L’élection présidentielle américaine entre dans sa dernière ligne droite. Nul ne peut prédire quel en sera le résultat le 3 novembre, tant la population semble plus que jamais divisée outre-Atlantique. Ce scrutin tourne exclusivement, ou presque, autour du président sortant. Il oppose les pro Trump, qui soutiennent avec passion leur champion depuis quatre ans, aux anti Trump, qui souhaitent « dégager » à tout prix le locataire de la Maison-Blanche, qu’ils abhorrent, sans avoir une admiration très affirmée pour Joe Biden.
Selon la plupart des estimations, au moins la moitié des votants se seront déjà exprimés avant le jour de l’élection. Votes par correspondance ou par anticipation en personne, pratiques qui gagnaient déjà en popularité avant la pandémie, ont été accélérés par le contexte sanitaire.
Les chaînes de télévision se préparent à une soirée électorale sans précédent et sans doute à rallonge, compliquée par la défiance croissante de la société envers les médias. Elles ne veulent pas prendre le risque d’annoncer trop tôt un vainqueur car elles ont toutes en tête le vote de novembre 2000, et la volte-face qu’elles avaient dû opérer après l’annonce prématurée d’une victoire du démocrate Al Gore, dans l’Etat décisif de Floride, sur George W. Bush. Un véritable cauchemar qui avait affecté la crédibilité des médias.
Donald Trump ou Joe Biden ? Sur la scène internationale, la politique américaine changera-t-elle en fonction du vainqueur ? Depuis plusieurs années et les échecs retentissants de l’engagement de ses troupes en Afghanistan, en 2001, puis en Irak, en 2003, l’Amérique s’est donnée de nouvelles priorités.
Il est peu probable qu’elles puissent être remises en cause dans un proche avenir. Quel que soit l’hôte de la Maison-Blanche, il rechignera à jouer le gendarme du monde, poursuivra le bras de fer avec la Chine, maintiendra la pression sur les mollahs iraniens et exigera des membres de l’Otan de contribuer davantage à la défense européenne. La crise du coronavirus l’obligera également à se concentrer sur son pays pour tenter de limiter les dégâts économiques engendrés par le ralentissement de l’activité.
En fait, une éventuelle victoire de Joe Biden changerait surtout le style et la méthode de la présidence. Une réhabilitation des usages diplomatiques serait vraisemblable, même si les protégés de la puissance américaine devront, quoi qu’il arrive, se prendre en main. Au XXIème siècle, le regard de Washington est tourné vers Pékin, dont les tentations hégémoniques ne sont pas un secret, bien plus que sur Londres, Paris, Berlin ou Bruxelles.
L’équipe de l’ASFE
Il faudra apprendre à s’assumer, se prendre en charge et d’oublier une bonne fois pour toutes le « parapluie américain ».
A l’ère de formation de nouvelles « grandes puissances » mondiales (Chine, bien entendu mais également Russie, Inde) et de « puissances régionales » qui veulent s’affirmer coûte que coûte (Iran, Turquie, Pakistan, etc.) ce n’est que dans l’Union Européenne et le renforcement aussi bien de ses prérogatives politiques, financières, sociales que culturelles et bien entendu militaires que nous renforceront nos identités communes et notre place unitaire dans le monde.
Ne soyons pas dupes, aussi bien les États-Unis que la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie ou l’Iran s’emploient directement ou indirectement à « morceler » cette même Europe pour arriver à sa « désunion », donc à sa disparition à moyen ou long terme.
Soyons audacieux, confions notre pouvoir législatif au parlement européen, confions notre exécutif à un président européen, à un gouvernement fait de compétences européennes, à des institutions et une administration commune, organisons une force militaire commune.
Il n’y a que comme ça que nous pouvons « dissuader » les autres d’avoir la tentation de nous diviser.