A l’issue de la COP28 de Dubaï, qui vient de s’achever, on peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Finalement, un accord a été trouvé entre toutes les nations présentes pour s’entendre sur la nécessité d’une « transition » vers l’abandon des énergies fossiles d’ici à 2050. « Transition » : trouver le mot juste qui convienne à tout le monde n’a pas été simple. Des nuits d’âpres discussions ont été nécessaires. L’ambiance générale est, somme toute, désormais à l’espoir, même s’il ne faut pas crier victoire. Aucun dispositif contraignant n’oblige les pays à respecter leur engagement pris à l’occasion de ce sommet. Il est donc probable que, dans vingt-cinq ans, l’urgence de lutter contre le réchauffement climatique soit encore plus que jamais d’actualité…
La sortie progressive des énergies fossiles a fortement divisé les participants de la conférence de Dubaï. D’un côté, un bloc mené par l’Arabie saoudite, qui réunissait les producteurs d’hydrocarbures, notamment du Moyen Orient ; de l’autre, les partisans d’une sortie prochaine des énergies fossiles, dont le noyau dur se trouvait dans l’Union européenne, soutenue par les Etats-Unis, les petits Etats insulaires et quelques pays sud-américains. Face à face donc, les nations inquiètes pour l’avenir de leur modèle économique et celles inquiètes de la crise climatique. Dans ces conditions, trouver la bonne formule pour déboucher sur un accord relevait d’une mission quasi impossible.
Dans les dernières heures du sommet, Sultan al-Jaber, qui assurait la présidence émiratie de la COP, a laissé toute latitude aux Etats participants de choisir leur « manière » de réduire la part des énergies fossiles constitutives de leur économie. Pétrole, gaz, charbon : l’obligation de résultat avec un objectif précis et commun n’est plus à l’ordre du jour.
Le ministre koweïtien du pétrole, Saad al-Barrak, a résumé, l’état d’esprit des pays récalcitrants. Il a qualifié la pression des Occidentaux « d’attaque agressive », les accusant de tenter de dominer l’économie mondiale par le biais des énergies renouvelables. S’opposer à eux était, selon lui, « un combat pour notre liberté et nos valeurs ». « Je m’étonne de l’insistance inhabituelle à priver les peuples du monde et de nombreux pays de cette source essentielle d’énergie », a-t-il ajouté, à propos du pétrole. Cette source doit rester au service du monde, a-t-il insisté, faisant valoir qu’il y a « peut-être 700 millions d’Africains qui n’ont pas encore accès à l’électricité. Vouloir se débarrasser d’une part importante de notre économie est totalement inacceptable. »
De l’autre côté, certains des pays les plus favorables à une « sortie » du pétrole ont signalé qu’ils étaient prêts à sacrifier ce mot, en échange d’engagements significatifs. « Je ne suis pas marié à un mot, mais j’insiste sur le fait que la signification de cette formulation, quelle qu’elle soit finalement, doit être extrêmement ambitieuse », a lancé le ministre danois du climat. Où s’est située la Chine dans ce débat ? Elle n’a pas été un obstacle sur la voie d’un compromis.
Accepter des trajectoires différenciées pour la transition énergétique de chaque pays, en fonction de ses moyens, sera donc la solution. « On peut évidemment accepter qu’il y ait des rédactions qui rappellent qu’on ne part pas tous du même point, que ce sont probablement les pays développés, les pays qui en ont les moyens qui doivent être les premiers à faire des efforts », a suggéré la ministre française Agnès Pannier-Runacher. Sans doute, est-ce là le scénario le plus probable qui sera suivi au terme de l’accord de Dubaï. Tout le monde dit y trouver son compte. Même si nombre d’observateurs s’accordent à rappeler que la lutte contre le réchauffement climatique pourrait, elle, en faire les frais… A suivre.
L’équipe de l’ASFE