L’ASFE a eu le plaisir de rencontrer Céline Théret, expatriée à Munich depuis 1997. Elle vit de sa passion : la photographie et a également créé avec une amie une marque des sacs faits à partir de tissus recyclés.
Pourquoi avoir décidé de vous installer à Munich ?
J’ai fait toute ma scolarité en France, une prépa HEC à Paris puis une école de commerce (Essec, Cergy) en partant en échange à Toronto. Au Canada, j’ai rencontré mon mari, un Allemand. J’ai travaillé une année en France puis je l’ai suivi à Munich. J’ai pris 2 mois de cours d’allemand, je parlais déjà un peu la langue. Puis en mai 1998, j’ai trouvé un emploi en marketing dans une entreprise de carte graphique. Je suis resté jusqu’en 2010 dans cette société, avec des interruptions pour m’occuper de mes enfants (fille en seconde au lycée français et garçon en étude supérieur)
Vous êtes installé en tant que photographe indépendant, qu’est-ce qui vous a poussé à changer complètement de vie professionnelle ?
Le travail en soi ne m’intéressait plus donc en mai 2010 j’ai quitté la boîte.
J’ai toujours eu une passion pour la photographie, je me baladais toujours avec un appareil photo à la main. Mon père et mon grand-père m’ont initiée. Après avoir eu des enfants c’était dur de retourner au travail à mi-temps, c’était le bon moment pour essayer.
Je pense que je voulais faire de ma passion un métier. Je me suis lancée directement, j’ai pris quelques cours mais je dirais que je me suis formée toute seule, sur le tas.
Quel genre de photo faites vous ?
A l’époque ce qui intéressait et qui n’était pas encore à la mode c’étaient les photographies de familles et d’enfants naturels, pas en studio. J’aime partir me balader avec les familles pour avoir de vraies émotions qui ressortent à travers l’objectif.
Puis j’ai évolué, je prends plus d’adulte, je fais des photos de profils LinkedIn. Je me diversifie mais les photos de famille sont toujours ce que je préfère faire.
Je m’occupe aussi des photos de classe pour l’école française, pour les kindergarden (école maternelle).
Les enfants jusqu’à 4/5 ans ne font pas attention à l’appareil, ils sont plus naturels, c’est donc plus facile de faire ressortir des émotions. Alors que les adultes c’est plus compliqué. Mais je dirais que tout est une question de relation avec les clients, il faut toujours prendre le temps nécessaire.
Comment vous êtes-vous installée ?
Je me suis mis en « Freiberufler » c’est plus ou moins un statut d’indépendant. Au niveau administratif, c’est très facile, on reçoit un numéro d’impôt et il n’y a pas beaucoup de papiers.
Le plus dur c’est de trouver des clients au début, ça marche par relations, via des amis. Au début avec mon entourage ensuite avec la communauté française. Je n’ai pas trouvé cela difficile. Parfois les parents d’élèves me contact pour prendre des photos individuelles de leurs enfants. C’est un métier où il est difficile d’avoir un bon salaire.
Récemment vous avez lancé une marque de sac faite avec du tissu recyclé, comment est née le concept de « la vie en UP » ?
Cela s’est produit il y a 1 an et demi en avril 2021. Avec une amie, nous avons suivi des cours de couture « upcycling ». Cela nous a directement plu, il y avait un manque dans ce domaine à Munich. On voulait produire du chic et neutre pour l’environnement.
A l’origine, on faisait des sacs pour nous, nos enfants. Puis on s’est rendu compte que ça plaisait et donc on a essayé de se lancer. Notre ambition est de RÉCUPÉRER, TRANSFORMER et CRÉER à partir de ce que l’on a déjà.
D’où proviennent les chutes de tissus ? Qui s’occupe de la conception des modèles ?
On récupérait des tissus dans des Emmaüs, dans des magasins de seconde main mais également du tissu d’ameublement (avec ce genre de tissu lorsqu’il reste 3 mètres, il ne sert plus à rien) et puis on utilise aussi des bouts de cuir recyclé.
Maintenant que ça devient à la mode, on a moins de mal à en trouver. Le 1er fournisseur que l’on a trouvé était à trois heures de Munich, on l’avait trouvé sur EBay.
Caroline a déménagé à Paris en septembre 2021 et là-bas, il y a beaucoup plus de vente de tissus. On se fournit donc à Munich et à Paris.
Pour la conception des sacs, on s’en occupe à deux. Nous nous inspirons beaucoup de ce que nous voyons, de ce qui nous plaît à nous déjà. Puis nous faisons les patrons, il faut beaucoup d’essais avant d’y arriver. Actuellement nous avons 3 modèles de sac.
Comment avez-vous fait connaitre votre marque ?
Pour le moment, nous participons à des ventes privées. Nous participons à des ventes avec d’autres artisans et producteurs.
On a un site internet mais on ne vend pas encore en ligne. Ce qui est compliqué, c’est que ce sont des pièces uniques et donc pour tenir une boutique en ligne c’est difficile. Dès qu’une pièce est vendue, il faudrait directement la remplacer.
La vente directe est plus simple et permet aussi aux acheteurs de sentir la matière, c’est important. Néanmoins, il est possible de nous contacter via notre site si on a un coup de cœur sur un de nos sacs.
Quels sont vos projets futurs ?
On aimerait développer notre marque, faire davantage de ventes privées, développer notre Instagram et notre site Internet. Pour le moment, on s’occupe de tous à 2 mais à court terme on souhaiterait peut-être trouver quelqu’un pour coudre, afin que nous puissions développer la vente. On travaille à distance toute les deux, ce qui complique également les choses. Je continue également la photo à côté, je fais les deux en parallèle.
Est-ce que vous avez un message à faire passer à des gens qui souhaiteraient se lancer ?
Je pense que si on a vraiment un projet qui nous tient à cœur, qu’on y a réfléchi avant, il faut y aller, essayer. Dans tous les cas, l’humain fait des erreurs et on pourra toujours rebondir. Et finalement, je me suis rendu compte que de créer un business, ce n’est pas si compliqué que ça. De plus, le fait de parler la langue du pays où l’on habite aide vraiment, il faut s’avoir s’intégrer au maximum.