Alors que la contestation de la réforme des retraites perdure, le pouvoir exécutif cherche une issue à la crise sociale qui secoue la France depuis le début de l’année. Pour le président de la République, il faut vite tourner la page pour passer à autre chose. Comment peut-il y parvenir ?
D’abord, va-t-il conserver Elisabeth Borne ? Si un remaniement gouvernemental n’est pas exclu, il serait surprenant que le chef de l’Etat change de Première ministre dans l’immédiat. Emmanuel Macron n’aime pas agir sous la pression de l’opinion : tous les sondages montrent pourtant que la locataire de Matignon peine à se faire apprécier. Sa posture, plus austère qu’empathique, la rend lointaine à de nombreux Français.
Qui plus est, par qui la remplacer ? Certes, le temps passé par Elisabeth Borne dans sa fonction est, depuis cette semaine, plus long que celui d’Edith Cresson sous François Mitterrand, au début des années 1990, mais ce critère n’est pas suffisant. Emmanuel Macron devrait trouver une femme pour lui succéder : aucun nom ne vient spontanément à la bouche à ce jour. Restent quelques hommes, comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, mais leur choix ne serait pas celui de la nouveauté ni celui de l’élargissement de la majorité, notamment vers la gauche. Cet élargissement est souhaité par l’Elysée. En recevant les chefs de partis cette semaine, Elisabeth Borne y travaille. Mission qui paraît très difficile, surtout pour déboucher sur un contrat de gouvernement. L’hypothèse la plus vraisemblable est que l’exécutif avance à l’avenir au cas par cas et trouve des majorités de circonstance texte par texte. Ce schéma pourrait fonctionner avec les députés et sénateurs LR qui n’entendent pas tourner le dos systématiquement à l’exécutif.
Dans cette perspective, il est évident que certains projets de loi annoncés devraient être abandonnés. Tel celui sur l’asile et l’immigration qui devait à la fois favoriser la régularisation des immigrés en situation irrégulière et faciliter le retour des clandestins dans leur pays d’origine. Un texte sujet à polémique s’il en est et que la droite n’accepterait pas d’adopter. Il est plus probable que des projets à caractère social, comme celui du travail, du pouvoir d’achat, de la liberté d’entreprendre, occupent davantage les débats. Sans parler du thème de la fin de vie qui fait, actuellement, l’objet d’une convention citoyenne. Cette initiative a, de plus, le mérite de rendre le pouvoir moins vertical.
Ce qu’Emmanuel Macron souhaite à tout prix, après la séquence houleuse des retraites, c’est de montrer que son pouvoir échappe à toute impression d’immobilisme.
L’équipe de l’ASFE