au passé, il est fortement recommandé de consulter un professionnel de la santé. La prise en charge précoce des troubles cognitifs peut faire toute la différence, permettant d’identifier rapidement le problème sous-jacent et de mettre en place des interventions appropriées.
J’ai vu mon médecin au sujet de mes troubles de mémoire. Comme tout le monde elle attribue cela au vieillissement normal. C’est frustrant de penser que quand ils seront pris au sérieux, j’aurai perdu quelques années.